Il s’est réuni avec la CIA : comment Dbeibah a trahi la confiance de l’Algérie
Par Karim B. – L’affaire de la rencontre secrète qui a eu lieu à Rome entre la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush, et son homologue israélien, Eli Cohen, n’en finit pas de révéler de nouvelles données qui avaient jusque-là été frappées du sceau de la confidentialité. Pendant que les Saoudiens négocient à Washington les conditions d’une normalisation avec Israël, à Tripoli, les services du renseignement américain, la CIA, se réunissaient avec Abdelhamid Dbeibah pour le forcer à rejoindre le camp des normalisateurs.
Fragilisé par son illégitimité et ne tenant que grâce au soutien militaire et politique du régime islamiste de Recep Tayyip Erdogan, le chef du gouvernement de l’Ouest n’a pas les coudées franches pour s’opposer au diktat de ses mentors turc et américain qui exercent leur influence en Libye où plusieurs puissances étrangères se disputent les richesses souterraines. C’est donc contraint qu’il a répondu à l’ordre de faire son allégeance à l’Etat hébreu. L’opération, qui devait être entourée du secret le plus absolu en raison du refus des Libyens de tout rapprochement avec Israël, a été éventée par Tel-Aviv via son média officieux i24 News pour des raisons qui restent à déterminer. Il pourrait s’agir, selon des sources proches du dossier, de désaccords qui auraient empêché la poursuite des pourparlers et de craintes manifestées par Dbeibah face à un rejet populaire qui le pousserait vers la porte de sortie.
Selon Associated Press, Abdelhamid Dbeibah s’est réuni début janvier avec le parton de la CIA, William Burns, pour organiser la rencontre qui se déroulera sept mois plus tard en Italie entre les chefs de la diplomatie libyen et israélien sous l’égide du gouvernement italien, pays lié historiquement à la Libye qu’elle a colonisée de 1911 à 1947. L’agence de presse américaine, qui se réfère à «deux hauts responsables libyens» ayant requis l’anonymat, indique que de longs préparatifs ont précédé la rencontre de Rome et que le feu vert a été donné par Dbeibah en juillet dernier lors de sa visite en Italie, ajoutant que les derniers détails avant le rendez-vous romain entre Najla Mangoush et Eli Cohen ont été réglés «une semaine auparavant».
Selon les sources libyennes d’Associated Press, la ministre des Affaires étrangères a rendu compte de son entrevue avec son homologue israélien qui a duré deux heures à Abdelhamid Dbeibah, en précisant que cette démarche s’inscrit en droite ligne dans les efforts déployés par les Etats-Unis pour rallier la Libye au camp des pays arabes impliqués dans le processus de normalisation avec l’entité sioniste. De leur côté, des sources italiennes ont fait savoir que les responsables libyens et israéliens étaient en contact bien avant la rencontre de Rome sans que l’Italie ait joué un quelconque rôle d’intermédiaire entre les deux parties, expliquant qu’elle n’a fait que répondre à une demande formulée par les concernés pour mettre à leur disposition un lieu pour y tenir leur réunion.
Les émeutes qui ont éclaté à Tripoli et dans d’autres régions de la Libye finiront par faire tomber celui qui a trahi la confiance qui a été placée en lui par l’Algérie, bien que, de sources sûres, les autorités algériennes se méfient comme de la peste de ce trublion qu’un accident de l’histoire a porté au pouvoir. «Le soutien de l’Algérie au gouvernement de Tripoli est moins un appui à son chef qu’un alignement par défaut sur la légalité internationale», insistent nos sources.
N. D.
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