Réponse cinglante à Edouard Philippe après sa sortie controversée sur l’islam
Par Kamel M. – Des intellectuels français se sont élevés contre la dernière sortie de l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, qui a appelé à régenter l’islam en France en le mettant sous la tutelle de l’Etat, en instaurant un «régime particulier» sous la forme d’un «concordat» qui permettrait au pouvoir d’intervenir directement dans l’organisation du culte musulman. Le candidat dit favori à la présidentielle française de 2027 cherche assurément à puiser dans l’énorme gisement électoral de la droite et de l’extrême-droite.
«Hantise de l’islam, jusqu’où oseront-ils aller ?» titrent, en effet, les auteurs d’une tribune parue dans L’Obs. Edouard Philippe «pense qu’un jour cette question d’une organisation spécifique, avec des obligations particulières imposées aux fidèles et aux responsables des communautés musulmanes, sera posée. Ainsi, il se dit certain que l’idée de proposer une forme de concordat reviendra sur la table», écrivent-ils, en estimant qu’«il faut prendre la mesure de ces propos». «C’est la première fois qu’un responsable politique de ce niveau envisage explicitement un traitement différencié des religions et une remise en cause aussi brutale de la loi de 1905 [sur la laïcité]», font-ils remarquer.
«Il s’agit, en rupture complète avec la loi de 1905 d’une volonté de contrôle d’une religion par la puissance publique et donc de la fin de la séparation entre religieux et politique, puisque le pouvoir aurait la possibilité, selon les mots mêmes d’Edouard Philippe, de dire son mot sur l’organisation du culte musulman. Il s’agit aussi d’une rupture dans l’égalité de traitement des religions puisque l’islam serait traité différemment», notent ces universitaires et militants de droits humains.
«Cette position nous en rappelle une autre : le refus des gouvernements de l’époque et des autorités coloniales d’appliquer dans les colonies et en particulier en Algérie la loi de 1905, et ce, malgré la demande des responsables musulmans», rappellent-ils, en ajoutant que «les autorités coloniales préféraient, en effet, maintenir un contrôle étroit sur tous ceux qui étaient soumis au code de l’indigénat, à tel point que le terme musulman a pris, à l’époque, une connotation ethnique».
«Au-delà même de la remise en cause de la loi de 1905, c’est de l’égalité des citoyennes et citoyens devant la loi dont il est ici question. Ce que défend Edouard Philippe est tout simplement de remettre aussi en cause ce principe fondamental, puisque, selon leur religion, ils ne seraient pas traités de la même façon», soulignent les signataires de la réplique, qui entrevoient dans cette approche de l’ancien Premier ministre «où aboutit la hantise de l’islam et une islamophobie qui maintenant s’assume sans vergogne».
«Ainsi, Edouard Philippe nous dit que l’islam est travaillé par des aspirations obscurantistes. C’est vrai, mais ni plus ni moins que les autres religions. Sans même aller loin avec l’intégrisme hindouiste de Modi, reçu en grande pompe en France, n’y a-t-il-pas de fortes tendances intégristes dans le judaïsme et le christianisme ?», interrogent-ils, dubitatifs, en insistant sur le fait que «toutes les religions sont en permanence traversées par des conflits internes entre des conceptions totalitaires qui visent à imposer leur dogme à la société et celles qui en respectent la diversité».
Fausse note dans cette réponse judicieuse à Edouard Philippe, l’intrusion du président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), l’inénarrable Patrick Baudouin qui, lui, ne défend pas l’islam mais les islamistes extrémistes et leur projet théocratique moyenâgeux à des fins de déstabilisation.
K. M.
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