Pour la fin des oligarchies européo-états-uniennes
Une contribution de Kaddour Naïmi – Est-ce un hasard si l’héroïque et exemplaire action des patriotes palestiniens contre le criminel («appelons un chat un chat et un fripon un fripon», Boileau) colonialisme sioniste rappelle l’autre héroïque et exemplaire action, celle du Têt en 1968, de la résistance populaire vietnamienne contre le criminel des criminels impérialismes, celui états-unien ? Certes, l’offensive du Têt coûta au peuple vietnamien beaucoup de morts et ne déboucha pas sur la victoire, mais cette opération constitua le jalon symbolique ; il aboutit à chasser du pays de manière honteuse l’armada impérialiste «démocratique» en paroles, nazie en actes.
Un étonnement étonne : celui des personnes qui reconnaissent le droit légitime des Palestiniens à combattre le colonialisme sioniste israélien, mais sont surprises par la réaction des dirigeants «occidentaux» qui, d’une seule voix, qualifient les Palestiniens de «terroristes», de «sauvages», et considèrent les Israéliens comme d’«innocentes victimes» qui doivent «défendre leur nation, leurs soldats et leurs civils». Mais jamais ces «Occidentaux» ne rappellent que cette nation, «la seule démocratie au Moyen-Orient», est née dans le sang du peuple palestinien, continue à exister dans le sang du peuple palestinien, veut se perpétrer dans le sang du peuple palestinien, comme les nations européennes se sont enrichies dans le sang des peuples agressés, comme la nation états-unienne est née et s’est perpétuée dans le sang des peuples amérindiens. Un sanguinaire peut-il reconnaître son crime ?
Et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ne doit-il pas s’appliquer au peuple palestinien ? Et les résolutions de l’ONU reconnaissant le droit du peuple palestinien à un Etat autonome, pourquoi reste-t-il un bla-bla sans application ?
Depuis le commencement de l’humanité
Dans l’histoire de l’espèce humaine, depuis l’apparition du premier individu dominateur-exploiteur, du premier clan dominateur-exploiteur, de la première oligarchie dominatrice-exploiteuse, de la première nation dominatrice-exploiteuse, ne constate-t-on pas le même scénario ? Les dominateurs-exploiteurs agressent, massacrent, «génocident», «holocaustent», en proclamant, la main sur le cœur de prédateur, agir, selon l’époque historique, au nom de «Dieu», de la «civilisation», de la «démocratie», de la «liberté», de la «vie», de la «nation», de la «patrie», de l’«ordre», des «règles». Et ils accusent leurs victimes d’être des «hérétiques», des «barbares», des «sauvages», des «totalitaires», des «terroristes», des «sans-patrie», des «anarchistes», des «schizophrènes». Toujours la même rengaine depuis l’apparition de la domination : les criminels se proclament «libérateurs» et stigmatisent leurs victimes comme «oppresseurs».
Rien de changé sous le soleil, depuis cinq siècles. Sauf ceci : depuis cinq siècles, les «Blancs civilisés et chrétiens d’Europe», plus exactement leurs oligarchies dominantes-exploiteuses, ne se contentèrent plus de sucer le sang et la sueur de leur propres peuple, ils cherchèrent à sucer le sang et la sueur d’autres peuples. Ces oligarchies vampires finirent par «découvrir» les terres de la planète où ils agressèrent, massacrèrent, «génocidèrent», «holocautèrent», réalisèrent la «solution finale» de peuples entiers, s’emparèrent de leurs terres, du contenu de ces terres, et réduisirent en esclavage la partie de peuple nécessaire comme main-d’œuvre.
Parmi les peuples européens, une toute petite minorité dénonça ce colonialisme et refusa de profiter du butin volé suite à des crimes contre l’humanité.
Ce qu’on appelle les Etats-Unis furent l’avatar le plus moderne de ce crime des oligarchies européennes contre l’humanité, l’avatar le plus sanguinaire, le plus cynique : né dans le crime contre les peuples indigènes, il a continué à exister dans le crime contre la partie prolétaire-paysanne de son territoire, et dans le crime contre d’autres peuples.
Puis se créa Israël, le dernier phénomène colonialiste, «le poste avancé de la civilisation occidentale au Moyen-Orient», imposé par le terrorisme des groupes Stern et Haganna, avec la complicité des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, légitimé par la tragédie de la «solution finale» dont furent victimes les juifs de la part d’oligarchies européennes, et qui, depuis sa naissance, poursuit son expansion territoriale par une nouvelle forme de «solution finale» contre le peuple palestinien. Soixante-quinze ans d’oppression, d’accaparement forcé de terres, de maisons, d’eau, de profanation de mosquées, de refus de reconnaître un Etat à ce peuple, de violation du droit international, de mépris pour les décisions de l’ONU, jusqu’à l’apartheid actuel. L’habituelle arrogance coloniale, l’habituel mépris pour les «indigènes», l’habituelle indignation devant leurs révoltes «sauvages».
Oligarchies européo-états-uniennes
Confucius attira l’attention sur la nécessité d’employer les mots corrects. Boileau précisa : «Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement.» En effet, les mots pertinents permettent une compréhension exacte de la réalité, une action judicieuse.
Dès lors, pourquoi des auteurs sérieux, anti-impérialistes, utilisent «Occident» ou «Occident collectif» ? Bien entendu, ça fait moderne, post-moderne, chic ! Ça donne l’impression d’intelligence élitaire.
Ces auteurs ne comprennent-ils pas qu’«Occident» ou «Occident collectif» ne signifie rien ? Pire encore, ces mots servent les impérialistes pour semer la confusion, manipuler, présenter les conflits en termes géographiques ou «civilisationnels» (voir l’idéologue impérialiste Samuel Huntington). Le nom exact des dominateurs-exploiteurs de la planète est «oligarchies européo-états-uniennes». On objecterait : et le Japon, la Corée du Sud, Taïwan ? Des oligarchies nationales laquais des oligarchies impérialistes.
Celui qui hausserait des sourcils ironiques devant les expressions «dominateur-exploiteur» et «dominé-exploité», en les considérant comme passées de mode, hausserait-il encore ses sourcils en considérant comme passés de mode les mots tels «équation», «atome», «oxygène» ? Autrement dit, quand un mot définit correctement une réalité, pourquoi le changer ?
Le présent du passé
– Meli : Et comment pourraient coïncider nos intérêts : nous faits esclaves et vous à nous dominer ?
– Athéniens : A vous reviendrait la fortune de vivre en sujets, avant de souffrir des châtiments plus cruels, et pour nous ce serait un gain de ne pas vous avoir anéantis (Thucydide, La guerre du Péloponnèse).
« […] La maigreur qui nous afflige, le spectacle de notre misère, est un inventaire qui montre leur opulence ; notre détresse est profit pour eux. […] Ils nous laissent mourir de faim quand leurs magasins regorgent de grains, font des édits en faveur de l’usure pour soutenir les usuriers, rejettent chaque jour quelque acte salutaire établi contre les riches, et promulguent des statuts chaque jour plus vexatoires pour enchaîner et asservir les pauvres. Si les guerres ne nous dévorent pas, ils s’en chargeront. (Shakespeare, Coriolan).
Par la mémoire du passé, le présent se comprend, se prépare le futur. Les oligarchies européo-états-uniennes, avec le consensus de la partie de leurs citoyens qui en profitaient, se sont développées par : 1) la répression des droits légitimes de la partie travailleuse exploitée de leur nation ; 2) l’agression impérialiste contre d’autres peuples de la planète.
Ainsi naquit l’hégémonie prédatrice des oligarchies européennes. Leur esprit retors transforma l’invention de la poudre, utilisée par les Chinois pour fabriquer des feux d’artifice, en poudre à canon pour mater la révolte de leur classe laborieuse exploitée, et agresser d’autres peuples. Ainsi, ces oligarchies européennes s’enrichirent au détriment de leurs classes travailleuses et d’autres peuples du monde.
Quand la classe travailleuse européenne se révolta pour réclamer une part du butin impérialiste, les oligarchies se virent contraintes de concéder les miettes : elles transformèrent les syndicats en complices et les idéologues et propagandiste des médias en chiens de garde.
Rappel. Le colonialisme français en Indochine prit fin par la magnifique épopée vietnamienne de Dien Bien Phu. Le même colonialisme en Algérie prit fin par la Guerre de libération nationale et sous la pression des familles françaises dont les fils étaient tombés sur le champ de bataille contre les résistants algériens. L’agression impérialiste états-unienne au Vietnam prit fin par la victoire militaire du peuple vietnamien et sous la pression des familles états-uniennes dont les fils tombèrent sur le champ de bataille. Qu’est-ce à dire ? Que le peuple israélien reconnaîtra le droit des Palestiniens à une patrie quand les familles israéliennes verront leurs enfants soldats ou civils victimes à leur tour des victimes palestiniennes, militaires et civiles, de l’oppression coloniale israélienne.
Les dominateurs-exploiteurs comprennent un seul langage, celui de la violence : quand ils sont forts, ils l’utilisent sans état d’âme ; quand cette violence s’exerce comme contre-violence à leur détriment, ils s’y plient. Tout leur vocabulaire sur la «paix» est romain antique : la pax romana, la domination par les armes.
Inutile, stupide, naïf de s’étonner des proclamations outrées des représentants politico-médiatiques des oligarchies prédatrices. Ils jouent leur infâme rôle, payés pour bien l’accomplir.
Aux défenseurs des intérêts des peuples de démasquer ce rôle afin que les gens manipulés découvrent la tartuferie, la comprennent comme intrinsèque à ces carnassiers au visage humain, au sourire de crocodile, aux yeux de tigre affamé de richesses illimitées.
Par conséquent, s’étonner de l’hypocrisie des marionnettes des oligarchies laisserait croire à l’existence d’une conscience chez ces marionnettes, d’une sensibilité à la justice, d’un sens de la vérité. Peut-on attendre d’un psychopathe un raisonnement sain, le remords ? La cruauté est son mode opératoire, l’arrogance sa justification, le déni son langage. «Réduire le Vietnam à l’âge de pierres !», menaçait un haut officier états-unien. «Se comporter en chien enragé à craindre», déclara le général Moshé Dayan, «Shock and Awe» (frappe et terrorise) se nommait l’opération de bombardements de l’aviation anglo-états-unienne sur l’Irak, «Chaos créatif», entendons guerre et souffrances, s’appelle la stratégie états-unienne actuelle pour créer l’«ordre» nouveau «selon les règles», imposé par l’oligarchie hégémonique états-unienne. La mentalité carnassière du capitalisme, dans sa phase impérialiste, dépasse en cruauté et en cynisme toute les dominations précédentes. Que sont les massacres d’Attila en comparaison des bombes d’Hiroshima et de Nagasaki ?
Le Minotaure, ça dit quelque chose ? Il ne pouvait vivre qu’en dévorant des êtres humains. De tout temps et partout, les dominateurs-exploiteurs, au sein de leur nation comme contre d’autres nations, agissent de la même manière : ils clament haut et fort la défense de leurs existence, «niveau de vie», «way of life», «développement», «richesses», «progrès», «culture», «civilisation», «démocratie», «liberté», etc., en occultant que cette défense est en réalité une attaque contre les mêmes valeurs niées aux peuples dominés-exploités. L’enrichissement des uns provient de l’appauvrissement des autres, le premier assuré par la violence des armes, légitimé par les lois instituées par le plus fort et le langage adéquat. Durant le génocide des peuples amérindiens, les colonisateurs européens appelaient «victoire» leurs massacres de résistants indiens, et «massacres» les victoires de ces derniers. Partout, les dominateurs appellent «légitime défense» leurs exactions, et «terroristes» ceux qui les combattent.
Alors, les Macron, Biden, Netanyahou et autres marionnettes, mises là où elles sont par les maîtres de leurs oligarchies financières respectives, faut-il s’étonner de leurs jacassements ? S’il faut s’étonner, ce n’est pas de leur soutien unanime au criminel colonialisme sioniste en Palestine, mais constater que la bête impérialiste enfante toujours, tant qu’elle n’est pas neutralisée par la lutte des peuples pour la dignité humaine.
Veut-on constater jusqu’où ose le cynisme des oligarchies en question ? Jéhovah aurait autorisé les juifs à massacrer les Cananéens pour occuper leur territoire, les colonialistes romains ont chassé les juifs de Palestine, les Européens les ont ostracisés dans des ghettos, puis tenté de résoudre le problème par la «solution finale» dans les fours crématoires, les mêmes Européens refusèrent d’accueillir les rescapés dans leur pays, ils leur «offrirent» le retour en Palestine, décrétée «terre sans peuple pour un peuple sans terre».
Et quand le peuple palestinien proteste par des moyens pacifiques, il est réprimé dans le sang. S’il résiste par les armes, il est taxé de «terroriste» et bombardé dans ses lieux d’habitation, avec la bénédiction des représentants des «démocraties», entendons des oligarchies impérialistes et leurs vassaux. Jusqu’au sinistre Zelensky : il dénonce les combattants palestiniens comme «terroristes», mais lui terrorise sans problème les russophones du Donbass.
Le peuple palestinien poursuit la lutte des peuples pour leur libération des oligarchies coloniales. Ironie de l’histoire : une partie du peuple qui fut menacée de disparition totale par les nazis est devenue celle qui menace le peuple palestinien de disparition totale. Et les oligarchies européo-états-uniennes soutiennent l’agresseur comme «défense légitime» et dénoncent l’agressé comme «terroriste sauvage».
Espérons que l’action «Déluge d’Al-Aqsa» devienne l’offensive du Têt du peuple palestinien et, à travers lui, des autres peuples encore sous domination coloniale pour mettre fin au Minotaure européo-états-unien. Tant qu’il y a un dominé-exploité sur cette terre, la paix juste est impossible. Mandela constatait : «C’est la violence du dominateur qui impose au dominé de réagir par la violence. Ne pas le comprendre, c’est naïveté ou complicité avec le dominateur». Norman Finkelstein le sait : «Les larmes de crocodile ont commencé à couler sur les otages israéliens pris par les militants de Gaza. Mais Israël tient en otage les 2,1 millions d’habitants de Gaza, dont un million d’enfants, dans l’une des zones les plus densément peuplées de la planète depuis près de 20 ans. En fait, Israël est le seul pays au monde à avoir légalisé la prise d’otages.» (1)
Les colonialistes israéliens rendent les Palestiniens fous de rage, et quand cette rage se manifeste en actes de folie, les colonialistes israéliens continuent à accuser les enragés d’être enragés.
La violence est à déplorer, mais, hélas, ainsi agissent les dominateurs. Les dominés peuvent-ils réagir autrement ? Avant de répondre, allez vivre à Gaza parmi les Palestiniens ! Vous découvrirez l’infâme imposture des accusations de «terrorisme antisémite», d’«esprit pathologiquement anti-occidental», de «fanatisme islamique», de «sauvagerie arabe». Vous verrez tomber les bombes du «démocratique» Israël qui les voudrait celles de Guernica pour «éliminer de la terre la vermine arabe». Vous saurez combien le «civilisé» Israël aimerait tant réduire le ghetto de Gaza en ghetto de Varsovie : depuis longtemps, Gaza est condamnée à une prison à ciel ouvert. A présent, on coupe à ses habitants l’eau, la nourriture, l’électricité, le gaz et on bombarde sa population. Aux autorités israéliennes manque seulement l’édification de fours crématoires pour la «solution finale» du peuple palestinien.
Enfin, si vous allez à Gaza, vous constaterez combien un peuple est attaché à vivre dans la dignité, au point de lancer des centaines de ses combattants chéris dans un assaut sans possibilité de retour. Leur esprit ravive celui des révoltés de Spartacus. Le sanguinaire système esclavagiste finit dans les poubelles de l’histoire. Ainsi finira le sanguinaire système dominateur-exploiteur.
K. N.
(1) https://lecridespeuples.fr/2023/10/07/prise-dotages-gaza-a-appris-disrael-par-norman-finkelstein/
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