Hymnes et contextes
Par Karim B. – La polémique stérile soulevée par l’ancien ambassadeur de France à Alger Xavier Driencourt – encore lui –, dès après la publication d’un décret relatif à l’hymne national algérien, a le mérite de soulever le problème des contenus des hymnes de tous les pays du monde. Ces chants à la louange de la patrie sont, dans la plupart du temps, nés de circonstances douloureuses, généralement une guerre ou une indépendance après une longue occupation. C’est le cas de la France pour la première et de l’Algérie pour la seconde.
D’abord, ce tintamarre fait autour du «rétablissement» du couplet concernant la France est une fausse piste puisque celui-ci a été réintégré à l’ensemble du poème de Moufdi Zakaria depuis longtemps, si bien qu’un «incident» avait coûté leur poste à des responsables du secteur de l’Education pour l’avoir à nouveau supprimé dans une épreuve scolaire en 2007. Preuve que cette partie de Kassaman avait retrouvé sa place dans le corpus originel il y a bien longtemps.
Mais qu’est-ce qui gêne donc dans cet avertissement adressé à la France coloniale qui occupait illégalement un territoire qui n’était pas le sien et que les dignes propriétaires de la terre ont décidé de chasser par les armes ? Pourquoi Xavier Driencourt et les frustrés de son acabit y voient une sorte d’outrage à leur pays, alors que la genèse de l’hymne algérien ne lui est pas inconnue, lui le diplomate qui a dû très certainement étudier l’histoire et la géographie dans son cursus qui l’a conduit à cette fonction ?
Et que dit la Marseillaise, cet éloge à la guerre écrit contre les ennemis de la France d’alors ? Ecoutons donc chanter les Français cette «ballade» qui, nous expliquent les institutions officielles françaises, «accompagne la réconciliation et la paix» (sic) : «Aux armes citoyens /Formez vos bataillons/Marchons, oui marchons/Qu’un sang impur abreuve nos sillons.» Dire que c’est cette exhortation à l’affrontement sanglant qui est chantée dans les manifestations sportives par les compatriotes de Xavier Driencourt.
K. B.
Comment (6)