Solidarité de race
Par Khider Mesloub – Dès le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne le 24 février 2022, les féministes des pays occidentaux sont montées au front pour s’impliquer tapageusement dans le conflit, en apportant leur soutien inconditionnel au camp jugé victime d’agression et d’occupation territoriale, à savoir l’Ukraine. D’entrée de jeu, elles avaient manifesté leur solidarité avec la «résistance ukrainienne». Dans un manifeste publié dès le 27 février 2022, des féministes européennes avaient appelé à s’unir contre «l’agression militaire déclenchée par le gouvernement de Poutine contre l’Ukraine».
«En tant que féministes résidant en France et en Europe, nous tenons à exprimer notre soutien aux Ukrainiennes et aux Ukrainiens qui résistent et se battent pour défendre leur liberté, pour survivre, travailler dans leur pays en guerre», avaient-elles proclamé dans leur manifeste. «Nous serons dans les manifestations et les rassemblements qui se dérouleront en France et en Europe contre l’agression russe en Ukraine, pour le retrait des troupes russes, l’arrêt des bombardements. Nous nous associons aux demandes d’accueil de tou.te.s les réfugié·es», avaient-elles ajouté.
Quinze jours après le déclenchement de la guerre, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2022, tous les médias occidentaux avaient consacré leurs manchettes à la «résistance des femmes ukrainiennes».
Les institutions européennes n’étaient pas en reste. «Je voudrais, pour commencer, saluer le courage incroyable des femmes d’Ukraine qui se battent, qui sont forcées à trouver un abri pour leurs proches dans des bunkers, qui accouchent dans des stations de métro et qui mènent le combat sur la ligne de front. Je rends hommage à leur courage, à leur force et à leur résilience dans ces circonstances particulièrement graves», déclarait Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, dans son discours d’ouverture pour évoquer la Journée internationale des droits des femmes, entièrement tournée vers l’Ukraine cette année-là. «Le courage des femmes ukrainiennes est partout, bravo à elles !», s’enthousiasmait Nadia Myhal, présidente de l’association Femmes ukrainiennes en France, sur France 24.
«Quand elles ne prennent pas les armes, les Ukrainiennes tentent tout de même de se rendre utiles. Certaines sont engagées dans des réseaux de résistance en approvisionnant en vivres, matériel, fournitures médicales ou carburant des membres de la Défense territoriale civile ou des soldats», s’exclamait un journaliste de France 24.
Les organisations féministes européennes s’étaient également mobilisées pour apporter leur soutien à la campagne de sensibilisation menée auprès des populations pour accueillir des réfugiées ukrainiennes.
Le site d’information Slate encensait «les combattantes ukrainiennes, symboles d’une tradition féministe qui ne date pas d’hier, ces dizaines de milliers de femmes d’Ukraine qui ont pris les armes contre l’envahisseur russe».
En revanche, depuis le déclenchement de la guerre d’extermination menée par l’Etat nazi d’Israël contre les Palestiniens à Gaza, alors que les femmes et les enfants sont les principales victimes des bombardements, en première ligne de la misère engendrée par le nettoyage ethnique en cours, des déplacements forcés, aucune action collective féministe occidentale n’a été entreprise pour soutenir les femmes palestiniennes martyres. Encore moins pour dénoncer les criminels de guerre israéliens, les génocidaires sionistes.
Si, à titre individuel, quelques personnalités ont pris position en faveur de la cause palestinienne, du côté des organisations féministes, c’est plutôt le silence qui prévaut.
Le contraste entre le soutien inconditionnel apporté, spontanément, aux ressortissantes ukrainiennes et celui réservé actuellement à la population palestinienne, en particulier aux femmes, est frappant. La différence de traitement est flagrante.
Aux yeux racistes des féministes occidentales, les femmes qui comptent sont les femmes «blanches». Comme l’avait illustré l’exemple des Ukrainiennes. Et pour cause. Par rapport aux autres femmes, la qualité reconnue aux femmes ukrainiennes est celle d’être blanches, aryennes. L’Occident a défendu inconditionnellement les Ukrainiennes par solidarité raciale.
La différence de traitement des femmes nous renseigne sur le racisme instinctuel et institutionnel des féministes occidentales.
De toute évidence, les féministes occidentales bourgeoises s’activent uniquement pour soutenir et défendre la femme «blanche». La femme petite-bourgeoise européenne. Elles sont de fait beaucoup moins promptes à se mobiliser quand des femmes arabes ou subsahariennes sont victimes de guerre d’extermination, de déportation, d’apartheid, comme les femmes palestiniennes Gaza le subissent actuellement, victimes de génocide commis par l’Etat nazi d’Israël.
Comble du cynisme, quand certaines féministes expriment leur opinion sur le conflit israélo-palestinien, c’est pour reprendre systématiquement à leur compte le narratif militariste des sionistes : «Israël a le droit de se défendre», «les populations civiles, notamment les femmes palestiniennes, sont complices de l’organisation Hamas». «Les Israéliens défendent les valeurs occidentales», tandis les Palestiniens sont qualifiés d’obscurantistes, d’islamistes, voire de terroristes. Autrement dit, les Israéliens sont présentés en victimes et les Palestiniens en coupables.
Osons le dire : par leur empressement à s’indigner uniquement pour les femmes «blanches» petite-bourgeoises, ces féministes bourgeoises occidentales expriment ainsi, instinctivement, leur nauséabonde solidarité de race, de classe.
K. M.
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