Chronique d’une déstabilisation annoncée ou les chimères d’un néocolonialisme moribond
Une contribution de Khaled Boulaziz – «Les chaînes du néocolonialisme ne se brisent pas d’un coup. Elles se desserrent lentement, au rythme de nos pas résolus vers la liberté.» (Julius Nyerere, homme d’Etat tanzanien). Au cœur des ténèbres d’un néocolonialisme perfide (1), les confabulations cousues par Victoria Nuland, cette prêtresse de la mort aux desseins cachés, suite à sa récente visite au Niger, se sont évaporées comme des ombres fugaces, dispersées dans l’obscurité, impuissantes à ébranler les assises inamovibles d’une réalité implacable sur le terrain.
Le devant de la scène est dominé par les manigances du camp du bien, l’Amérique, la CEDEAO, la France, qui entonnent des refrains d’injonctions vertueuses. Mais la fermeté des nationalistes du Niger, telle une force irrépressible, résiste aux chants ensorceleurs d’une diplomatie en dérive.
Les aspirations des pays africains de l’Ouest, conduits par le Nigeria, se sont élevées en un ultimatum suicidaire pour restaurer la démocratie à Niamey. Mais voilà, les cieux nigériens se sont fermés, les avions de la CEDEAO sont restés immobiles au sol, et le rugissement du lion n’a pas suffi à ébranler sa propre léthargie. De ce scénario paradoxal, les voix des puissants se sont perdues dans leur tumulte diplomatique.
Et alors que le rideau peigne à se lever sur cette mystification, un autre acteur entre en scène. Les Algériens, gardiens de toujours de leur propre seuil sud, refusent d’embrasser l’arène d’une nième guerre ouverte au Sahel. Les Français se sont retirés et ont été écartés de cette étendue vaste comme l’Europe, mais tourmentée comme les sables mouvants. Les ombres des pillards et les caravanes des marchands dictent les règles dans ce grand désert, où le pouvoir échappe toujours à la bonne gouvernance, comme des ancres jetées par les anciens colonisateurs.
Dans cette interminable saga, la voie choisie est celle d’une diplomatie, celle crayonnée par Antony Blinken, l’éminence grise du destin d’une hégémonie américaine agonisante. Les Français, englués dans le dilemme, ont quitté la scène, laissant derrière eux cette terre à ses propres maîtres, où les peuples se veulent désormais libres de toute tutelle. Le pays de Macron est en quête d’un destin, face à un trio de pays qui se sont tournés vers d’autres et nouvelles alliances.
Le panorama s’élargit, le conflit s’étend à d’autres horizons. L’Amérique, ragaillardie par une politique belliqueuse, provoque des tempêtes qui ne font que semer le chaos. Peu à peu, les amis et les alliés de cette démocratie en perte de repères se tournent vers les BRICS, le nouveau rapprochement où l’espoir de préserver la paix, l’intégrité et les valeurs authentiques brille.
Dans un univers parallèle, au-delà des vagues de l’océan, l’Afrique s’adonne à une métamorphose exaltante, une transmutation forgée dans l’ardent foyer du feu et du fer, comme l’exprimait avec poésie Sankara. Cependant, cette bataille n’est qu’un pan d’une vaste fresque de luttes mondiales. Les Américains, envoyant leur armada pour contenir l’Iran, sont animés par des mémoires amères, remontant à la gifle de 1979. Ainsi, dans un déjà vu, les eaux de la mer Rouge accueillent leurs vaisseaux, porteurs de tensions et de pressions, dans un ballet incertain.
Dans le chapitre de l’Afrique, une voix s’élève, celle du ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop. Ses mots résonnent comme une sagesse africaine éternelle, évoquant les cicatrices toujours béantes des interventions militaires dans d’autres contrées. Les désastres en Irak et en Libye ont laissé des empreintes indélébiles, témoins muets des conséquences de ces intrusions assassines.
Ainsi, l’histoire se déroule en un acte de déstabilisation, où les récits d’influence occidentale se heurtent aux voix de la souveraineté et de la dignité nationales. Les protagonistes, des puissants aux opprimés, cousent un récit complexe de défiance, de résistance et de quête d’indépendance. Dans ce drame aux multiples facettes, la scène se déplace, les rideaux se lèvent et se baissent, et les acteurs – les peuples, les nations – jouent leurs rôles, tissant l’étoffe du destin humain dans un théâtre mondial en perpétuel mouvement.
Irrévocablement inscrits dans les replis inévitables de l’histoire, les destins se courberont sous le poids du triomphe des volontés justes des peuples rebelles. Et là, les richesses ancestrales de l’Afrique, telles des trésors retrouvés, rentreront dans l’écrin des mains africaines, défiant avec audace les prédictions sombres des cabales d’hier et d’aujourd’hui.
K. B.
1- https://countercurrents.org/2023/08/queen-of-the-ukraine-coup-victoria-nuland-visits-Niger/
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