Le président Tebboune exclut la France de la liste des pays amis de l’Algérie
Par Abdelkader S. – L’omission mérite d’être signalée tant elle confirme l’état des relations entre l’Algérie et la France, au plus mal depuis que Paris multiplie les faux pas et les actes inamicaux aux antipodes des discours lénifiants fourbes des dirigeants de ce pays. Le message du président de la République est on ne peut plus clair : «L’Algérie a retrouvé aujourd’hui sa position, notamment auprès des grandes puissances et des pays amis», a-t-il affirmé en rappelant qu’elle entretenait de «bonnes relations avec la Chine, la Turquie, la Russie, le Qatar, ainsi qu’avec des pays amis en Europe tels que l’Italie et le Portugal». Exit la France donc.
Si en apparence tout baigne, dans les faits, il n’existe aucun signal révélateur d’une quelconque avancée dans les rapports en dents de scie entre Alger et Paris depuis la fin de la colonisation. Un très vieux contentieux qui demeure en suspens tant la blessure de la guerre et des crimes contre l’humanité commis par ce pays donneur de leçons en matière de droits humains sont impossibles à cicatriser. Un documentaire diffusé par la chaîne de télévision publique algérienne sur les déportés algériens à Cayenne démontre, en effet, à quel point les horreurs subies par ces «bagnards» se sont répercutées sur des générations. L’abomination est telle que la douleur des descendants de ces victimes du régime criminel de Paris est au moins aussi intense que celle de leurs parents et grands-parents.
Le discours d’Abdelmadjid Tebboune répété de façon systématique à chacun de ses déplacements à l’étranger est un message clair à la France dont le pouvoir continue d’adopter une attitude paternaliste que les Algériens abhorrent. Désormais, c’est vers d’autres pays européens, l’Italie et le Portugal, que l’Algérie se tourne pour renforcer la coopération dans tous les domaines. Si l’Algérie garde de bons rapports avec ces deux voisins du nord de la Méditerranée, elle ne prend pas moins un virage à l’Est où elle compte intensifier ses relations avec les deux puissances que sont la Russie et la Chine, tout en se rapprochant davantage de l’Iran et du Qatar, Doha partageant avec Alger son rejet de la normalisation de certains Etats arabes avec Israël.
L’avenir des relations algéro-françaises ne s’annonce pas radieux. Bien au contraire. En dépit des quelques semblants d’éclaircies dont la longévité avait paru possible après les déclarations d’Emmanuel Macron à travers lesquelles il reconnaissait que la colonisation était un crime et assumait l’assassinat de militants de la cause algérienne par l’Etat français, et la restitution d’une infime partie des crânes de résistants algériens, sur le terrain, la mentalité du colonisateur a vite fait de reprendre le dessus, traduite par le dernier discours de la Première ministre, Elisabeth Borne, devant les sénateurs, qui a mis l’emphase sur les «exigences» que son gouvernement rappelait à la partie algérienne dans ce qu’elle a qualifié de «dialogue».
En réalité, un monologue auquel l’Algérie n’accorde aucun intérêt. Preuve en est la commission mixte sur l’histoire coprésidée par Benjamin Stora et Abdelmadjid Chikhi qui fait du surplace et le départ de l’ambassadeur François Gouyette dont la mission finit en queue de poisson. Son successeur ne fera pas mieux.
A. S.
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