La leçon française
Par Abderrahmane Mebtoul – L’Algérie doit tirer les leçons des violence urbaines en France, surtout dans les banlieues dont l’essence résulte d’une urbanisation anarchique, de véritables ghettos, où de larges franges de la population, souvent des immigrés, sont abandonnées à leur propre sort avec un chômage croissant et une jeunesse sans perspectives d’avenir, la bévue policière de Nanterre n’étant que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Cela pose toute la problématique d’une nouvelle politique de l’aménagement du territoire devant synchroniser la gouvernance centrale et locale, favorisant le développement et devant placer l’homme créateur de richesses avec un double objectif : une société plus solidaire pour une prospérité partagée et la croissance au service de l’emploi.
Car construire des milliers de logements, souvent d’ailleurs avec des méthodes traditionnelles énergivores, regroupant des dizaines de milliers d’habitants dans un espace restreint, sans synchroniser cette politique avec un véritable développement, conduit à terme à de vives tensions sociales et à l’insécurité. Aussi, après le tout Etat, pour l’Algérie, l’heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, afin de favoriser toute forme de synergie et d’ingénierie territoriale. Il y a lieu, à ce propos, de mettre en avant l’urgence d’un renouveau dans la gestion des collectivités locales, inséparable de la bonne gouvernance centrale et de l’efficacité des institutions, afin de redonner confiance aux citoyens. Une bonne gouvernance sans laquelle aucun développement durable n’est possible, la rente des hydrocarbures étant, comme tout un chacun sait, éphémère.
Pour l’Algérie, il s’agit de procéder à une autre organisation institutionnelle qui ne sera efficace que sous réserve d’objectifs précis, d’opérer un nécessaire changement qui passe par une approche basée sur une identification claire des missions et responsabilités et une restructuration des fonctions et des services chargés de la conduite de toutes les activités administratives, financières, techniques et économiques. Les règles d’organisation et d’administration du territoire doivent inclure la protection de l’environnement et être souples, en évitant le centralisme administratif, afin de construire un socle productif sur plus d’individus et davantage d’espace.
Au vu des événements tant actuels que futurs, à savoir les tensions géostratégiques au niveau de la région et les impacts du réchauffement climatique avec les inondations et les incendies, une urbanisation anarchique qui accroîtrait l’insécurité, cela rend urgent une planification stratégique, une cohérence dans les actions des ministères et des collectivités locales, en impliquant les citoyens.
La véritable décentralisation, processus complexe éminemment politique, implique de poser le rôle de l’Etat et son articulation avec le marché dans la future stratégie socio-économique, ce qui renvoie au mode de gouvernance afin de favoriser l’efficacité économique, la nécessaire cohésion sociale et territoriale et une démocratie participative tenant compte de notre riche anthropologie culturelle.
A. M.
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