Le coup de sang du président Tebboune prélude-t-il un grand coup de balai ?
Par Karim B. – C’est la seconde dépêche de l’agence de presse officielle qui fait état d’une grande colère à la présidence de la République. La première a fait suite à un retour à l’idolâtrie incarnée par les responsables d’une université incapables de se départir des atavismes qui ont conduit le pays à sa perte. La direction de la communication avait alors assumé une riposte qui semblait nécessaire pour se démarquer de cette malencontreuse initiative qui rappelait un certain festival à la Coupole d’Alger où le cadre du défunt président Bouteflika avait été exhibé pour appeler au cinquième mandat d’un président fantôme. Certains analystes sont même allés jusqu’à voir dans ce geste une tentative de faire bouger la rue.
Cette fois-ci, c’est le Président lui-même qui réagit à l’immobilisme qui entrave son programme. Ce n’est, toutefois, pas la première fois qu’Abdelmadjid Tebboune pointe l’inaction du gouvernement, annonçant même un remaniement imminent. Mais ce dernier n’a pas eu lieu à ce jour, suscitant de nombreuses interrogations sur le fait que le chef de l’Etat n’ait pas fait suivre ses critiques acerbes par un coup de balai et le remplacement des ministres incompétents par des hommes d’Etat capables de relever les défis qu’il s’est fixés lors de sa campagne électorale.
Un ministre est particulièrement visé par le Président, celui du Commerce à propos duquel il n’a pas caché sa grande déception lors d’une de ses interventions télévisées, mais sans que cette fustigation ait poussé Kamel Rezig vers la porte de sortie. Pis, au moment même où l’APS diffusait le communiqué officieux corrosif de la présidence de la République ce mardi, le ministre du Commerce organisait une conférence de presse pour vanter l’atteinte par l’Algérie de son autosuffisance en matière de fabrication de… chaussures. Après donc l’exportation des pattes de poulet, voilà ce même membre du gouvernement s’enorgueillir de chausser les Algériens, «comme si ces derniers étaient des va-nu-pieds», s’emporte-t-on sur les réseaux sociaux.
Sans grands chambardements au sein des institutions et des entreprises de l’Etat, la vive protestation ne sera d’aucun effet, tant le terrorisme bureaucratique continue de sévir à tous les niveaux, freinant tout effort visant à faire avancer le pays et à lui faire rattraper le grand retard qui pourrait, à terme, entraver son adhésion aux BRICS.
Il y a peu de chances que le coup de sang du président Tebboune ait secoué les responsables désignés du doigt, lesquels préfèrent se claustrer dans leur confortable inertie. Plus qu’une nécessité absolue, leur congédiement est une question de vie ou de mort pour la nation dans ce contexte de mutations brutales et fulgurantes que vit le monde.
K. B.
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