Tebboune conditionne sa visite officielle en France par des «résultats concrets»
Par Karim B. – «Mon déplacement en France ne sera pas une villégiature mais une visite qui doit se solder par des résultats concrets», a affirmé en substance le président Tebboune lors de la rencontre cyclique avec des journalistes diffusée par les chaînes de télévision nationales publiques et privées. Le chef de l’Etat a ajouté que celle-ci n’a pas été annulée. «C’est une question de programmation et la partie française s’y attelle», a-t-il précisé. Hors langage diplomatique, cela signifie qu’Alger conditionne ce rendez-vous par des réponses tangibles aux exigences algériennes formulées à l’endroit des autorités françaises, notamment celle relative à l’extradition des cyber-mercenaires payés pour déstabiliser l’Algérie à partir du territoire français, en jouissant de la bienveillante protection des dirigeants et des services de renseignements de ce pays.
L’affaire des agitateurs à la solde du Makhzen et d’Israël n’est pas le seul point d’achoppement qui empoisonne les relations entre Alger et Paris. De nombreux autres dossiers chauds seront forcément abordés par les deux présidents lors du déplacement de Tebboune dont la date n’a pas été révélée – ni fixée. Emmanuel Macron avait fait état d’une visite officielle qui devait être effectuée «vers la fin du mois de juin» écoulé, mais celle-ci n’a pas eu lieu, et aucune source officielle algérienne, ni française n’a expliqué les raisons de son report avant que le président Tebboune évoque donc une question de calendrier, plus d’un mois après la date approximative annoncée par son homologue français au lendemain d’un entretien téléphonique entre les deux hommes.
Les propos provocateurs de hauts responsables politiques français et la politique africaine de la France ne sont pas de nature à apaiser les relations si cette dernière ne se résigne pas à changer de discours et de comportement, aussi bien à l’égard de l’Algérie que dans ses rapports avec les pays qui partagent de longues frontières avec le nôtre. Le cas récent du Niger, où la France s’ingère de façon ouverte, en est la preuve, l’Algérie ayant lancé une sévère mise en garde contre toute intervention militaire étrangère, dans une allusion directe à la France et aux pays de la CEDEAO qui lui sont inféodés.
De la Première ministre, à laquelle le pensionnaire de l’Elysée a renouvelé sa confiance, au président du Sénat, Gérard Larcher, en passant par des personnalités de tous bords et des médias lourds, les attaques contre l’Algérie sont quotidiennes, tandis qu’aucun geste palpable du président Macron et de son gouvernement n’est venu conforter les plus optimistes quant à une possible détente entre les deux capitales.
Au «dialogue exigeant» d’Elisabeth Borne qui adressait une pique à l’endroit de l’Algérie devant les sénateurs, le président Tebboune vient de répondre que, de ce côté-ci de la Méditerranée aussi, il existe un certain nombre de clauses à honorer par les gouvernants d’en face pour aspirer à une normalisation pérenne des rapports avec l’ancienne puissance coloniale.
Le nouvel ambassadeur de France à Alger a bien assuré, dans un court enregistrement vidéo, à son arrivée à Alger, qu’il allait œuvrer à réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué. Or, tout le monde est d’accord pour dire qu’aucun dégel n’est possible tant que la France ne fera pas une croix sur sa posture nostalgique et ne se départira pas de ses proclamations condescendantes.
K. B.
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