Comment Rabat veut impliquer l’Algérie dans les émeutes qui secouent la France
Par Kamel M. – Le Makhzen ne pouvait rester les bras croisés devant le chaos qui règne en France suite au meurtre du jeune Naël. Il aura suffi d’un communiqué de notre ministère des Affaires étrangères qui a dit suivre les événements avec inquiétude – ce qui est tout à fait logique, la victime étant d’origine algérienne – pour que les services marocains actionnent leurs outils de propagande pour imputer la responsabilité de la révolte des banlieues en France au gouvernement algérien. Selon les médias du binôme Hammouchi-Mansouri, les patrons de la DGST (sécurité intérieure) et de la DGED (action extérieure), «le pouvoir algérien a mobilisé tous ses moyens pour déstabiliser la France».
«Cet embrasement a largement profité au pouvoir algérien qui n’a pas hésité dès les premières minutes de ces événements dramatiques à lancer une stratégie d’instrumentalisation et de récupération politique pour déstabiliser l’establishment français avec lequel il est en froid depuis de longues semaines, notamment en raison du report, voire de l’annulation de la visite d’Etat prévue d’Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, en mai et, plus tard, en juin dernier», suppute-t-on du côté de Rabat où on flaire dans la situation qui règne dans l’Hexagone actuellement une aubaine pour séparer le «couple algéro-français». C’est qu’à Rabat on croit dur comme fer que Paris avantage le voisin de l’Est au détriment du Maroc.
Pour mieux induire l’opinion marocaine en erreur, les médias marocains citent – tenez-vous bien ! – «une source sécuritaire algérienne» qui leur explique qu’«Alger a déployé une stratégie des plus diabolique pour tirer profit de ces violences urbaines». «Pour Alger, lit-on encore, cette crise qui a secoué la France est une opportunité inespérée de se repositionner sur le champ politique français et d’intensifier son influence sur la diaspora algérienne qui forme la première communauté étrangère établie sur le sol français». «Depuis quand les responsables sécuritaires algériens filent-ils des tuyaux aux médias marocains ?» ricane-t-on à Alger.
Les médias marocains et les services qui les chapeautent, au lieu de dénoncer l’assassinat d’un jeune Maghrébin tué par deux policiers racistes, instrumentent cet acte abject pour accabler l’Algérie, comme si celle-ci était la source de tous les maux qui rendent la vie infernale pour la communauté maghrébine vivant en France. Comment aurait donc réagi le régime marocain, connu pour ne soucier que de l’argent que lui versent les Marocains résidant à l’étranger, les MRE, abandonnant jusqu’à ses mineurs sur les trottoirs des quartiers parisiens malfamés qui vivent de petits vols à l’étalage pour se nourrir et de pickpocket dans le métro et qui finissent dans les réseaux des caïds de la drogue où ils gravissent les échelons au fur et à mesure des années.
La réaction du Makhzen a le mérite, en tout cas, de démontrer que si la victime était marocaine, il n’aurait pas bougé le petit doigt pour ne pas «déstabiliser le gouvernement français» dont il est le misérable vassal.
K. M.
Comment (71)