L’Occident décadent veut ouvrir un front d’hostilité contre le monde musulman
Une contribution de Khider Mesloub – Dans cette période de crise énergétique, le Coran ne passe plus entre l’Occident et le monde musulman. Leurs relations sont électriques. Le torchon brûle. Les esprits s’enflamment. Les corps diplomatiques flambent. Les haines réciproques mettent le feu aux poudres dans plusieurs pays.
Certains énergumènes européens incendiaires s’offrent le Coran non pas pour le bûcher, mais pour le brûler. Non pas dans leur cheminée pour réchauffer leur maison désormais privée d’énergie électrique, mais dans l’espace public, tout aussi privé de chaleur humaine. Un espace public occidental consumé par le délitement des liens sociaux et le nihilisme. Enflammé par le populisme et le racisme.
L’Occident décadent, animé actuellement d’une bellicosité hystérique, après avoir ouvert le front de guerre contre la Russie en la précipitant dans l’enlisement d’un conflit d’attrition contre l’Ukraine, semble vouloir ouvrir un second front d’hostilité contre le monde musulman, par ses autodafés. Tout se passe comme si l’Occident belligène, déterminé à mener sa Troisième Croisade génocidaire mondiale pour résoudre ses contradictions économiques internes, est prêt à enflammer toute la planète pour concrétiser son agenda guerrier exterminateur.
Déjà, l’année dernière, après la mise à feu d’exemplaires du Coran en Suède et les manifestations antiturques au Danemark, sous prétexte de protester contre le veto de la Turquie à l’entrée de la Suède dans l’OTAN, le monde musulman s’était embrasé. Notamment en Turquie. Cette fois-ci, fin juin 2023, au lendemain de l’autodafé du Coran, le président Erdogan avait fustigé nommément la Suède pour avoir autorisé la tenue d’une manifestation au cours de laquelle un Coran a été brûlé, obérant encore les chances de voir ce pays nordique intégrer l’OTAN.
Ce type d’autodafé du Coran s’est déjà produit dans d’autres pays d’Europe, entraînant des manifestations et des tensions diplomatiques. Au lendemain de l’autodafé du Coran commis fin juin 2023 en Suède, de nombreux pays musulmans avaient dénoncé une «incitation à la haine» et une «provocation».
Lors d’une intervention télévisée, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait déclaré : «Nous enseignerons aux Occidentaux arrogants qu’insulter les musulmans ne relève pas de la liberté d’expression. Nous montrerons notre réaction de la manière la plus ferme possible, jusqu’à ce qu’une victoire déterminante soit remportée contre les organisations terroristes et l’islamophobie.»
Pour sa part, l’Arabie Saoudite avait dénoncé des «actes haineux et répétés (…) incitant à la haine, à l’exclusion et au racisme, et contredisant les efforts visant à répandre les valeurs de tolérance». A Kaboul, en Afghanistan, le gouvernement taliban avait dénoncé un «mépris total» envers l’islam. Au Liban, le mouvement Hezbollah avait accusé les autorités suédoises d’être «complices du crime», appelant Stockholm à mettre fin à de tels actes «plutôt que de se cacher derrière la liberté d’expression». Il avait appelé les pays musulmans et arabes à prendre «toutes les mesures nécessaires» pour contraindre la Suède et d’autres pays à empêcher la répétition de tels incidents et à arrêter «la propagation d’une culture de haine». Aux Emirats arabes unis, Anwar Gargash, premier conseiller du président, avait estimé que «le monde occidental doit comprendre que son système de valeurs et ses justifications ne peuvent être imposés au monde». Le ministère des Affaires étrangères palestinien avait dénoncé une «violation flagrante des (…) valeurs de tolérance, d’acceptation des autres».
Quant à la Ligue arabe, elle avait condamné une «agression au cœur de notre foi musulmane». Pour sa part, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) avait tenu les «autorités suédoises responsables de toutes les réactions résultant de ces actes». Quel genre de réactions ? Une nouvelle Croisade orchestrée et instrumentalisée par l’Occident ?
En tout cas, la première réaction violemment incendiaire a surgi d’Irak, pays déjà embrasé par une guerre civile. Selon plusieurs sources, des manifestants auraient pris d’assaut l’ambassade de Suède à Bagdad ce jeudi 20 juillet, avant de l’incendier, dénonçant l’autodafé réalisé fin juin devant la mosquée de Stockholm. «Des centaines de manifestants ont pris d’assaut, tôt jeudi, l’ambassade de Suède à Bagdad, en Irak, avant de l’incendier», ont déclaré une source et des témoins à l’agence de presse Reuters. De la fumée s’élevait du bâtiment, a constaté de son côté un correspondant de l’AFP, rapporte l’agence.
Cet autodafé du Coran embrase le monde islamique, consumant davantage les relations entre les pays musulmans et l’Occident, déjà réduites en cendres ces dernières années du fait des attentats terroristes commis par les boutefeux djihadistes.
De leur côté, les pays occidentaux ont lancé un appel à la vigilance à leurs ressortissants face au risque d’attentat. Ils conseillent à leurs ressortissants d’éviter les foules et les lieux touristiques.
En réaction, dans une surenchère de la psychose, le ministère turc des Affaires étrangères a publié un avis «saint-barthélémyque» destiné aux touristes turcs, affirmant qu’il existerait «des niveaux dangereux d’intolérance religieuse et de haine en Europe».
Après la Russie, la Turquie, cet encombrant infidèle (au double sens du terme : religieux et stratégique) allié de l’OTAN, en particulier, et le monde musulman, cet ennemi séculaire en général, vont-ils tomber dans le piège occidental, c’est-à-dire se précipiter aveuglément dans un affrontement contre l’Occident, permettant à ce dernier de justifier ses guerres généralisées, ses politiques discriminatoires et actions pogromistes contre ses populations immigrées de confession musulmane ?
Ces autodafés récurrents et écœurants du Coran impactent également l’OTAN, engagée rageusement dans une course-poursuite pour intégrer la Suède afin de poursuivre sa feuille de route guerrière contre la Russie, pays condamné à la calcination infrastructurelle et institutionnelle par les pyromanes atlantistes.
Cela étant, la guerre menée par l’organisation atlantiste contre Moscou via Kiev redouble d’intensité ces derniers mois, dans un contexte de blocage de la Turquie à l’élargissement de l’Alliance atlantique (OTAN) à la Suède, exigeant notamment de Stockholm l’extradition de réfugiés kurdes qu’Ankara considère comme des «terroristes».
La Turquie et la Hongrie sont les seuls pays de l’OTAN à ne pas avoir encore procédé à la ratification de la candidature de la Suède à l’organisation atlantiste dirigée par les Etats-Unis.
Cherchant à revigorer sa stature de Sultan ternie par sa politique économique responsable de la paupérisation généralisée de la population turque et par son inaction lors du dernier tremblement de terre, le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu que la Suède ne pouvait plus compter sur le «soutien» de la Turquie pour rejoindre l’OTAN. «Ceux qui commettent ce crime ainsi que ceux qui le permettent sous couvert de liberté d’opinion, ceux qui tolèrent cet acte ignoble ne pourront pas réaliser leurs ambitions», a-t-il déclaré. C’est-à-dire espérer intégrer l’OTAN.
Le prétendant Sultan Recep Tayyip Erdogan, ce musulman atlantiste et attentiste, compte lanterner et monnayer l’intégration de la Suède à l’OTAN dirigée par les Etats-Unis. Quitte à enflammer les esprits belliqueux des pays atlantistes qui brûlent d’impatience. Et à attiser le feu de la haine antimusulmane en Suède, voire dans tous les pays occidentaux, déjà animés par une islamophobie incendiaire.
K. M.
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