La nouvelle direction et ligne éditoriale fascisante du JDD adoubée par la Macronie
Une contribution de Khider Mesloub – A l’image de la France dirigée par Macron, banquier d’affaires hissé au pouvoir par les financiers, une France secouée régulièrement par des contestations sociales et des révoltes populaires, tombée en ruines, à la gouvernance paralysée par la faiblesse de sa représentation parlementaire, réduite à expédier les affaires par la force du despotique 49.3, le JDD (Journal du Dimanche), désormais piloté par un directeur notoirement fasciste, intronisé à la tête de l’hebdomadaire par le milliardaire Vincent Bolloré, après plusieurs semaines d’interruption causée par la grève des journalistes opposés à la nomination de Geoffroy Lejeune, a repris sa parution. Tant bien que mal. Ou plutôt mal que bien.
Le premier numéro version fascisante était composé de 32 pages, soit 20 de moins que la dernière édition. Cette première édition, annoncée pour la mi-août, a été finalement publiée en catimini peu après minuit sur l’application du journal. «C’est un numéro qui ne marquera peut-être pas l’histoire de la France mais au moins l’histoire de la presse», a déclaré Geoffroy Lejeune sur Europe 1 (radio du groupe Lagardère, comme le JDD).
Pour rappel, lorsque Lagardère avait annoncé la nomination de ce journaleux marqué à l’extrême droite à la tête de l’hebdomadaire, les salariés du JDD s’étaient opposés à 100% au changement de direction et s’étaient mis en grève durant 40 jours. Grève terminée mardi 1er août.
Selon le journal Le Parisien, la parution de ce premier numéro, édité sous la direction du directeur controversé et contesté, s’est faite dans une ambiance assez «surréaliste» avec de nombreux «bénévoles» et «bonnes volontés». «Oui, c’était un vrai baptême du feu», a reconnu Geoffroy Lejeune. «On était très peu nombreux pour relancer la machine du JDD (…) et des bonnes volontés se sont révélées pour venir nous aider», a-t-il ajouté.
Plusieurs journalistes issus de la fachosphère ont prêté main forte à la rédaction, notamment Charlotte d’Ornellas et Raphaël Stainville (anciens de Valeurs Actuelles, comme Geoffroy Lejeune) ; Pascal Praud, journaliste à Europe 1 et CNews ; Jacques Vendroux, pour le sport ; Eric Naulleau (ex-compagnon de débat d’Eric Zemmour, que l’ancien rédacteur en chef de Valeurs Actuelles a soutenu à la présidentielle de 2022).
Pour assurer le succès de cette opération de relance du JDD, la Macronie est venue également à la rescousse du nouveau directeur fasciste Geoffroy Lejeune, déterminé à mener les batailles idéologiques réactionnaires sous l’égide de Vincent Bolloré, milliardaire en voie de renforcer son empire médiatique d’extrême-droite. De CNews à Europe 1, en passant par Paris Match, le milliardaire joue un rôle de plus en plus actif ces dernières années dans la propagation des idées les plus réactionnaires et xénophobes. Une chose est sûre, si Vincent Bolloré a pu mener une telle offensive, c’est que celle-ci s’est coulée dans une France submergée par l’extrême droitisation de son paysage politique favorisée par la Macronie ; elle s’est opérée avec l’extrême onction du capital national français en voie de fascisation.
«Ce qui est nouveau, c’est qu’une ligne aussi radicale, a fortiori d’extrême droite, arrive dans les médias mainstream», s’était étonné l’historien des médias, Alexis Lévrier, dans une interview accordée au périodique La Vie. «Vincent Bolloré me fait penser à François Coty, dans la brutalisation de la ligne éditoriale. C’était un parfumeur et industriel au début du XIXe siècle, qui avait racheté Le Figaro et Le Gaulois (un quotidien littéraire et politique, ndlr). Sous son ère, Le Figaro était devenu ouvertement fasciste !» avait déclaré Alexis Lévrier.
Pour assurer le succès de la nouvelle formule foncièrement réactionnaire du JDD, un journal qui a évolué d’une ligne macroniste extrême à une ligne d’extrême droite, le gouvernement Macron a dépêché la secrétaire d’Etat de la Ville afin d’adouber la nouvelle direction et rédaction fascisante. L’inauguration de la nouvelle ligne éditoriale fascisante a ainsi été opérée sous le haut patronage de la Macronie. En effet, l’agreste Sabrina Agresti Roubache, pour rabibocher le nouveau journal dorénavant marqué à l’extrême droite avec son lectorat désabusé et désorienté, redorer le blason de la nouvelle rédaction pestiférée, a accordé un entretien au JDD version Valeurs Actuelles, c’est-à-dire néofasciste.
Par cette interview complaisamment accordée au nouveau JDD réactionnaire le 3 août, elle prouve son appartenance au camp de la bourgeoisie française en voie de fascisation. Et son mépris des dizaines de salariés grévistes du JDD, qui ont pourtant perdu plus d’un mois de salaire. Sans oublier l’absence de compassion et de soutien à l’égard des 60 journalistes contraints de démissionner par acquis de conscience, car ils refusent de travailler sous la nouvelle rédaction fascisante dirigée par Geoffroy Lejeune. Quoique partis avec des indemnités, ils sont désormais chômeurs. Une bonne nouvelle : leur grève aura fait perdre au groupe Lagardère 3 millions d’euros du fait de la non-parution du JDD durant 6 semaines.
En tout cas, preuve de l’accointance idéologique avec la nouvelle rédaction fascisante du JDD, contrairement aux journalistes démissionnaires partis pour ne pas cautionner la nouvelle ligne éditoriale réactionnaire, la Macronie, représentée par sa ministre de la Ville, n’éprouve aucun scrupule à collaborer avec Geoffroy Lejeune et ses acolytes plumitifs fascistes.
Du reste, plusieurs voix du Rassemblement national (RN) se sont félicitées de cette parution version fascisante, opérée sous les auspices de la bienveillante et complaisante Macronie. «Bonne chance à Geoffroy Lejeune et à sa nouvelle équipe pour réveiller le JDD», a écrit l’eurodéputé RN Thierry Mariani. «Il était temps qu’un journal ose le dire», a commenté son collègue Gilbert Collard.
En revanche, cet adoubement gouvernemental du JDD a ulcéré plusieurs personnalités politiques de gauche. «Le gouvernement Macron avalise le coup de force du JDD», a commenté sur le réseau social X (anciennement Twitter) le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. «Leur conception de l’arc républicain est à l’aune de leurs intérêts. Ils en ont détruit le sens». «Une ministre macroniste ! Après avoir brillé par son silence sur la reprise en main du JDD par l’extrême droite, la Macronie accélère sa banalisation. Scandaleux !» a abondé Manon Aubry, eurodéputée.
Pour information, il est utile de rappeler que le sulfureux Mohamed Sifaoui, mis en cause pour avoir touché l’argent du Fonds Marianne, a longtemps émargé au JDD, tout en étant également consultant pour le ministère de l’Intérieur. Selon plusieurs sources, le pigiste Sifaoui a joué «le petit télégraphiste de Gérald Darmanin» pour abreuver le Journal du Dimanche en scoops. Il a rédigé de 2020 à 2022 une dizaine d’articles sur le ministère de l’Intérieur, et tout spécialement sur la politique de Darmanin vis-à-vis des islamistes.
Décidément, pour nourrir ses ambitions démesurées et alimenter ses comptes bancaires, Sifaoui mange à tous les râteliers. Il est devenu un vrai Français. Quand on connaît l’inclination naturelle du Français pour la Collaboration, on comprend mieux la propension de Sifaoui à collaborer avec tous les pouvoirs. Notamment le pouvoir macronien. Y compris avec ses ministres contestés pour leurs accointances avec l’extrême droite.
Mohamed Sifaoui, proche de la Macronie, proposera-t-il ses services collaborationnistes à la nouvelle direction fascisante du JDD ? Le copain de la République policière macronienne rejoindra-t-il la République des copains fascistes de JDD ?
K. M.
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