Le Point se défausse sur l’Algérie après la réussite du Sommet Russie-Afrique
Par Karim B. – L’article que le journaliste butineur Benoît Delmas vient de se faire commanditer dans Le Point dégage comme un relent de nostalgie coloniale, tant le contenu et la forme ressemblent, à s’y méprendre, à une certaine réclame du début du siècle dernier pour un produit chocolaté illustré par un tirailleur sénégalais. Le sujet porte sur le Sommet Russie-Afrique qui vient de clore ses travaux couronnés par une série de mesures courageuses décidées par Moscou en faveur des pays africains dont une lourde dette a été effacée pour permettre un décollage effectif de leurs économies enfin libérées de l’emprise française.
Le Point, qui nous a habitués à ses assauts anti-algériens, se fait le porte-voix du pouvoir français qui exprime par son truchement sa crainte de voir l’Algérie devenir la «capitale de la nouvelle guerre froide». Traduire, être l’allié stratégique de la Russie dans les gigantesques bouleversements qui s’annoncent depuis que les Etats-Unis ont jeté l’Ukraine dans la gueule de l’ogre, entraînant dans son effondrement l’Europe dont les dirigeants ont foncé tête baissée dans un conflit qu’ils attisent contre leurs propres intérêts et pour le bénéfice unique de Washington.
La satire du journaliste à gage du Point est caricaturale. «Que Moscou soit l’auteur du chaos énergétique et alimentaire importe peu, on se pressait autour de Vladimir Poutine», écrit-il, sous la dictée du Quai d’Orsay, comme ses confrères du complexe médiatique français qui n’a jamais fait autant preuve d’escroquerie intellectuelle. Ce qui dérange ses dicteurs, c’est l’éveil des Africains qui ont compris que leur salut commence par la fin de la France néocoloniale en Afrique. Le président russe l’a clairement affirmé dans sa déclaration d’avant-sommet, assurant vouloir bâtir un partenariat «créateur, confiant, tourné vers l’avenir».
Pour appuyer sa diatribe, le journaliste – peut-on encore parler de «journalistes» dans la France de Macron ? –, sans doute «informé» par son collaborateur algérien récemment naturalisé qui occupe une colonne mitoyenne, reprend le disque rayé de l’Algérie où «on exprime sans nuances ses mécontentements, le prix des légumes, la maudite tomate, la viande qu’on ne peut plus acheter, le poulet au prix du bœuf, les pénuries». Mal informé, il ignore que nos émigrés et nos binationaux qui se sont déplacés par dizaines de milliers en Algérie cet été dévalisent littéralement les étals des centres commerciaux, des vêtements aux affaires scolaires, en passant par les… olives et les légumes secs, tant la vie est devenue intenable dans cette France à l’endroit de laquelle ce Benoît Delmas adopte la position des trois singes, chacun se couvrant l’un les yeux, l’autre les oreilles et le dernier la bouche.
L’auteur de l’article intitulé laconiquement «Alger, l’allié de Moscou» ne s’encombre d’aucun scrupule lorsqu’il pointe ce qu’il appelle «le combat, plus pernicieux mais très efficace, des fausses informations sur les réseaux sociaux et médias amis, ce combat de rue idéologique qui se joue en 2.0» pour lequel «Alger sera toujours partant» et on en veut pour preuve la dépêche de l’APS qui traite France 24 de «chaîne poubelle» et qu’il compare à un «communiqué des putschistes maliens et burkinabè justifiant l’interdiction de Radio France internationale ou France 24». L’employé aux écritures chez François Pinault s’en offusque mais ne se scandalise nullement de ce que les médias russes Russia Today et Sputnik soient honteusement censurés par le régime de Paris dont il est le fidèle suppôt.
K. B.
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