Paysage politique de l’Algérie après le Hirak

Hirak Alg
Le Hirak a joué un rôle dans le changement à la tête de l’Etat présidé par Bouteflika. D. R.

Une contribution d’Ali Akika – Un événement d’une grande ampleur et d’une longue durée comme le Hirak est une sorte de moteur entraînant les foules bigarrées et vigoureuses du peuple, lequel peuple confirme que l’espoir est plus fort que la fatalité. Essayons de voyager dans les méandres du paysage politique du pays pour esquisser une analyse sur les acquis et effets de ce mouvement populaire qui naquit le 22 février 2019. L’acquis principal, c’est la démission du président Bouteflika, le 2 avril, 6/7 semaines après le début de la colère du peuple exprimée dans les rues du pays. Cette démission ne ressemble pas à celle de ses deux prédécesseurs (Lamine Zeroual et Chadli Bendjedid) (1).

Elle fut le fruit du Hirak qui afficha d’emblée ses mots d’ordre «Non au 5e mandat» et l’application de l’article 7 de la Constitution (le peuple comme unique source de la légitimité du pouvoir). Cette démission a été obtenue pacifiquement (silmya) et les forces de l’Etat n’ont pas empêché les manifestants d’exprimer leurs revendications. Notons au passage qu’Ahmed Gaïd Salah, ex-chef d’état-major, a même déclaré que les forces de l’ordre sont déployées pour protéger le peuple. Démission du président, rôle du peuple dans cette démission, pacifisme et liberté de manifester dans l’espace public sont des conquêtes qui n’ont pas été analysées dans leur complexité et les effets qu’elles vont produire nécessairement à l’avenir.

Le premier effet, c’est la fin de la gymnastique de trituration de la Constitution pour faire sauter le verrou de la limitation de la durée des mandats d’un président élu. Cette gymnastique n’est pas propre à l’Algérie mais un sport national dans beaucoup de pays dont je fais grâce aux lecteurs la longue liste. Le second effet, contrairement aux précédentes émeutes ou manifestations, notamment de 1980 et 88, ce sont les marches populaires et les ordres reçus par les forces de l’ordre qui se sont soldés par zéro victime. Faut-il voir dans ce deuxième effet une combinaison d’une haute conscience politique de la société qui souffrait du vide politique au sommet de l’Etat, lequel Etat a choisi un traitement politique que répressif contre le mouvement populaire. En un mot, être à l’écoute de la société pour éloigner de multiples et potentiels dangers…

Paysage politique après (la bataille) du Hirak

Après le départ de Bouteflika qui était la revendication de la quasi-totalité du peuple et de forces politiques à l’intérieur de l’Etat, les contractions qui traversent la société n’allaient pas évidemment disparaître par enchantement. Seuls les naïfs pouvaient l’espérer, ignorant sans doute que lesdites contradictions relèvent d’un processus politique et pas de n’importe quelle politique. Il ne s’agit pas de faire appel à la gentillesse et aux bons sentiments mais avoir simplement conscience que les crises et autres contradictions relèvent exclusivement du politique. La nature du politique nous renseigne sur la façon de résoudre les problèmes. Soit de s’attaquer à la nature de la ou des contradictions, soit de les contourner pour maintenir le statu quo quand ce n’est pas pour revenir à un passé souvent plus mystifié que mythique. Car la concrétisation d’une politique se nourrit d’une vision du monde et de méthodes qui utilisent les outils conceptuels de son époque, outils produits par l’histoire et la culture de la société.

Pour toutes ces raisons, nous avons assisté à des effets dans les marches du Hirak où des groupes voulaient limiter ou interdire l’expression des femmes alors que celles-ci avaient participé à la guerre pour bousculer le statut archaïque de l’enfermement des femmes et de leur assignation à résidence. Pour de nombreux groupes, le mot d’ordre «Non au 5e mandat», n’étant plus d’actualité après la démission de Bouteflika, leurs voix s’élevaient pour avancer d’autres revendications. Beaucoup étaient des aspirations contenues dans les textes de la révolution ou bien simplement d’actualité car prenant en compte l’évolution et les changements de la société. En revanche, d’autres revendications de par leur nature idéologique n’étaient pas consensuelles à l’intérieur du mouvement populaire. Pourquoi ? Parce qu’elles pêchaient par une idéologie non partagée ou bien souffraient d’une confusion dans la définition des concepts.

Ainsi, les notions d’Etat, de nation, de peuple, de culture, de religion, qui sont des catégories politiques et complexes, n’ont pas fait l’objet de débats, pas plus de réflexions pour disséquer la nature du Hirak et les forces politiques à l’intérieur de l’Etat (2).

Peut-être, a-t-il manqué une sorte de comités dans les villes et villages ouverts à toute la population avec des thèmes répondant aux problèmes de la société. Les notions et concepts enrichissent les débats et crédibilisent les discours politiques, facilitent le rapport avec les autres groupes et partis politiques. Me vient à l’esprit les discussions dans le milieu étudiant, sur la définition de l’entrée en guerre de l’Algérie contre le colonialisme. Etait-ce une guerre de libération ou bien une révolution ? Les sous-titres de ces deux notions sous-entendent une sorte de frontière entre les deux notions. L’Algérie est-elle entrée en guerre pour chasser uniquement la domination étrangère ? Ou bien la dynamique d’une guerre anticoloniale accouchera-t-elle d’une dynamique révolutionnaire pour briser les structures archaïques nationales ? Derrière cette interrogation, on voit l’ombre de beaucoup de pays où le poids du colonialisme n’a pas diminué une fois l’indépendance acquise.

Revenons au paysage politique du pays après l’arrêt du Hirak dû au Covid. S’agissant du Hirak, on a noté l’absence d’une direction des activités du mouvement. Est-ce une défiance à l’encontre de partis classiques, est-ce une tactique de lutte pour brouiller les repères de la police etc. Quand bien même cette défiance existerait, la vérité est sans doute ailleurs. Hélas ! les partis politiques «souffrent» d’autres handicaps et expliquent leur faible rôle dans la dynamique du mouvement populaire. L’architecture de tout parti politique, c’est son idéologie, un programme politique, le rapport à la société et à l’Etat…

Sur le plan idéologique, les partis politiques algériens se réclament du nationalisme, de l’islam, du socialisme. Au lendemain de l’indépendance, pour le citoyen lambda ces notions ne sont pas contradictoires. Ledit citoyen se disait nationaliste, musulman, un peu socialiste (ce n’était pas alors un gros mot). Quant à l’identité, il l’a transportée dans ses talons pour reprendre la formule de Mohamed Dib. Depuis l’indépendance, que d’eau a coulé dans le pays labouré de contradictions anciennes et celles de la «modernité» qui ont bousculé les repères de la société. Cette cohabitation entre l’ancien et le nouveau a accouché d’un mode de vie mal maîtrisé. Dans la société d’aujourd’hui, la présence et la vitalité des partis sont des acteurs des dynamiques qui font fonctionner le tissu social, culturel et politique. Et ce sont ces acteurs dans l’espace public qui diffusent l’idéologie et la culture qui animent et font respirer la société…

Quand on jette un regard sur le passé, on constate que les changements survenus dans le pays découlent de bouleversements violents. Tous les changements à la tête de l’Etat sont survenus à la suite d’évènements de blocage résolus par la violence. Quant aux transformations où le peuple a joué un rôle, la répression et la violence n’étaient pas, hélas, absente. Excepté le Hirak, un mouvement qui a embrassé toutes les catégories sociales et qui a joué un rôle dans le changement à la tête de l’Etat présidé par Bouteflika.

Cependant, avec le temps qui passe, les bouleversements engendrés aussi bien dans la société que dans la sphère politique permettent d’esquisser l’émergence d’une identité politique balbutiante qui fit cohabiter les forces politiques et citoyens sans trop d’anicroches. Cette identité politique «construite sur le tas» dans le Hirak a réalisé son objectif en obtenant la démission du président Bouteflika. Mais une fois cette démission actée, les contradictions qui traversent les groupes ou partis de cette «entité politique spontanée» se sont exprimées et ont repris leur autonomie. Et l’expression de ces contradictions une fois l’horizon dégagé par la démission de Bouteflika, d’autres problèmes surgirent. Notamment celui de la symbolisation d’une représentation politique du Hirak incarné par des personnalités. Ça n’a pas été possible. Au-delà des raisons exprimées ici et là, il reste que cette impossibilité est le signe que le paysage politique est fragile et certains partis baignent même dans la torpeur pour ne se réveiller qu’à une quelconque élection.

En plus des facteurs/pesanteurs de l’histoire, héritage du féodalisme, la colonisation, le monopole politique du FLN, les fragilités des partis sont dues surtout à l’absence d’ancrage dans le tissu social. Il a manqué à ces partis de reposer sur une base sociale identifiée par un programme politique, une vision du monde et un discours politico-idéologique qui tiennent compte des contraintes du réel et de l’histoire et des moyens et tactiques de les surmonter. Les référents au nationalisme, à l’islam, à une particularité de la culture régionale, outre que ces référents ne sont la propriété de personne, sont perçus comme des facteurs d’exclusion au nom d’une autorité autoproclamée par des individus ou groupes qui se conduisent comme des hommes d’église. En clair, ces idéologies, prenant le pas sur le politique, glissent inévitablement vers un repli, lequel secrète l’intolérance et désigne l’autre comme obstacle, sinon un ennemi. On a connu la «belle époque» où le parti unique affublait de l’infamant qualificatif de contre-révolutionnaire quiconque ne pensait pas comme cette «autorité ecclésiastique».

Ces confusions idéologiques combinées avec l’inculture ou l’ignorance ont longtemps «décoré» le paysage politique. Les censures et autres bisbilles d’une morale de pacotille (certains ont même osé interdire les fêtes pendant le Hirak, confondant la lutte politique du peuple avec la colonisation) ont traversé le Hirak, l’ont handicapé et ont tracé une limite étouffante à ce singulier mouvement qui a ancré dans la conscience historique la primauté du peuple dans la politique sur toute autre «église».

En conclusion, le paysage politique actuel donne l’impression que le pays nage entre deux eaux. Cette expression française a son origine dans la navigation d’un navire dont le gouvernail est tenu par un capitaine capable de ramener son équipe à bon port au milieu de la tempête. Un bon capitaine dans une société a besoin d’un Etat qui est au service d’une société dont les partis politiques et la société civile garantissent les intérêts du peuple et la protection du pays par les temps qui courent où nombreux sont les loups à vouloir franchir les frontières des autres…

J’ai essayé de lister quelques problèmes, héritage de l’histoire mais aussi du présent. En faisant allusion à la nature des changements à la tête du pays et l’intervention du peuple dans la démission du président Bouteflika, on peut lire en pointillés le chemin parcouru et les pièges et les handicaps qui peuvent surgir sur les chemins de tout pays. Et l’histoire du monde est si vielle, si complexe, à la fois glorieuse et tragique, que tout pays a les moyens d’être du bon côté de l’histoire, une expression d’aujourd’hui, qui veut dire que l’espoir est plus grand que la fatalité que j’ai signalée plus haut à propos du Hirak. Etre du bon côté de l’histoire est une nécessité. On le voit avec les bouleversements auxquels nous assistons dans les confrontations entre puissances mais aussi à l’intérieur de pays dont les classes dominantes veulent toujours être du bon côté, le leur évidemment. Cette catégorie de société ou de pays confondent le réel et le fantasme. Dans ce théâtre de l’absurde plutôt pathétique, ce type de société fait plutôt rire. Ce spectacle doit servir de leçon aux pays qui ont souffert de ces pitreries et la caravane de transport de mensonges que sont devenus les médias.

A. A.

1) Le président Zeroual a lui-même annoncé sa démission en attendant la prochaine élection présidentielle. Le président Bendjedid a été poussé à la démission quand les islamistes paralysaient la vie sociale et plongèrent le pays dans la terreur. Quant à Ben Bella il fut destitué par un coup d’Etat. Le président Boumediene est mort suite à une longue maladie. Le président Boudiaf fut assassiné par un membre des services de la protection de la Présidence.

2) Les arrestations d’hommes politiques et de ministres après la démission de Bouteflika sont des signes que des batailles ont eu lieu dans l’opacité propre aux affaires d’Etat.

Comment (15)

    Panorama
    7 avril 2023 - 12 h 00 min

    A mon Avis
    Trop de Partis Politiques et de Gens en Général confondent encore l’ETAT et les INDIVIDUS.
    .
    En ALGERIE , comme ailleurs , l’ETAT s’incarne dans ses INSTITUTIONS mais Certains “Opposants” s’acharnent à croire que faire de la “POLITIQUE” c’est s’attaquer aux représentants et aux Institutions de l’ETAT.

    Historiquement, jusqu’a Octobre 88 ,
    En ALGERIE le Parti politique avait 2 Fonctions :
    1. Représenter l’Etat auprès de la population.
    2. La participation de la population dans le champ politique de l’Etat.
    ..
    Pour différentes raisons … Aujourd’hui plus aucun Parti ne joue ces Rôles en ALGÉRIE.
    ..
    Les Partis qui étaient censés representer l’ETAT se sont Transformé en Partis Hégémoniques avec pour Seule FONCTION: l’ADMINISTRATION de la RENTE.
    Ce sont aujourd’hui des Coquilles Vides , FAIBLES , sans Légitimité ou contenu politique , symboles de la Corruption.
    ..
    On a des “Associations politiques” de tendance Islamistes qui travaillent à Capter le Conservatisme et font la promotion de l’Islamisation a Outrance de la Société…et des Espaces Publics.
    ..
    On a des “Associations politiques” progressistes ou de sécularisation qui partagent les Principes de l’ETAT FORT mais peinent à convaincre un large public.

    Une Grande MAJORITÉ ont Accepté pendant des DÉCENNIES, la DICTATURE des QUOTAS ÉLECTORAUX et des Mécanismes de Cooptation.
    Chez les Gens , La POLITIQUE en ALGERIE est Synonyme de CORRUPTION et de SOUMISSION.
    Voilà comment un Large Espace s’est Ouvert pour des “Pseudo-Opposants” Manipulés Et qui s’acharnent dans la SUBVERSION en s’attaquant à la NATION, a ses SYMBOLES et aux représentants des INSTITUTIONS de l’ETAT.

    => Voilà comment on a détruit la Confiance en la Politique chez les GENS et réduit le niveau de participation et d’Engagement a un niveau ALIMENTAIRE.
    ..
    Oua Allah Aalam
    Saha F’tourkoum

    Anonyme
    7 avril 2023 - 6 h 43 min

    Le seul oiseau qui ose s’attaquer à un aigle, c’est le corbeau. Pour cela, il s’assoit sur son dos et lui mord le cou. Cependant, l’aigle ne répond pas, il ne se bat pas contre le corbeau ; il ne perd ni de temps ni d’énergie à cela. Il ouvre simplement ses ailes et s’élève de plus en plus haut dans les cieux. Et plus il vole haut, plus il est difficile pour le corbeau de respirer : in fine le corbeau tombe à cause du manque d’oxygène.
    Arrêtez de perdre votre temps avec des corbeaux.
    Emmenez-les à vos hauteurs et ils disparaîtront

    Soso
    6 avril 2023 - 12 h 34 min

    Amin frère patriote.
    Elephant man

    Elephant Man
    6 avril 2023 - 10 h 06 min

    Et encore une fois je rajoute cf. les travaux du Pr Ahmed Bensaada « qui sont ces ténors autoproclamés du hirak ».
    On se rappelle du faux Algériens faux journaliste agent du mossad Drareni et son portrait sur toutes les mairies de France et de Navarre quelle que soit la couleur politique pour ne citer que lui …
    L’État Algérien a nettoyé et continue de nettoyer ses écuries d’Augias avec ministres PM et autres corrompus agissant pour des pays étrangers notamment en SABOTAGE ÉHONTÉ derrière les barreaux.
    Peut-on en dire autant des démo-craSSies occidentales ? Qu’en est-il de la France Sarkozy, le criminel Hollande et ses gardes sceaux et j’en passe …Hormis Alain Carignon RPR, la gauche qui pourtant en matière de corruption n’est pas en reste bref de l’extrême gauche à l’extrême droite ….
    Inutile de rappeler l’UE et son marocgate ….

    ZORO
    6 avril 2023 - 9 h 22 min

    Le plus important des mérites du hirak c est c’est d avoir interdit la levée de tout autre drapeau à l exception de celui des chouhaddas.
    Signé ZORO….Z….

      Elephant Man
      6 avril 2023 - 13 h 19 min

      @Zoro
      Allah Yarham EL CHOUHADAS AL ABRAR
      TAHIA EL-DJAZAÏR

    Soso
    5 avril 2023 - 20 h 52 min

    Le hirak nous as montrez les traîtres aux grand jours, l’armée veille, boutef aux oubliettes de l’histoire celui qui a baisé la main du narco-trafiquants roi de la tomate commandeur des sionistes, celui qui as fait ses classes chez lui voulait vendre l’Algérie heureusement que l’armée l’a empêchez d’ouvrir la frontière et les milliards detournez volez aux peuples algériens que M.le président tebboune (mon président) veut récupérer en Europe.Qui as pardonnez à ses sanguinaires islamistes pour soit disant une paix nationale ?boutef, ils nous as mis dans la m….et le brouillard ci il y avait pas ce hirak il y aurait eux pire par sa gestion politiquo- mafieuses .
    L’armée a joué le garant( sont rôle) et laissez le peuples s’exprimer sans violence de part et d’autres et certains ont abusé avec des collusion étrangères merci à notre armées d’avoir rétablis l’ordre dans le calme .
    TAHÏA NOTRE ARMÉES TAHÏA L’ALGÉRIE TAHÏA MON PEUPLE HONNEUR ET FIDÉLITÉ.

      Arkam
      6 avril 2023 - 2 h 12 min

      “Tout ce qui est excessif est insignifiant.”
      Talleyrand

      Elephant Man
      6 avril 2023 - 9 h 56 min

      @Soso
      TAHÏA NOTRE ARMÉES TAHÏA L’ALGÉRIE TAHÏA MON PEUPLE HONNEUR ET FIDÉLITÉ.
      Allah Yarham EL CHOUHADAS AL ABRAR
      TAHIA EL-DJAZAÎR

        Salim Samai
        8 avril 2023 - 9 h 28 min

        MERCI pour la LECON & l`INSTRUCTION!

      Belveder
      9 avril 2023 - 8 h 07 min

      Le peuple est formidable depuis 1962
      Et tout est la Faute à BOUTEFLIKA
      Meme le Covid
      On connais la musique

    Justin
    5 avril 2023 - 12 h 49 min

    Le paysage politique après le Hirak , ce n’est Waterloo , ni Arcole, mais morne plaine tout de même.
    Le Hirak a été déclenché essentiellement par le cinquième mandat , puis vinrent se greffer tous les fantasmes de la population. Ce qui ouvre le champ à toutes les analyses.

    Pourtant il suffit d’observer le champ politique avant et après pour se rendre compte que le Hirak n’a rien changé au niveau du système politique et encore moins au niveau de la société. Tous les anciens acteurs sont là. Et pour cause: ce mouvement n’est pas le produit d’une transformation sociale, culturelle ou économique ,rendant nécessaire une adaptation. La revendication principale: « départ du système » est une vieille rengaine, un produit de l’archaïsme. La fragmentation de l’espace politique et le non-aboutissement du Hirak à une structuration n’est pas d’ordre stratégique mais structurel. Ce mouvement ne pouvait fonctionner qu’en état de masse et non d’organisation. Si des revendications  »intelligentes, on été instillées au mouvement avec d’autres plus sournoises et plus partisanes, elles l’ont été de l’extérieur et non généré par le mouvement.

    Il faut se méfier des mouvements de masse, de la rue : plusieurs révolutions n’ont produit que des atrocités. Nous avons vu ce que l’intégrisme a produit chez nous. Nous avons vu ce que la société a produit comme partis politiques.

    Moralité: seule une transformation radicale de la société , de son mode de production , pourrait produire un changement positif. Ou Godot ,peut-être !

    Abou Stroff
    5 avril 2023 - 11 h 54 min

    « Un événement d’une grande ampleur et d’une longue durée comme le Hirak est une sorte de moteur entraînant les foules bigarrées et vigoureuses du peuple, lequel peuple confirme que l’espoir est plus fort que la fatalité. » avance A. A..

    contrairement à l’enthousiasme affiché par l’auteur concernant la portée du Hirak, je pense que ce dernier n’a été qu’une parenthèse sans lendemain dans la dynamique du système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation qui nous avilit et nous réduit à des moins que rien.

    en termes simples, le Hirak a vécu un temps et a été oublié par les algériens lambda dont les préoccupations quotidiennes essentielles (de l’essence par opposition aux apparences) sont toujours aussi présentes qu’elles l’étaient avant l’apparition du Hirak.

    en termes clairs, je ne crois pas que le hirak ait été porteur d’un projet qui aurait été aux antipodes du système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation qui nous avilit et nous réduit à des moins que rien.

    je pense que le hirak fut la concentration et le produit du ras le bol qu’éprouvaient tous ceux qui considéraient qu’ils ne recevaient pas la part de rente qu’ils considéraient être leur dû et qui se défoulaient* une ou deux fois par semaine pour oublier le vide sidéral qui enveloppait leur vécu quotidien.

    je pense que le hirak fut, d’abord et avant tout, une remise en cause puérile (d’où le slogan « yetnahaw ga3 » qui est aussi stérile qu’un caillou couvé par un coucou) du pouvoir incommensurable que s’étaient octroyées les couches qui dominaient le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation.

    En termes crus, je pense que dans un système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation, il n’y a ni société civile (au sens de Gramsci), ni citoyens pour la composer et encore moins de partis représentant des couches sociales aux intérêts différenciés. il n’y a, en caricaturant un petit chwiya, que des prédateurs d’une part et des tubes digestifs ambulants, d’autre part. or, ni les prédateurs, ni les tubes digestifs n’ont, dans les faits, intérêt à dépasser le système qui les gave ou les nourrit.

    Moralité de l’histoire : il n’y en a aucune, à part qu’un peuple, dans sa grande majorité, biberonné au robinet de la rente et shooté à la religion (la drogue la plus dure parmi les drogues dures) est objectivement (il ne produit pas son propre vécu et n’inter-réagit pas avec son environnement mais le subit) et subjectivement (il est irresponsable puisqu’il ne participe pas activement à sa propre reproduction) incapable de penser la révolution et certainement de la pratiquer.
    En termes crus, je continue à penser que le dépassement du système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation ne peut se réaliser qu’à travers deux circonstances non mutuellement exclusives:
    1- le système rentier ne générant pas les conditions de son propre dépassement, seul un tsunami (une baisse prolongée des prix des hydrocarbures) peut venir à bout de ce système qui nous avilit et nous réduit à des infra-humains.
    2- l’émergence (peu probable?) d’un HOMME D’ETAT ou d’une figure charismatique (du genre Bourguiba, Atatürk ou Mandela) qui imposera, grâce à son charisme, une feuille de route dont l’objectif premier serait la destruction graduelle mais rapide du système rentier.

    la deuxième option ne me semble guère farfelue étant donné que les tubes digestifs ambulants qui forment la grande majorité de la société algérienne sont, objectivement et subjectivement, incapables de se prendre en charge (i. e., d’agir en citoyens) et que, par conséquent, invoquer la « démocratie » pour rejeter l’option me semble tout à fait déplacé au regard du niveau de conscience des algériens lambda (si le niveau de conscience des algériens lambda était élevé, nous n’aurions pas observé et vécu l’émergence de figures aussi « charismatiques » que fakhamatouhou kouider, les « docteurs » belahmar et zaibet, ali benhadj, abassi madani, chemsou, hamadache, et l’université algérienne aurait célébré l’emergence de chercheurs de niveau mondial et leurs apports à la science au lieu de fêter, avec panache, le hidjabisation de centaines d’étudiantes, etc.).

    *chacun aura remarqué la liesse qui s’empare des hirakistes à chaque fois qu’il se mette en mouvement. en effet, le hirak permet à tous et à toutes de noyer la misère sociale ambiante et le vide sidéral du vécu quotidien (pas de cinéma, pas de concerts de musique, pas de théâtre, pas de drague civilisée, etc.) dans une catharsis qui ne dit pas son nom. cette catharsis, elle même, me semble être une drogue nouvelle qui permet aux hirakistes d’oublier qu’ils sont impuissants et qu’ils ne peuvent que constater l’existence d’un problème (leur marginalisation dans la distribution de la rente) dont la solution est hors de leur portée.

    Belveder
    5 avril 2023 - 10 h 39 min

    il n y a aucun paysage politique en Algerie
    le HIRAK comme tous les mouvements d avant OCTOBRE 88 ou meme plus loin SONT des LUTTES internes
    L ANP se charge a chaque fois de rétablir l ordreet redistribué les Cartes..
    IL EST NAIF de croire que c est LE HIRAK seul qui a chassé Bouteflika il n a été qu un instrument et un levier
    comme pour CHADLI ZEROUAL avant…

      Anonyme
      8 avril 2023 - 13 h 38 min

      <>
      Il est NAIF de penser que d´autres forces ont contribué volontairement à faire tomber.
      Pourquoi ne l´ont-ils pas fait avant?
      Non, ces forces sont montées dans le train du hirak en marche, pensant que c´est la moins pire des solutions et craignant aussi que les choses ne se dramatisent pour tout le pays et donc pour eux aussi,

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