Ce que révèle le violent tremblement de terre qui a frappé la ville de Marrakech
Par Abdelkader S. – Images lunaires de la ville rouge coupée en deux. Celle des riads cossus situés à l’intérieur de la médina, occupés par les nouveaux colons français qui partent s’installer à Marrakech pour y couler une retraite paisible, entourés d’une pléthore de domestiques et autres serviteurs marocains, et celle des maisons en terre crue qui se sont littéralement effritées par la secousse tellurique qui a frappé la région.
Le séisme de Marrakech a dévoilé au grand jour la face cachée de cette ville, présentée comme LE lieu touristique à ne pas manquer de visiter lors d’un séjour au Maroc. Il a également mis à nu le manque criant de moyens dans ce pays dont les moucherons des services secrets de Hammouchi et Mansouri ont été actionnés pour dénigrer l’Algérie lors des terribles incendies qui ont ravagé certaines régions du pays, l’été dernier et celui d’avant. Ne s’embarrassant d’aucun scrupule, ces Marocains se sont mis à vanter les équipements en possession de l’Etat qui «auraient pu sauver des vies» si les autorités algériennes «n’avaient pas repoussé la main tendue» par le roi du Maroc et l’aide proposée par le Makhzen.
Les calamités naturelles n’épargnant aucun pays et aucun peuple, on assiste aujourd’hui à un véritable désastre chez nos voisins de l’Ouest dont les habitants des zones sinistrées déplorent les lenteurs, voire l’absence des secours plusieurs heures après le cataclysme d’une rare violence qui a secoué le centre et l’ouest du royaume. «Nous sortons nos morts et nos blessés des décombres en creusant avec la seule force de nos bras», s’écrie ce citoyen, toujours sous le choc. «Envoyez-nous les ambulances, de grâce, partagez nos vidéos pour que notre message parvienne aux responsables !», supplie cet autre, en montrant ses mains poussiéreuses.
«La colère de Dieu s’est abattue sur Marrakech à cause de la luxure que les dépravés occidentaux, français notamment, au goût immodéré pour les plaisirs immoraux, y pratiquent avec la bénédiction du régime honni», raisonnent les superstitieux qui voient dans cette calamité naturelle, dont la violence inouïe est sans précédent, «l’occasion ou jamais de changer les choses une fois que le choc sera passé, que les morts seront enterrés et que la vie reprendra un semblant de normalité après ce terrible drame». «Plus rien ne sera comme avant à Marrakech !», jurent des sinistrés qui se sentent abandonnés, cependant que les chaînes françaises se préoccupent des ressortissants hexagonaux auxquels le ministère marocain de l’Intérieur a été instruit d’accorder la priorité absolue, au regard de ce qu’ils représentent : une manne financière pour le roi et sa cour à ne surtout pas perdre.
Le séisme a-t-il sonné le glas d’une époque d’épicurisme imposé aux habitats de Marrakech, réduits au rang d’esclaves des temps modernes et dédiés à la satisfaction des besoins des ploutocrates locaux et des nantis étrangers, nombreux à s’installer dans ce désert au décor de façade des Mille et une nuits, trompe-l’œil qui masquait la triste évidence jusqu’à cette nuit fatidique du 8 septembre où la peinture qui donnait à distance l’illusion de la réalité s’est écaillée, laissant entrevoir la sous-couche naturelle, celle du Marrakech miséreux qu’on cachait au monde ? La réponse est entre les mains des sujets marocains. Sont-ils décidés à s’extraire enfin de leur état d’ilotes et de se débarrasser une fois pour de bon de l’héritage pervers légué par le maréchal Lyautey ?
A. S.
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