Meloni en Tunisie ce mardi pour prévenir une situation explosive dans la région
De Rome, Mourad Rouighi – Précédée par de contacts de dernière minute avec la cheffe du FMI, Kristalina Georgieva, le Premier ministre hollandais, Mark Rutte, et Ursula von der Leyen, ces derniers opposés à toute aide à la Tunisie, la visite de Giorgia Meloni à Tunis, programmée pour aujourd’hui, constitue pour la locataire du Palais Chigi un exercice des plus périlleux. En effet, une grande partie des bateaux de migrants partent des côtes tunisiennes pour atteindre Lampedusa et la Sicile et la question a été au centre de sa campagne électorale.
Une visite, confirmée hier par les conseillers du président Kais Saied, qui aura pour but principal de de débloquer le financement que le FMI a gelé ces derniers mois, en raison d’un prétendu virage autoritaire opéré par le gouvernement de Tunis.
Un prêt de 1,9 milliard, qui est devenu un enjeu éminemment politique et qui, vu de Tunis, est de plus en plus drapé d’ingérence politique inacceptable.
Vu de Rome, en revanche, Giorgia Meloni a beaucoup insisté lors du dernier Conseil européen et a mis en garde : «Si nous n’intervenons pas immédiatement, la situation pourrait devenir explosive.»
Mais le bloc opposé à cette aide et emmené par les Pays-Bas estime qu’un appui aussi substantiel ne saurait être accordé «à un gouvernement qui emprisonne des opposants politiques et qui, en général, ne respecte pas les règles de base de l’Etat de droit».
Mais la présidente du Conseil, dont la base électorale réclame des résultats concrets, en ce début d’été, est d’avis qu’il faille procéder par étape et que le président Saied est, et reste, le seul interlocuteur possible.
Une tâche ardue celle de Giorgia Meloni, d’autant que le président tunisien continue de dénoncer complots et ingérences dans les affaires intérieures de son pays et annonce qu’il «ne cédera pas à ce chantage inacceptable».
Cela dit, et malgré tout, une lueur d’optimisme pointe à l’horizon. Ce dossier pourrait bien être déverrouillé grâce au forcing allemand et français, désireux de ménager la Tunisie – l’ancien bon élève de l’intégration euro-méditerranéenne – et d’offrir un répit aux pays du sud de l’Europe face à une déferlante des migrants qui s’annonce à des niveaux record
La presse italienne, qui accompagnera la Première ministre italienne dans sa visite à Tunis, qualifie, quant à elle, la mission de très risquée.
Le président tunisien aura à cœur de rappeler à son hôte, que son pays, depuis la guerre en Libye, accueille, sans en avoir les moyens adéquats, des centaines de milliers de réfugiés en plus des migrants d’Asie et d’Afrique subsaharienne et que la situation exige des choix et des solutions partagées.
Sans quoi, tout le pourtour méditerranéen en subira les inévitables conséquences.
M. R.
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