L’appartenance aux BRICS expliquée aux nuls d’Al-Magharibia et du Makhzen
Par Karim B. – Etait-il question qu’il fût annoncé l’adhésion de l’Algérie aux BRICS lors du Sommet qui vient de se clôturer à Johannesburg ? Non. Alors, pourquoi cet étonnement parfois teinté d’un sarcasme mal placé après l’annonce de l’élargissement de ce bloc à six nouveaux pays ? Une mauvaise communication mêlée à une mauvaise compréhension a conduit à un grand cafouillage. Les explications du président Tebboune ne semblent pas avoir été bien assimilées par l’opinion, tandis que les mêmes voix hostiles ont sauté sur l’occasion pour crier à l’humiliation. Alors, qu’en est-il vraiment ?
Le choix de l’Algérie est fait et l’accord de principe des pays fondateurs des BRICS est acquis. L’Algérie fera bel et bien partie de ce groupement économique mais à une date qui sera fixée ultérieurement lorsque les conditions d’adhésion seront remplies. Pour le moment, en dépit des discours triomphalistes et excessifs, notre pays n’a pas encore suffisamment avancé pour pouvoir prétendre à un siège au sein de cette organisation alternative créée pour mettre fin à l’hégémonisme occidental. Tebboune a été clair dans sa réponse aux journalistes lors d’une de ses interventions télévisées, annonçant une probable adhésion fin 2024 si les prévisions annoncées sont atteintes.
Sur le terrain, à dire vrai, le pays tâtonne. Contrairement aux annonces surfaites, les mêmes problèmes qui ont empêché le pays de décoller persistent, au premier rang desquels les réflexes bureaucratiques ataviques dont le pays n’arrive toujours pas à se défaire, la propension à la prévarication et au gain facile, preuve en est ces centaines de milliers d’euros saisis dans nos ports et aéroports, résultat de tentatives de fuite de capitaux le plus souvent à destination de la Turquie.
Par ailleurs, une confusion semble également avoir concouru à fausser la compréhension des indices économiques, beaucoup d’Algériens ne comprenant pas comment un pays comme l’Ethiopie auquel l’Algérie a effacé la dette et qui, dans les années 1980, souffrait de la famine, a pu être accepté au sein des BRICS avant le pays donateur et actionnaire à la Nouvelle Banque de développement dirigée par l’ancienne présidente du Brésil Dilma Rousseff, ou encore l’Egypte où la pauvreté enregistre des chiffres record, le Brésil et l’Afrique du Sud où la criminalité atteint des proportions invraisemblables et l’Inde où le système anachronique des castes fait que 500 millions d’Indiens ne disposent pas de toilettes et défèquent en plein air ou dans des fosses de fortune que les parias vident à mains nues.
Les critères de sélection, dans quelque domaine que ce soit, sont rarement objectifs, et l’Algérie devra faire avec et se mettre sérieusement au travail pour se sortir du sous-développement dans lequel l’ont plongée les gouvernements successifs, qui ont péché par une absence criante de culture de l’Etat, les règlements de comptes, les calculs politiciens étroits, le régionalisme, le népotisme et la concupiscence.
Une année est-elle suffisante pour transcender tous ces maux vieux de plusieurs décennies ? Impossible. Mais, comparé aux pays cités plus haut, il va de soi que le nôtre n’est pas le moins bien loti.
K. B.
Comment (35)