Vers l’expulsion de l’attaché militaire des Emirats arabes unis pour complot ?
Par Abdelkader S. – Les relations entre l’Algérie et les Emirats arabes unis sont-elles en train d’atteindre un point de non-retour ? C’est, en tout cas, ce que laisse entendre un second brûlot contre le régime des Al-Nahyane publié ce lundi par le quotidien arabophone El-Khabar. «Il semble que les dirigeants d’Abu Dhabi persévèrent dans leur hostilité envers l’Algérie dont ils menacent la sécurité et les intérêts stratégiques et persistent, à travers leurs dangereux dérapages successifs, dans leur volonté de pousser vers la rupture des relations bilatérales», écrivent nos confrères. «La poursuite de cet affront à l’intérieur comme à l’extérieur du pays ne s’exprime plus par médias interposés mais se manifeste ouvertement», poursuit El-Khabar dont le sérieux et le professionnalisme ne sont pas à mettre en doute pour laisser supposer que l’article battrait de l’air.
«Ces pratiques hostiles sont un signe que les relations entre les deux pays frère se dirigent vers l’inconnu et le choix de la retenue qu’adopte l’Algérie depuis un certain temps déjà ne saurait durer encore longtemps», avertit le journal qui cible directement l’attaché militaire émirati à Alger, au grade de colonel, dont les mouvements sont suspects et les déclarations devant ses homologues de plusieurs pays européens provocateurs. Selon le journal, cet officier répéterait à qui voudrait l’entendre qu’en cas de guerre entre l’Algérie et le Maroc, sont pays soutiendrait le régime de Rabat «par tous les moyens dont il dispose».
«Les informations concernant l’attitude douteuse de cet attaché militaire ne sont pas des supputations ou des hypothèses, mais un fait établi confirmé par les actions et les propos d’officiels émiratis et traduit par la récente livraison d’avions de guerre de toute dernière génération, de fabrication française de type Mirage-9000, au Maroc, auxquels s’ajoutent des équipements d’espionnage déployés par l’armée marocaine le long des frontières algériennes aux fins d’intercepter les communications à l’intérieur du territoire algérien», note El-Khabar.
En juillet dernier, le même journal faisait constater que les dirigeants des Emirats arabes unis ont commis une série d’actes inamicaux envers l’Algérie qu’ils s’emploient à déstabiliser pour le compte du Maroc, ajoutant qu’Abu Dhabi a pratiqué un chantage sur le président tunisien pour qu’il rompe ses relations avec son voisin de l’Ouest et exercé des pressions sur la Mauritanie pour rallier la cohorte des normalisateurs et établir des relations avec l’entité sioniste. Enfin, révélait encore El-Khabar, les services secrets émiratis ont tenté d’introduire d’immenses quantités de psychotropes en Algérie par la frontière terrestre libyenne.
Un mois plus tard, Abdelkader Bengrina s’en prendra violemment à cette monarchie du Golfe en marge de la conférence pour le renforcement du front intérieur contre les menaces extérieures, organisée au Club des Pins, à Alger. Le candidat à la présidentielle de décembre 2019 n’a pas cité cet Etat nommément mais il y a fait une allusion directe, en parlant d’un «pays arabe» qui agit pour le compte d’Israël. «Je dois être clair. Je le dirai maintenant et ce sera la dernière fois que je parlerai de ce sujet. Il y a une entité fonctionnelle, hélas arabe, là où elle va elle provoque la désolation», avait-il martelé.
«Cette entité s’est rendue au Maroc et l’a retourné contre l’Algérie bien que ces deux pays soient liés par une longue histoire, elle a essayé au Mali et au Niger, elle a provoqué une perte de contrôle de la situation en Libye», avait renchéri le président du parti Al-Bina, en ajoutant : «Dans tout pays arabe où les responsables de cette entité se rendent, ils incitent à la normalisation avec l’Etat sioniste, et là où celui-ci s’installe, il représente une menace de dislocation de la nation arabe».
«Je suis certain que son but [le régime d’Abu Dhabi, ndlr] en Tunisie était d’obtenir une normalisation [avec Israël, ndlr], mais cela n’arrivera jamais tant que le président Kaïs Saïed est à la tête de ce pays frère, avait encore dit Abdelkader Bengrina, en estimant que «s’ils [les Emiratis, ndlr] échouent à faire plier l’Etat tunisien, ils n’hésiteront pas à créer un sectarisme politique en Tunisie pour détruire le tissus social, désagréger le front intérieur, tout en œuvrant à mettre en place un autre type de normalisation artistique, culturel, médiatique ou autre, en achetant les consciences comme ils l’ont fait ailleurs». «C’est pour cela que j’ai dit que l’Algérie doit être vigilante pour être aux côtés du président tunisien et le soutenir dans sa position constante qui consiste à empêcher cette entité de s’infiltrer dans les rangs tunisiens et d’y provoquer une discorde entre les Tunisiens, comme elle l’a fait en Libye, au Yémen, en Syrie et dans plusieurs autres pays», avait-il appuyé.
Algeriepatriotique avait vu dans cette déclaration incendiaire une mise en garde officieuse de l’Algérie à l’endroit de l’homme fort d’Abu Dhabi, Mohamed Ben Zayed. Le second article d’El-Khabar semble confirmer cette tendance à l’antagonisme et pourrait augurer l’expulsion de l’attaché militaire émirati ou, à tout le moins, une exigence de son rappel par les autorités de son pays.
A. S.
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