Le premier espion de France Bernard Emié va payer pour le putsch au Niger ?
Par Kamel M. – Le président français est très en colère, et il l’aurait clairement fait savoir au patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, service d’espionnage), Bernard Emié, qui aurait pêché par une absence d’anticipation dans l’affaire du coup d’Etat contre le président nigérien, Mohamed Bazoum, considéré comme l’homme-lige de Paris. C’est que le coup de force des militaires dans ce pays du Sahel fait perdre à la France néocoloniale un de ses derniers bastions en Afrique francophone et la prive de l’uranium dont elle a besoin et qu’elle exploitait au détriment des intérêts du peuple nigérien pour faire tourner ses centrales nucléaires en ces temps de dèche énergétique et de graves tensions géopolitiques.
Emmanuel Macron, dont le pouvoir vacille depuis sa réélection en avril 2022, grâce au coutumier vote sanction qui écarte à chaque fois in extremis la patronne du Rassemblement national, Marine Le Pen, du palais de l’Elysée, n’a pas digéré le fait que trois pays africains se soient ainsi affranchis de son autorité en un laps de temps court, preuve, selon lui, d’une défaillance totale de ses services du renseignement extérieur. Aussi l’ancien ambassadeur de France à Alger semble-t-il bien vivre ses dernières heures à la tête de cette entité dont une des missions primordiales est justement le maintien coûte que coûte de cette partie du continent noir dans le giron de la France, dans le contexte actuel marqué par un net recul de l’ancienne puissance coloniale dans «ses» territoires perdus face à une grande offensive sino-russe qui occupe désormais le terrain, la Chine par la coopération économique et la Russie par le soutien militaire.
La déconfiture de la France en Afrique, qui n’en est qu’à ses débuts puisque d’autres coups d’Etat suivront immanquablement pour enterrer définitivement la nuisible Françafrique, est actée, et ce n’est pas un coup de gueule de son président ou le limogeage de son chef espion qui changera quoi que ce soit à la donne. Emmanuel Macron a commis la grave erreur de se faire l’auxiliaire de Washington dans la guerre qui fait rage entre la Russie et l’Ukraine, s’engageant dans une confrontation ouverte et directe avec Vladimir Poutine dans un bras de fer inégal. Cette implication de la France dans un conflit qui n’est pas le sien a achevé de faire perdre au successeur de François Hollande la confiance des Français, accablés par les difficultés économiques et sociales induites par des décisions politiques hasardeuses, imposées par le premier cercle du président dont la cote de popularité est en chute libre – notamment les très médiatiques Olivier Véran et Gabriel Attal – durant la crise sanitaire du Covid-19.
Rien ne va plus pour celui qui terminera son mandat calamiteux en laissant derrière lui un pays exsangue et plus que jamais divisé. A moins qu’il soit, à son tour, renversé avant terme «démocratiquement» par ses propres services secrets, déjà accusés de manœuvrer en coulisses pour empoisonner les relations algéro-françaises. Bernard Emié sera-t-il remplacé par François Gouyette, comme lui-même a pris la place de son prédécesseur à Alger, Bernard Bajolet, au boulevard Mortier ?
K. M.
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