Pourquoi deux, pourquoi trois et pas les autres…
Une contribution de Saadeddine Kouidri – Et si les décideurs avaient dans la première Constitution défini l’Algérie par sa géographie et son histoire dans toute sa diversité, on aurait évité la violence légitime de l’Etat contre la violence des islamistes et des Berbéristes. On se demande parfois pourquoi la première Constitution limite le pays par deux identités, arabe et musulmane, auxquelles elle ajoute l’amazighité, alors que le pays a été numide, gétule, romain, byzantin, phénicien, ottoman, français-musulman ! L’Algérien, identifié comme africain et numidien, aurait suffi à décourager toute illusion d’une oumma ou d’une Tamazgha.
Quant à la foi, elle est personnelle, comme tout un chacun peut le constater. Celle ou celui qui l’affiche en fait un acte politique. Cette pratique est d’abord propre aux ambitieux, aux leaders politiques, ceux du pouvoir. Elle remonte à l’ère égyptienne. Sa genèse est truffée de secrets dans les méandres de l’écriture, des mythes, des coutumes et des habitudes. Le mimétisme l’insuffle. L’éminent philosophe de Cordoue Ibn Rochd précise à ce sujet que «le commerce de la religion est très florissant dans les sociétés où règne l’ignorance».
L’instinct de survie connecté par les prophètes à la vie dans l’au-delà nourrit non seulement les rêves mais les fantasmes, et particulièrement ceux des transhumanistes à une vie d’ici-bas éternelle ! Si la foi est parfois d’un grand secours, pour l’individu, elle peut mener certains jusqu’à la confusion entre ce qu’est la vie et ce qu’est la mort.
Le capitaliste sème cette confusion, comme sa nième carte pour survivre avec ce leitmotiv : nal3ab wala nfassad (je participe [au jeu] ou je sabote). Il a utilisé toutes les philosophies, et il est retourné aux religions pour façonner opportunément son idéologie. Tout en étant l’athée parfait, il colle cette étiquette à ses ennemis. Il est sans foi avec sa loi. La loi de l’intérêt et de la croissance qu’il veut toujours imposer au monde jusqu’à l’ensauvager.
La guerre, elle, est innée. La politique des peuples comme la laïcité et la démocratie s’avèrent enfin comme des pratiques qui relèvent de l’utopie dans ce système. L’opposition violente de l’autorité française aux manifestations légales des Français contre la réforme des retraites l’illustre bien. Face aux Gilets jaunes, elle nous avait déjà donné un aperçu du retour des tortionnaires. Ce retour était prévisible car le colonialisme français en Algérie n’a pas encore été jugé par les institutions françaises comme un crime contre l’Humanité. Ce dernier n’étant pas complètement enterré, ne fait pas partie, seulement, du passé.
L’opération de Poutine en Ukraine, comme l’opposition à la réforme de Macron vont dans le sens de la libération des peuples de ce capitalisme occidental. On constate que le président français, sous la pression de la rue, est prêt à faire toutes les concessions, pourvu qu’il fasse passer sa réforme sur la retraite. Il affirme au sujet du conflit entre la Chine et les Etas-Uniens sur Taïwan que «la pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes». Une façon d’avoir du lest, de la part du Conseil Constitutionnel, à son «Etat qui veut mettre à genoux toute contestation sociale». Comme le dénoncent les parents de l’une des 200 victimes de la police à Sainte Soline et qui est toujours dans le coma. Que dit à ce sujet, l’«opposition» algérienne en France, qui ne cesse de chanter la liberté ?
Le matérialisme affirme que tout être vivant a une conscience. L’évolution de la conscience de l’être vivant rend l’homme capable de s’adapter à son environnement mais aussi à le transformer pour ses besoins. La bourgeoisie ne l’entend pas de cette oreille et tente de façonner le milieu à ses intérêts et non à ceux de la vie. Pour lutter contre le système politique de la bourgeoisie, Marx nous éclaire sur le processus, celui du capitalisme, dans son livre Le Capital. Au préalable, il avait actualisé le matérialisme jusqu’à accoucher du concept du matérialisme historique pour en faire un outil de la connaissance, une méthode qui l’avait aidé à critiquer objectivement la société anglaise, leader, dans le temps de ce système politique.
Le pouvoir national a été contaminé par les tenants du capitalisme occidental avec lequel notre Président a parfois des liens d’apparences intimes dont la justice est celle de deux poids et deux mesures adossée à l’hypocrisie.
En sus, on ne peut à la fois parler au nom de Dieu et au nom des citoyens dans une République et continuer, comme si de rien n’était, à qualifier le révolutionnaire de moudjahid. Ce qui équivaut aussi à sous-entendre que les novembristes combattent la religion chrétienne et non le colonialisme pour plaire à tous les réactionnaires et aux Orientaux qui étaient du côté des assassins et des voleurs de Abassi et de Bouteflika.
Les islamistes ont utilisé la violence, une violence des plus sauvage qui rappelle celle de la colonisation pour prendre le pouvoir, les Berbéristes et pas seulement, pacifiquement revendiquent l’amazighité qui a été inscrite dans la Constitution, mais les plus radicaux sont passés de l’autonomie, puis au séparatisme et à cause de leur violence à Larbâa Nath Irathen, ont été, à juste titre, qualifiés de terroristes.
Au nom du code noir qui hiérarchise la valeur de l’être humain en fonction de sa couleur de peau succède celui de l’indigène qui fait de l’autochtone un sous-homme, l’Occident capitaliste, raciste, assassine, viole, vole impunément l’Afrique durant plusieurs siècles. Aujourd’hui, c’est au nom de la religion que certains peuples, particulièrement ceux du Moyen-Orient, sont maintenus à l’ombre des dictateurs de palais et permettent aux sionistes de danser sur les corps des Palestiniens à deux pas de chez eux.
Les conclusions du rapport Meadows fait en 1972 par un groupe du MIT, à la demande du Club de Rome, avaient débouché sur une alerte forte portant sur les limites de la croissance. Les libéraux les réfutent et, depuis, ils déploient à transformer le potentiel critique de l’écologie scientifique en une opinion, comme d’autres l’avaient fait deux siècles auparavant sur l’évolutionnisme jusqu’à la transformer en une idéologie bourgeoise conforme au capitalisme, à l’inverse de son théoricien, Charles Darwin. Pour son intérêt, le capitalisme politise la science pour brouiller toutes les connaissances, jetant le doute sur les scientifiques pour semer l’ignorance.
S. K.
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