La fin de la désinvolture politique en Espagne annonce le dégel avec l’Algérie
Par Nabil D. – Le lâchage du régime de Rabat par le nouveau gouvernement espagnol, en cours de constitution suite à la défaite attendue du parti socialiste de Pedro Sanchez, va se confirmer dans les jours à venir. Preuve en est le débat au sein de la classe politique espagnole qui a surtout tourné autour des relations de Madrid avec le très encombrant voisin marocain dans les bras desquels le gouvernement espagnol s’est jeté, faisant perdre à l’Espagne plusieurs milliards de dollars suite à la décision d’Alger de suspendre le Traité d’amitié. Le changement de cap se dessinait avant même le résultat des législatives qui ont vu la montée de la droite et le recul de la gauche, un phénomène constaté dans la quasi-totalité des Etats européens et qui va en s’accentuant.
Le patron du Parti populaire (PP), qui a caracolé en tête des vainqueurs de ces échéances avancées par Pedro Sanchez, après avoir essuyé une première raclée aux élections régionales et municipales, avait affirmé que sa priorité serait de rétablir les relations avec l’Algérie. Interrogé sur ce qu’il changerait s’il était élu, Alberto Nunez Feijoo avait répondu, fin mai dernier, qu’il «essaierait» d’honorer «l’héritage laissé par tous les présidents du gouvernement espagnol [qui ont précédé Pedro Sanchez], Felipe Gonzales, José Maria Aznar – tous ! – qui entretenaient d’excellentes relations avec l’Algérie et le Portugal». «L’Algérie est un Etat avec lequel nous avons signé un Traité d’amitié», avait-il rappelé.
Le Parti populaire avait, auparavant, accusé le bras droit de Perdo Sanchez, et néanmoins ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, d’incompétence, en estimant que ce dernier faisait perdre de l’argent à l’Espagne à cause de la crise que ce dernier et le chef de l’Exécutif avaient provoquée avec l’Algérie. «La députée PP Valentina Martinez a attribué la crise actuelle avec l’Algérie à l’incompétence et aux erreurs du ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares, et a averti que cela coûte de l’argent aux Espagnols en raison du risque de hausse des prix du gaz», rapportait, en effet, Europress, organe de l’Union européenne.
«Lors de la session de contrôle du gouvernement au Congrès des députés, Martinez a déploré qu’à un moment où il est plus que jamais nécessaire d’avoir une politique étrangère sérieuse, prévisible, fiable et solide, le gouvernement semble devenir définitivement l’opposition lui-même et rejette le consensus offert par le nouveau leader du PP, Alberto Nunez Feijoo, pour une politique d’Etat», ajoutait le média européen, qui nous apprenait ainsi que le conflit provoqué par le gouvernement socialiste espagnol avait créé une crise politique interne en Espagne.
La députée et néanmoins porte-parole de la commission des Affaires étrangères avait regretté que «les erreurs criantes d’Albares s’ajoutent à la tromperie et aux mensonges», accusant le chef de la diplomatie d’avoir «induit en erreur l’opinion espagnole en affirmant que l’Algérie avait été informée à l’avance de la décision de soutenir le plan marocain d’autonomie du Sahara Occidental, alors qu’il disait que la relation ne serait pas affectée et qu’il assurait que cela n’aurait pas d’incidence sur le contrat gazier».
«Maintenant, il entend encore nous tromper en soutenant que ce différend [avec l’Algérie] n’aura aucun coût», avait ajouté Valentina Martinez, en rappelant que l’Algérie a retiré son ambassadeur de Madrid […] et que le ministre des Affaires étrangères «a été invité à assumer les conséquences de ses déclarations regrettables» et en reprochant au «maladroit» Albares d’avoir «aggravé la situation», en qualifiant les propos du président Tebboune de «polémique stérile». «L’Espagne est le seul pays avec lequel l’Algérie va revoir ses prix du gaz», avait, en outre, rappelé la députée du parti conservateur espagnol, en s’indignant de ce que les «erreurs» du gouvernement socialiste «nous coûtent de l’argent, de l’argent que nous, les familles espagnoles, payons de notre poche sur les factures de gaz et d’électricité».
N. D.
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