Politique post-soviétique des Occidentaux
Une contribution de Saadeddine Kouidri – Depuis la dislocation de l’URSS, la scène politique que diffusent les écrans de la France et de l’Amérique a un air de carnaval, semblable à un remake du film algérien de Mohamed Oukassi Carnaval fi dachra en «Carnaval du monde occidental». Quand quelqu’un met dos à dos l’extrême droite et l’extrême gauche, il lui est toujours demandé de définir ce dernier, juste pour renvoyer aux calendes grecques la définition du premier. Pour des journalistes occidentaux, Berlusconi est qualifié, au lendemain de sa mort, comme «le magnat qui a diabolisé l’extrême droite». Voilà une énième façon de masquer le racisme et l’eugénisme de cette dernière, qui lui sont spécifiques et qu’elle hérite de l’esclavagisme, du colonialisme, du fascisme, de l’apartheid et du sionisme, et qui lui permet de gommer son passé et de l’emporter aux votes.
L’extrême droite est l’avant-garde des guerres contre les peuples, à commencer par son propre peuple, depuis qu’elle existe. Elle est aujourd’hui l’ennemi des Palestiniens, des Sahraouis, des Libyens, des Syriens, des Somaliens, des Yéménites, des Soudanais, des Congolais et des… Russes. Elle est, comme qui dirait l’autre, pour la loi du plus fort.
Quelle est la genèse de cette loi ? Ma réponse commence par la fin ou je dirai que si Marx avait lu le livre La Filiation de l’Homme de Charles Darwin, il n’aurait pas jugé positive l’expansion du capitalisme sous les fourches caudines de contrées lointaines.
Considérer qu’un système politique, aux mains d’un pouvoir étranger, peut civiliser l’autre équivaut à mettre le premier sur un piédestal. C’est ce symbole que la féodalité a légué à la bourgeoisie. Le capitaliste est hissé arbitrairement au rang de maître, en moralisateur du monde, comme un pape, et tout membre du clergé sur sa chaire.
Ce piédestal élève le monde des racistes occidentaux à un monde civilisé, contrairement aux études faites à ce sujet par Darwin qui démontre que l’accès à la civilisation chemine par le respect de l’autre. Le biologiste commence par déceler la sélection naturelle comme moteur de l’évolution. Elle est aussi synonyme du règne de la loi du plus fort et de l’élimination du plus faible. Darwin développe cette thèse dans son livre L’Origine de l’espèce en 1859. Dix ans plus tard, il publie son œuvre majeure : La Filiation de l’Homme où il révèle que la sélection naturelle mue grâce aux instincts sociaux. Cette mutation entraîne crescendo la sélection naturelle à sa négation et devient synonyme de la défense du faible par le plus fort et la protection des plus démunis, après un long cheminement, qui prend la forme de la courbe de Möbius. Ce passage au revers dure certainement des milliards d’années-lumière.
La propagande occidentale prend à son compte les premières observations du naturaliste pour revigorer son système politique et, bien entendu, sans jamais piper mot sur la suite des découvertes du savant portées dans son livre La Filiation de l’Homme. C’est en se servant d’une demi-vérité de l’œuvre du biologiste que se propage le plus grand mensonge de l’histoire qui a contaminé les intellectuels, Marx y compris, et dont la conséquence dramatique est de mettre sur un piédestal le monde occidental, missionné pour «civiliser» le monde. Dans ce cas, le capitalisme, au son des chrétiens, colonise les peuples en les affamant et en les exterminant. C’est au son de la religion juive et de la Shoa que le sionisme est une puissance nucléaire qui opprime depuis un siècle le peuple palestinien. C’est au son de l’islam qu’il terrorise les Africains, les enferme et pousse leurs chômeurs à l’émigration clandestine. C’est au son de l’anticommunisme qu’il les dégage de la scène politique pour installer un carnaval où les figurants sont désignés par le capitalisme de la surveillance comme Berlusconi, Trump, Macron, Zelenski… La scène est numérisée avec le logiciel, des propriétaires de la Toile. Il délimite le temps et le lieu. Ses propriétaires monopolisent ainsi la censure et transforment le citoyen en client. La sécurité des maîtres du monde éborgne librement, étrangle démocratiquement (en public), et sous l’œil des caméras, l’autre.
La «civilisation» des idéologues permet d’insuffler le libéralisme par l’intermédiaire des religions et des mythes pour sortir le capital des impasses où l’ont acculé les Révolutions russe, chinoise, cubaine, algérienne…
Pour en sortir, Epicure (341 av. J.-C.) nous invite à réfléchir en dehors du créationnisme. De ce grand savant, les intellectuels au service de leurs maîtres, les clergés en premiers, ont en fait un dandy, un infréquentable par la bonne société. Ils récidivent avec Darwin, en censurant la moitié de son œuvre, pour en faire un pestiféré de la classe ouvrière, un intellectuel des grandes universités bourgeoises et infréquentable par les autres
La culture chinoise n’a pas besoin d’Epicure. C’est pour cela qu’elle n’est pas, par hasard, l’alternative à la première puissance du monde. A l’instar de ses asiatiques, le monde musulman se suffirait à se rappeler deux dits du prophète pour pouvoir élaguer le grec et son matérialisme antique.
Primo, il dit : «Mes héritiers sont les savants» et secundo, il dit : «Nous vous avons créé de la boue, خلقناكم من الطين.» Si on complétait, en l’écoutant, l’hypothèse d’un de ses héritiers qui dit, nous sommes d’une poussière d’étoile, la réflexion collective dans le monde musulman, en dehors du créationnisme devient aisée surtout quand la chercheuse française sur l’évolution, Virginie Courtier-Orgogozo, affirme qu’il «n’y a pas véritablement le début à un être vivant».
Dans ce monde en guerre contre les peuples pour perpétuer la domination du racisme des plus riches, les soucis majeurs de la ministre des Affaires étrangères d’Allemagne sont virtuels, comme son écologie. Il est que son verbiage ne soit pas écouté par les chinois et que les Russes ne la cognent pas sur un récif, lors de sa navigation sur la Toile. Elle se plaint de ne plus avoir le beurre et l’argent du beurre. Cette attitude défensive n’est-elle pas un signe de la marche victorieuse de l’opération de la Russie sur l’Europe, son petit voisin de l’Ouest, ce valet des Etats-Uniens ?
En face, Poutine se soucie de l’embargo du blé russe qui va manquer aux plus démunis. «Comme nous, vous aimez tout le monde», lui lance le président algérien en visite à Moscou, en précisant, «sauf ceux qui nous font la guerre».
Parfois, c’est à se demander si la gauche ne nourrit pas inconsciemment les mensonges des pouvoirs. Son incompréhension de la politique vraie embrouille l’actualité. Toutes les guerres livrées à la Yougoslavie, à l’Irak, à la Libye… ont été faites au nom de la loi. La guerre de la Russie contre l’Ukraine échappe à cette loi. Est-ce à dire que les autres guerres sont légales et «l’opération militaire» russe illégale ? Quand la gauche prendra conscience des crimes contre l’humanité, commis par les Occidentaux durant des siècles, ils sauront que ces crimes ont obligé la Russie à se défendre à partir de l’extérieur, en dehors des lois établies à ce jour par les Etats-Uniens.
A ce sujet, l’officier français à la retraite Jacques Guillemain fait bien de rappeler que ce sont les Américains qui ont refusé, en 1990, que la Russie soit arrimée à l’Europe et ce sont encore les Américains qui ont promis à Gorbatchev de ne jamais élargir l’OTAN à l’Est. Un refus et une promesse qui entrent dans la stratégie américaine de dominer l’Europe pour vassaliser aussi la Russie. «L’Opération militaire» de la Russie en Ukraine n’est en réalité qu’une anticipation pour sauvegarder la patrie russe des convoitises états-uniennes.
S. K.
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