Effondrements récurrents d’immeubles à Marseille : les dirigeants français coupables
Par Khider Mesloub – Ce week-end, dans la nuit du samedi à dimanche, pour la énième fois, un immeuble d’habitation de quatre étages s’est effondré dans le 5e arrondissement de la Cité phocéenne, au 17, rue de Tivoli, entraînant dans sa chute une partie des bâtiments du 15 et du 19, rue de Tivoli.
Par mesure de sécurité, pas moins de 33 immeubles ont été évacués dimanche dans le quartier de la Plaine et 160 personnes ont été prises en charge, a précisé le maire Benoît Payan en début d’après-midi.
En raison de l’incendie toujours en cours le dimanche après-midi, le travail des secouristes a été très compliqué, voire impossible à accomplir pour secourir d’éventuelles victimes.
Selon plusieurs sources, l’effondrement de ce bâtiment, situé en plein centre-ville de Marseille, aura occasionné de nombreux blessés dont certains en urgence relative. D’autre part, entre quatre et une dizaine de personnes seraient sous les décombres. Un bilan provisoire qui pourrait s’alourdir dans les prochaines heures, selon les pompiers.
On se souvient qu’en 2018, le 5 novembre, trois immeubles vétustes s’étaient écroulés comme des châteaux de cartes dans la rue d’Aubagne. L’effondrement de ces bâtiments situés en plein centre-ville de Marseille, dans un quartier ouvrier, avait provoqué la mort de huit résidents. Or, selon les informations locales publiées à l’époque du drame, ces immeubles faisaient depuis plusieurs années l’objet de signalement alarmant en raison de leur insalubrité et insécurité. L’un des immeubles, par ailleurs bâtiment municipal, pourtant objet d’un arrêté depuis une dizaine de jours pour graves déformations, aurait dû être depuis longtemps évacué. Plus dramatique et cynique, selon MarsActu, dans l’un des trois bâtiments, «une micro crèche de dix berceaux» devait y être installée.
Densément peuplé, le quartier de Noailles de Marseille est habité majoritairement par des travailleurs pauvres, issus de l’immigration. A l’époque, comme lors de chaque catastrophe similaire, l’effondrement de ces trois immeubles avait été considéré comme un crime social. Les autorités municipales et gouvernementales accusées d’être responsables de l’effondrement des immeubles. Sans oublier les affairistes immobiliers, ces marchands de sommeil.
A Marseille, les autorités municipales et gouvernementales, qualifiées par certaines associations de criminels sociaux, sont fréquemment accusées de favoriser l’hébergement de personnes dans des logements insalubres, en dépit des périls encourus par les familles pauvres, contraintes de résider dans ces bâtiments centenaires vétustes.
Globalement, la Cité phocéenne est une ville en butte à une triple insécurité. L’insécurité urbaine générée par l’explosion de la délinquance et de la criminalité, devenues dans certains quartiers les principales activités d’une jeunesse anomique privée de tout avenir. L’insécurité architecturale induite par l’insalubrité de la majorité des immeubles. Et l’insécurité sociale provoquée par la crise économique endémique.
Marseille est une ville gangrenée par la criminalité. Depuis plusieurs décennies, la mairie de Marseille a délibérément abandonné les quartiers populaires, livrés à la mafia, aux trafiquants et aux différents délinquants. De même, la mairie a laissé des centaines de bâtiments situés dans ces quartiers populaires se dégrader, tandis qu’elle investissait des milliards dans les quartiers huppés, notamment dans le quartier de la Joliette transformé en centre d’affaires et de tourisme.
Au reste, dans un rapport d’expertise sur l’aménagement de Marseille publié en 2013, il était souligné que presque la moitié des immeubles était sordide ou dégradée. Un cinquième en état d’insalubrité ou de péril.
Pour information, nombre des quartiers de Marseille concentrent une population vivant dans une grande pauvreté, où les locataires vivent de minimas sociaux. Profitant de la précarité de ces travailleurs pauvres, incapables de se loger dans des quartiers décents, les propriétaires louent à des tarifs exorbitants leurs taudis, partiellement ou jamais rénovés. Aussi les tragédies immobilières, comme celle de la rue d’Aubagne en 2018, sont prévisibles.
En tout état de cause, l’Eat français est autant responsable que la mairie de Marseille dans la dégradation du parc immobilier.
Il n’est pas inutile de rappeler que l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille était intervenu au lendemain de l’annonce par Macron de l’augmentation à 300 milliards d’euros pour le renforcement de l’armée en vue de la militarisation de l’Europe (annonce réitérée le jour de l’Armistice le 11 novembre 2018). L’effondrement de l’immeuble de la rue de Tivoli intervient également au lendemain de l’annonce de l’augmentation à 413 milliards d’euros du budget de l’armée.
Ces différentes mesures favorables à l’armement, couplées avec les multiples subventions accordées aux grandes fortunes, contrastent avec la politique macronienne de guerre sociale livrée aux travailleurs, de destruction massive des acquis sociaux. De surcroît, ces mesures antisociales sont accompagnées par le quadrillage policier des quartiers populaires, jamais autant mis sous surveillance, en butte à l’intimidation et à la répression.
De toute évidence, la classe bourgeoise française, tandis qu’elle s’oppose à tout financement pour l’amélioration des conditions de vie et d’hébergement des catégories populaires urbaines, dépense néanmoins des sommes faramineuses pour la préparation à la guerre urbaine contre les classes populaires, et à la guerre impérialiste qu’elle compte mener.
En réalité, dans de nombreuses villes françaises, des millions de travailleurs résident dans des logements aussi insalubres que périlleux. Les classes parasitaires dirigeantes françaises, par leur politique de restrictions budgétaires, contribuent à l’explosion de futures catastrophes immobilières similaires à celle survenue à Marseille.
Aussi ces tragédies ne doivent-elles pas être considérées comme des accidents, mais comme l’œuvre d’un crime social commis par les classes dirigeantes françaises contre les travailleurs pauvres.
K. M.
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