Les priorités du mandat de l’Algérie au sein du Conseil de sécurité de l’ONU
Une contribution de Mohamed-Salah Benteboula – La 78e session de l’Assemblée générale des Nations unies s’est ouverte ce mardi 5 septembre, sous le thème : «Rétablir la confiance et raviver la solidarité : accélérer l’action menée pour réaliser le Programme-2030 et ses objectifs de développement durable en faveur de la paix, de la prospérité, du progrès et de la durabilité pour tous». Le volet de l’Assemblée générale officiellement connu sous le nom de «débat général» commence le 19 du mois courant. Cet événement est marqué par l’élection des nouveaux membres non-permanents du Conseil de sécurité qui entameront leur mandat à partir du 1er janvier 2024 pour une durée de deux ans.
Trois pays du continent africain y seront représentés en 2024 : l’Algérie, le Mozambique et la Sierra-Leone. Dans le contexte des défis politiques et sécuritaires auxquels sont confrontés les Etats membres de l’Union africaine (UA), la priorité du prochain mandat de l’Algérie au sein du Conseil de sécurité est de renforcer la coordination politique avec le Mozambique et la Sierra-Leone. La coprésence des trois pays unis par la situation géographique présente l’atout d’être les interlocuteurs des BRICS dans le renforcement de la coopération internationale.
Sur ce point, l’élargissement des BRICS était en tête de l’ordre du jour du 15e Sommet qui s’est déroulé à Johannesburg (Afrique du Sud) au mois d’août dernier – six nouveaux membres, mais l’Algérie n’y figure pas. A cet égard, il est paradoxal d’observer qu’une partie de la presse évoque un subterfuge lancé par un pays occidental qui aurait servi à rejeter la candidature de l’Algérie aux BRICS, alors que des commentateurs et des analystes constatent le déclin de l’Occident qui entraînerait un nouvel ordre mondial post-occidental. Ce nouvel ordre mondial qui reste au stade déclamatoire et dont les contours ne sont guères définis.
Parmi les priorités du mandat de l’Algérie au Conseil de sécurité figure également la réforme du Conseil de sécurité conformément aux recommandations du «consensus d’Ezulwini» de l’UA de 2005 : attribuer au moins deux sièges permanents au continent africain au sein du Conseil de sécurité et porter sa représentativité au niveau des sièges non-permanents au sein de cette instance de 3 à 5. Dans un de mes précédents articles (*), j’ai évoqué le désaccord potentiel sur les critères d’attribution des deux sièges permanents pouvant les rendre incompatibles avec la promotion du panafricanisme.
A ce titre, la nouvelle approche adoptée par le gouvernement pour consolider l’aspect développement, à travers le financement et la réalisation de projets de développement dans le voisinage africain, sous la direction de l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement (ALDEC), est révélatrice par l’absence de rapport annuel écrit sur la situation générale de la coopération et par l’absence de site officiel. Se pose la question de la perspective évaluative de l’ALDEC.
Cette question, ainsi que de nombreuses autres, consacre les défis de la politique étrangère du pays. L’avenir des enjeux diplomatiques est tributaire des études prospectives sur la base des principes panafricanistes mentionnés dans l’Agenda-2063 de l’UA en lien avec l’Agenda-2030 qui fixe 17 objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU.
(*) Le consensus d’Ezulwini peut-il promouvoir le panafricanisme au sein de l’ONU ? Article paru le 8 août 2022 dans Algeriepatriotique.
M.-S. B.
Géographe
Ndlr : Le titre est de la rédaction. Titre originel : Les enjeux de la rentrée diplomatique de l’Algérie
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