Premier effet de l’ire de Tebboune : une quinzaine de ministres sur la sellette
Par Karim B. – Il semble n’y avoir aucun doute. Le président de la République a bel et bien décidé de donner un coup de pied dans la fourmilière. On parle déjà d’un remaniement qui devrait intervenir dès la semaine prochaine. Rien n’a fuité sur les noms des ministres partants et de leurs remplaçants, ni sur la date exacte de l’annonce du grand changement qui devrait concerner une quinzaine de portefeuilles, mais les observateurs de la scène politique nationale estiment que la vive remontrance du chef de l’Etat via l’agence officielle APS ne peut ne pas être suivie d’actes concrets dans des délais brefs. Le premier magistrat du pays en dira sans doute un peu plus lors de son prochain entretien télévisé qui sera diffusé dans les heures qui suivent, a-t-on appris.
A tous les niveaux et dans tous les secteurs, le citoyen aura remarqué que les décisions du président Tebboune, annoncées à grand renfort de publicité sur toutes les chaînes publiques et parapubliques, ne sont que très rarement suivies d’effet sur le terrain. Une nonchalance qui s’explique par la crainte de voir toute démarche entreprise par tel ou tel responsable subalterne être considérée comme un excès de zèle à partir du moment où il n’obéit pas aux instructions venues d’en haut. Or, Abdelmadjid Tebboune n’a de cesse de répéter dans ses discours que les nouvelles orientations tendent à donner à ces derniers une plus large marge de manœuvre, allant jusqu’à affirmer que l’erreur est permise, à condition qu’il n’y ait pas de volonté délibérée de violation des lois de la République.
L’emprisonnement d’un grand nombre de hauts responsables pour des faits de dilapidation des deniers publics, d’indues facilitations accordées à des patrons proches des centres de décision et de corruption ont découragé les fonctionnaires intègres qui craignent d’être accusés à tort d’un de ces griefs. Les assurances de Tebboune lors de la réunion du gouvernement avec les walis ne semblent pas avoir eu un impact, et les blocages demeurent à tous les niveaux, freinant ainsi sensiblement la mise en pratique du programme que le Président s’est assigné et les engagements qu’il a pris lors de la campagne électorale, voici quatre ans.
Le premier mandat de Tebboune tire déjà à sa fin, et le chemin qui reste à faire pour réaliser sa feuille de route en cinquante-quatre points est encore long, d’où son coup de sang et les nouveaux changements qu’il prévoit d’apporter au sein du gouvernement. Aymène Benabderrahmane semble avoir gagné la confiance du chef de l’Etat, le problème ne se situant pas à son niveau, mais au niveau de certains ministres qui traînent la patte et n’arrivent pas à suivre le rythme soutenu imposé par la nouvelle direction politique du pays, issue des élections présidentielles de décembre 2019.
Le retard constaté dans la réalisation des objectifs tracés par le président de la République devrait pousser ce dernier à briguer un second mandat qui lui permettrait à la fois de corriger les erreurs, de procéder à des réajustements dans le choix des ministres et des walis et d’avancer dans son calendrier ralenti par les causes énumérées dans la dernière dépêche incisive de l’APS.
K. B.
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