Comment un général français a expliqué la non-adhésion de l’Algérie aux BRICS
Par Houari A. – «Certes, l’adhésion de certains pays [aux BRICS] est repoussée d’un an ou deux. C’est incontestablement le cas de l’Algérie, alliée à la fidélité indéfectible, dont le PIB est supérieur à celui de l’Ethiopie. C’est justement parce qu’elle ne pose pas de problème urgent à résoudre qu’elle peut attendre une ou deux années de plus. Se souvenir que l’Iran a su attendre douze ans avant d’être finalement admis, d’abord dans l’OCS, puis dans les BRICS. Je ne pense pas que l’Algérie attende aussi longtemps son tour», a affirmé le général à la retraite Dominique Delawarde.
S’exprimant dans un entretien à Jazair Hope, l’officier supérieur français, harcelé par les médias et la justice de son pays pour ses positions foncièrement opposées à l’establishment, explique ainsi que les raisons qui ont présidé au choix des six pays à l’exclusion d’autres n’obéissent en rien à des considérations éminemment économiques, mais géostratégiques, l’Algérie étant, selon lui, dans une situation confortable et stable qui lui permet d’attendre encore avant d’accéder à ce bloc, dont on commence à entrevoir les failles et les contradictions, notamment suite aux justifications bancales des dirigeants des pays qui le composent.
«L’Iran était probablement le candidat le plus assuré d’entrer dans les BRICS parce qu’il appartient aussi à l’Organisation de coopération de Shanghai, comme la Chine, la Russie et l’Inde», décortique le général Delawarde, selon lequel «la réconciliation entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, obtenue sous l’égide de la Chine, est dans l’intérêt supérieur des BRICS [qui] avaient tout intérêt à stabiliser cette réconciliation pour éviter tout retour en arrière de la part de l’Arabie Saoudite et des Emirats». «S’agissant de l’Argentine et de l’Egypte, a-t-il fait constater, il est important qu’elles choisissent leur camp et s’y tiennent [et] l’adhésion aux BRICS va les y aider.» Quant à l’Ethiopie, «le meilleur moyen d’apaiser les tensions [avec l’Egypte] n’est-il pas de les admettre simultanément aux BRICS pour gérer le problème de l’exploitation du Nil avec des moyens financiers et humains beaucoup plus importants ?» a-t-il interrogé.
La position importante que l’Algérie occupe dans le monde avait été mise en avant par cet ancien patron du renseignement électronique français lors du soulèvement populaire pacifique du 22 février 2019, dont il affirmait qu’il ne croyait pas à sa «spontanéité». «Aucun des deux grands camps qui s’opposent aujourd’hui dans le monde ne peut être indifférent à ce qui se passe en Algérie. L’ingérence étrangère y est donc plus que probable, le contraire serait surprenant», avait-il souligné, en ajoutant que «ceux qui s’ingèrent sont ceux qui y ont un intérêt et qui en ont les moyens».
Le général Delawarde, qui était en charge de la cyberguerre à l’état-major interarmées de planification opérationnelle, avait affirmé avoir «beaucoup travaillé sur le dossier algérien», lorsqu’il était en fonction, et avoir «continué de le suivre depuis». Pour lui, la réponse aux événements politiques de l’époque se trouvait «dans un contexte géopolitique qui dépasse largement les frontières de l’Algérie». «L’Algérie est un grand pays [qui] a su rester indépendant, contrairement à de nombreux Etats arabes qui se sont, peu ou prou, rapprochés de la coalition occidentale», avait-il observé.
H. A.
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