De la violence sociale en régime oligarchique : cas de la France actuelle
Une contribution de Kaddour Naïmi – Les actuelles manifestations de violence, d’abord l’assassinat prémédité d’un adolescent par un policier, ensuite les réactions populaires à ce meurtre, ces manifestations appellent certaines observations qui, à ma connaissance, n’ont pas été évoquées. Au-delà de la France, elles concernent d’autres nations du «monde libre» «des «règles».
La «tête» du corps social
Le poisson pourrit en commençant par la tête (sagesse populaire).
Un membre d’une police, normalement chargée du respect de la vie humaine, est fortement présumé d’avoir tué de sang-froid pour un délit mineur (vrai ou supposé). Cas isolé d’ordinaire «bavure policière» ? Et pourquoi pas manifestation de la bave d’un service étatique gangrené ? S’il l’est, qui en est responsable, sinon la «tête» qui l’a conçu et le gère : l’Etat. Qui décide le choix des agents qui le gère ? En régime oligarchique, la caste la plus puissante : les gangsters de la finance, par des élections où la démocratie est manipulée, de l’aveu même des banquiers (1). En France, cette oligarchie a produit Pompidou et Macron, ex-employés de la banque Rothschild, devenus Présidents de la République.
Par conséquent, les violences sociales éclatées en France sont directement et en premier lieu causées par la forme de gestion sociale oligarchique des agents étatiques. Certains fournissent d’autres causes, en bonne foi naïve ou, comme manipulateurs, pour focaliser des conséquences en guise de causes. On présente des carences particulières :
1- Police de proximité absente dans les banlieues : le problème serait donc simplement de faire peur aux banlieusards ? (2)
2- Ecole qui n’enseigne pas correctement : doit-elle endoctriner les élèves pour obéir aux actes de l’oligarchie ? Si l’école éduque et informe correctement, que produirait-elle sinon des citoyens conscients, donc critiques ? Ne serait-ce pas le suicide de l’oligarchie ?
3- Parents qui n’éduquent pas correctement leurs enfants : des parents, eux-mêmes empêtrés dans une survie matérielle et psychique angoissante, peuvent-ils «éduquer «leurs enfants à «respecter les lois de la République «, c’est-à-dire accepter leur situation de survie matérielle et psychique angoissante ?
4- Immigration incontrôlée : n’est-elle pas gérée par les réseaux connus, surveillés ou manipulés par les organismes de surveillance des oligarchies ? Et les propriétaires d’entreprises comme les services publics n’ont-ils pas besoin de cette main-d’œuvre immigrée clandestine, totalement corvéable et sans droits ?
5- Islam radical : n’est-il pas provoqué et manipulé par les «services» oligarchiques néocoloniaux ? (3)
6- Banlieues abandonnées : ne le sont-elles pas par les agents étatiques, au même titre que les services de santé publique ?
7- Francis Lalanne est allé jusqu’à pointer comme agent des violences sociales en France les… «services de renseignements algériens», sans fournir de preuves, ni même d’hypothèses (4) ; n’aurait-il pas dû examiner cette hypothèse : si l’Etat français avait fourni les conditions de vie dignes à tous ses citoyens, ces derniers pourraient-ils se laisser manipuler par des «services» étrangers ?
La «carence» qui, généralement, n’est jamais évoquée est celle-ci : la corrélation entre inégalité sociale et désordre social. Pourtant, un enfant à peine doté de discernement comprend aisément que l’injustice provoque la révolte, tandis que les «experts» rémunérés par l’oligarchie, eux, ne voient pas cette évidente, simple et logique corrélation. Pour eux, c’est une vulgaire assertion de «gauchiste».
Pourtant, les banquiers états-uniens affirment au sujet des citoyens : «Nous les manipulons pour qu’ils dépensent toute leur énergie sur des questions sans importance.» Ajoutons, aussi, sur des questions secondaires, conséquentes aux décisions prises par ces banquiers.
Une question se pose, alors. Certains l’accuseront de complotisme, cependant elle mérite d’être formulée comme hypothèse légitime : les gérants même du régime oligarchique en France n’ont-ils pas intérêt à provoquer ces violences sociales populaires, par l’intermédiaire de membres de leur police, afin de dévier l’attention des citoyens français en ce qui concerne les difficultés financières que subit l’Etat français : dette publique, fourniture de matériel militaire au régime ukrainien dans la guerre en Ukraine pour détruire la Russie, conformément au programme clairement exprimé ? (5)
Les «bras» de la «tête» du corps social
Comment interpréter la cagnotte qui a récolté en cinq jours plus d’un million d’euros, en faveur non pas de la famille du jeune tué, mais du policier présumé assassin ? Simple solidarité citoyenne pour soutenir sa famille ? Et simple hasard que l’initiateur de cette opération soit un représentant d’extrême-droite, ancien porte-parole de campagne du natif «pied-noir» d’Algérie, Eric Zemmour et, cerise sur le gâteau – ô ironie ! Ou farce ! – né Hossam Botros Messiha au Caire et renommé Jean Messiha ? Quelle intégration réussie d’un immigré ! Faut-il, alors, s’étonner de lire ceci : «Si l’on en croit de nombreux médias, des groupes néonazis sont directement impliqués dans les troubles en France. Quelqu’un a-t-il réfléchi à cette question à l’Elysée ? Si ce n’est pas le cas, il est temps» ? (6)
Pourquoi ne pas interpréter cette cagnotte au policier comme un encouragement à la police, revendiqué par la partie fasciste, souterraine de l’oligarchie (les libéraux doivent maintenir un comportement respectable devant l’opinion publique), pour assassiner des jeunes Français qui ont le tort d’être d’origine immigrée, notamment nord-africaine et musulmane, en garantissant au policier criminel une somme d’argent pour assurer à sa famille une confortable vie ? «Tue du bougnoul ! Nous nous occuperons du reste.» Parler de cette cagnotte s’impose encore plus, quand on la rapproche d’une autre cagnotte, en faveur de Christophe Dettinger, Gilet jaune qui se défendit par des coups de poing contre des policiers. Cette cagnotte-là fut annulée par un tribunal. Eh, oui ! Comme quoi, «la justice est égale pour tous» au pays des «droits de l’Homme» oligarchique.
Revenons aux révoltes. Que voit-on ? Un déchaînement de violence qui semble «spontané» de la part de «jeunes de banlieue», notamment d’origine arabo-musulmane, selon les vidéos qui montrent des jeunes commettre des actes de pillage en criant «Allah Akbar !» Ces images trop évidentes ne cachent-elles pas une réalité autre ?(7) Ne sommes-nous pas dans la conventionnelle application de la règle «diviser pour régner», avec production du «bouc émissaire» adéquat ?
Autre considération. Considérer la situation des banlieues comme simple mauvaise gestion de la part des agents étatiques, est-ce l’unique élucidation ? Les uns parlent de renforcer la présence policière, donc répression. D’autres recommandent plus de financement dans les banlieues nécessiteuses, mais jeter des os à des affamés, est-ce une réelle solution ? D’où la demande : la gestion des laissés-pour-compte ne serait-elle pas programmée : créer les facteurs d’élimination de «déchets» sociaux, inutiles au système productif de profit financier ? (8)
La «queue» du corps social
Se limiter à reconnaître les membres de l’oligarchie en cause première des violences sociales ne devrait pas aveugler sur une autre cause de ces violences. Il faut considérer les forces et faiblesses de l’adversaire (l’oligarchie) mais, aussi, les forces et faiblesses de ceux qui l’affrontent, à savoir toutes les organisations, associations, partis politiques, intellectuels, opérateurs de média, artistes, etc. qui veulent une répartition équitable des richesses nationales.
Tous ces contestataires de la gestion oligarchique sont-ils présents ou absents dans les banlieues paupérisées où survit ce qu’un ex-immigré hongrois, devenu Président de la République, a osé l’outrecuidance d’insulter comme «racaille», le même substantif que celui utilisé par les ennemis des communards parisiens de 1870, et par la suite (9).
Dans ces banlieues, difficile, très difficile est l’action de désaliénation mentale et d’encouragement à une pratique citoyenne autogestionnaire pour sortir de la misère matérielle et psychique. Doit-on se limiter aux actions faciles ?
Autre observation : la révolte suite à l’assassinat du jeune Naël Merzouk n’eut pas lieu uniquement dans les banlieues dites «défavorisées», en réalité abandonnées, mais également, pour la première fois, dans des petites villes et même des villages, et même en Belgique et en Suisse, cela montre la gravité de la situation des couches tout au bas de l’échelle sociale du capitalisme prédateur.
A ce sujet, les trafiquants de réalité parlent de «France divisée en deux». Mais quel est le statut social de ces deux ? N’est-ce pas les «nantis» (exploiteurs-dominateurs) et les «démunis» (exploités-dominés) ? Et qui fabrique ces deux catégories, sinon l’organisation oligarchique de la société ? Il est vrai que jamais on ne parle du cadavre dans le placard : jamais le mot «oligarchie» n’est prononcé dans les déclarations et les médias représentant… l’oligarchie. «Cela va de soi ! » dirait Brassens.
Si la révolte des habitants des banlieues et d’ailleurs fut provoquée par l’oligarchie, selon les hypothèses examinées auparavant, ne doit-on pas, également, considérer ces révoltes, manifestées en violences, comme une faillite des éléments qui devraient transformer les ressentiments légitimes face à l’injustice oligarchique en action collective démocratique efficace ?
Certains révoltés justifient leur acte de violence en déclarant «détester la France». Et hop ! Voilà les chiens de garde crier avec indignation : «Vous voyez ? Vous voyez ? La cause des désordres : la haine de la France ! Et de qui cela peut venir ? Ben, pardi ! D’enfants d’immigrés d’origine non européenne, non chrétienne, non blanche ! Donc, de la faillite de la gestion du problème migratoire ! Alors, il faut défendre la France ! Les valeurs françaises ! La République ! La nation ! Les institutions ! La Démocratie ! «Mais ces hérauts de l’indignation avec leurs mots grandiloquents, jamais ils ne préciseront quelle est la nature de ces «France, valeurs, République, nation, institutions, démocratie». Un voleur peut-il crier au voleur, un mafieux parler de mafia, un gangster de gangstérisme, un criminel de crime, un banquier de ses actions véreuses ? Autrement dit, un membre d’une oligarchie ou son laquais peuvent-ils préciser que par «France, valeurs, nation, institutions, démocratie», ils entendent celles créées par l’oligarchie pour l’oligarchie ? Georges Orwell en sait quelque chose, en inventant la «novlangue». Elle ne caractérise pas seulement les régimes ouvertement totalitaires mais, également, les actuelles démocraties libérales contraintes, par une dette publique impossible à honorer, à devenir totalitaires, notamment par le recours à la novlangue. Par ailleurs, les politiciens et opérateurs de média qui ont assassiné, par exemple, les communards parisiens n’avaient-ils pas déclaré «défendre la République, la nation, la démocratie, l’ordre, la loi ?»
Allons, amies-amis sincères de la liberté, de l’égalité et de la solidarité ! Encore des efforts pour être dans et avec le peuple, d’abord celui des banlieues, le plus damné-condamné, contraint à l’expression violente désespérée, à défaut de solution démocratique et pacifique, pour se libérer des Dracula oligarchiques de la finance et, par conséquent, de leurs hyènes dans les rouages étatiques et médiatiques.
P.-S. : Il ne serait pas étonnant d’assister à des révoltes violentes dans d’autres pays oligarchiques, reprenant plus ou moins le scénario français. Après les «révolutions colorées» et les «printemps arabes» dans d’autres pays, les oligarchies du «monde libre» recourent-elles aux violences des banlieues dans leur propre nation pour maintenir leur domination ? Le peuple et ses amis répondront-ils de manière adéquate ?
K. N.
1- «Le capital doit assurer sa protection par tous les moyens possibles, grâce à notre union et à nos lois. Les dettes doivent être recouvrées et la valeur des hypothèques sur les actifs recouvrée le plus rapidement possible. Ainsi, lorsque, par exemple, des gens ordinaires perdent leur logement, ils deviennent plus dociles et sont plus facilement dirigés grâce au bras armé de l’Etat représenté par les principaux acteurs financiers. Ces vérités sont bien connues de nos représentants qui s’efforcent de créer un impérialisme pour gouverner le monde. Grâce au système de partis politiques qui divise les électeurs, nous les manipulons pour qu’ils dépensent toute leur énergie sur des questions sans importance. En agissant avec discrétion, nous garantissons la pérennité de ce que nous avons si bien planifié et accompli. Association des Banquiers des Etats-Unis, 924. Les italiques sont les miens.
2- https://www.lemonde.fr/comprendre-en-3-minutes/article/2023/07/07/pourquoi-y-a-t-il-une-telle-rupture-entre-la-police-et-la-population-des-quartiers-sensibles-comprendre-en-trois-minutes_6180903_6176282.html
3- Les fanatismes au service des Etats-Unis, Thierry Meyssan, https://www.voltairenet.org/article215414.html
4- «Macron est en très mauvais terme avec l’Algérie ! Des informations circulent me poussant à poser cette question : les services de renseignement algériens participent-ils en coulisses à attiser, organiser et manipuler les émeutes en France ? https://tribune-diplomatique-internationale.com/attaque_de_francis_lalanneservices_algeriensfrance/
5- Le Grand Echiquier de Zbigniew Brzezinski, https://www.les-crises.fr/le-grand-echiquier-de-zbigniew-brzezinski/
6- Maria Zakharova, porte-parole du gouvernement russe.
https://reseauinternational.net/les-manifestants-en-france-utilisent-des-armes-fournies-par-loccident-au-regime-de-kiev-zakharova/
7- Voir la vidéo «Emeutes : un scénario écrit à l’avance… et les jeunes sont tombés dans le piège», https://reseauinternational.net/emeutes-un-scenario-ecrit-a-lavance-et-les-jeunes-sont-tombes-dans-le-piege/
8- «Dans la première moitié du XVIIIe siècle, dans toute l’Europe, les membres de la classe dominante se réunirent pour discuter le problème démographique à peine découvert et pour trouver les moyens de mettre en acte le mandat de Malthus, de façon à augmenter le taux de mortalité des pauvres : Au lieu de recommander l’hygiène aux pauvres, nous devrons encourager les habitudes contraires. Dans nos villes, nous devrons faire des rues plus étroites, faire mettre plus de personnes dans les maisons et favoriser le retour de la peste. Dans la campagne, nous devrons construire nos villages près de puits stagnants et nous devrons surtout encourager l’installation dans des zones marécageuses et insalubres», et ainsi de suite. Theodore D. Haul, in The Scientific Background of the Nazi, Race Purification Program, US & German Ethnic Cleansing Genocide, and Popolation Control, 1995. L’italique est le mien.
9- «La racaille étrangère dans la France-dépotoir : on entre comme on veut, on fait ce qu’on veut, on ne sort que si l’on veut», Le Matin, 29 septembre 1937.
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