Washington a su qu’Israël ne peut plus protéger ses intérêts au Moyen-Orient
Une contribution d’Ali Akika – Il est des gens, comme dirait Claude Nougaro, noirs de peau qui chantent et d’autres, noirs de l’intérieur, qui chuchotent des insanités dans leur bal des hypocrites. Ces misérables déchirent leurs méninges avec une langue d’esclave pour noyer les indices des scènes des crimes de leurs maîtres. Ainsi, la guerre à Gaza nous a permis de découvrir le poison acre des mensonges qu’ils déversent dans l’opinion. Pour eux, la mort d’un enfant qui n’est pas né sous la même étoile que son voisin ne pèse pas le même poids. Ce raisonnement, outre son imbécillité, nous renseigne sur la non moins idéologie nauséabonde de la bêtise bourgeoise, comme dirait Flaubert. Une façon pour eux de se convaincre qu’ils font partie des suprématistes.
On retrouve ce raisonnement sur l’affaire des otages libérés par la résistance palestinienne, le 24 novembre. Les Thaïlandais libérés gratuitement n’ont pas la même valeur que des Occidentaux, selon ces hypocrites. Remarquons que le mot «valeur» utilisé est celui appliqué à des marchandises cotées en Bourse. Ces gens-là, comme dirait Jacques Brel, sont des incultes et obnubilés par le fétichisme de la marchandise qui les fait saliver. Aucune éthique ne peut calmer leur penchant de rapaces. Ces gens-là, âpres au gain, ont fait du mercantilisme l’unique sens de leur vie. Heureusement que dans des pays de cet Occident, il existe déjà ou bien naîtra un Arthur Rimbaud qui chantera Gaza comme il le fit avec Paris sous la Commune de 1871 :
Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères
Paris ! Quand tu reçus tant de coups de couteau
Quand tu vis, retenant dans tes prunelles claires
Un peu de la bonté du fauve renouveau
Pour faire oublier leur forfait, ces hypocrites à l’âme tourmentée ont construit un récit qui ressemble de nos jours à de mauvais contes de fée. Car le mensonge s’érode au fil du temps et dénude leur «vérité». Les millions de manifestants dans le monde leur renvoient les ruines de Gaza qui servent de cimetière aux enfants palestiniens. Ces scènes de crimes innommables m’ont fait penser à tous ces enfants de Palestine qui rêvaient de retrouver la terre du miel, selon l’expression de leurs parents, m’avaient-ils dit (1).
Ainsi, la Palestine, que l’on a voulu enterrer, a renvoyé, le 7 octobre 2023, ces médiocres conteurs à leur bal des hypocrites. La Palestine est revenue en boumerang à leurs visages. Le 7 octobre a brouillé beaucoup de cartes, mais certains acteurs préfèrent demeurer dans le lit douillé de leurs certitudes. Ainsi, ces charognards, de leurs confortables chaumières, osent cuisiner la Palestine selon leur recette empoisonnée, pour neutraliser la résistance. Hé, les cocos, tirez d’abord les leçons de 75 ans d’aventures coloniales, ensuite descendez de votre piédestal et cessez de tirer des plans sur la comète ! Vous n’avez plus le monopole de la puissance et surtout pas celui de l’intelligence de l’histoire.
Voyons la guerre actuelle en Palestine où l’on retrouve la même cohorte d’«experts» que sur Ukraine et les mêmes mensonges grossiers, vulgaires et d’un humour de caniveau. La propagande d’Israël a révélé son impuissance et l’incroyable ineptie de ses mensonges. Le premier ministre Netanyahou veut convaincre que le Hamas était pire que Daech. Leur manipulation est une spécialité locale qui s’était exercée sur le président égyptien Nasser, devenu en 1956 un «nazi». Puis, ce fut le tour de Yasser Arafat de gagner la palme de «terroriste». Le drame d’Israël c’est son occultation du réel, de l’histoire et de la politique. La raison ? Le peuple palestinien lui renvoie au visage la colonisation qui la dépossédait de sa terre.
Pour cette basse police du mensonge, il y a une cohorte d’intellectuels dont on a castré les connaissances pour mieux éructer des «vérités» risibles. Ce spectacle triste fait dire à Netanyahou qu’il va éradiquer le Hamas, en oubliant le fiasco de son armée le 7 octobre. En écrivant cette phrase, je vois à la télé les chars israéliens rebroussant chemin et quitter Gaza après l’entrée en application de la cessation des combats. Et si on ajoute à ces images de chars en retraite, les contradictions à l’intérieur du cabinet de guerre, il n’est pas impossible que Netanyahou démissionne à cause précisément de l’échec de sa guerre. Quant au spectacle quotidien de la machine à mensonge, elle montre au public en jubilant un obus de roquette dans un lit d’enfant, le livre de Mein Kampf dans une école, etc. Avec cette propagande de bas étage, on est en droit de se demander de quoi se nourrissent ces mokhs (cerveaux) de cette fabrique de fake news. Et ce sont ces cerveaux qui squattant tous les médias qui passent leur temps à couper les cheveux par quatre. Ainsi, pour ces fossoyeurs de la vérité, l’armée la plus morale du monde est dédouanée car elle a la gentillesse d’avertir ses victimes cinq minutes avant de les écrabouiller avec des bombes d’une tonne. Ces cerveaux devraient chercher les raisons profondes de l’échec de leur propagande et cesser de croire à leurs propres mensonges.
Venons-en à la situation militaire. Il est essentiel de ne pas oublier tous les éléments qui influent sur la situation militaire en cours. C’est la première fois que l’armée israélienne fait face à une guerre sur le territoire «juridiquement» israélien. Signalons, sur le plan de la tactique, plusieurs faits. L’invasion de Gaza a commencé après qu’Israël a peiné à reprendre le contrôle réel des territoires israéliens jouxtant l’enclave. Ensuite, il a fallu faire patienter une armée de quelque 360 000 réservistes pendant 20 jours que l’aviation déverse onze mille tonnes de bombes de tout calibre sur la ville assiégée. Après avoir transformé en ruine villes et villages palestiniens, l’armée envahit Gaza et atteint le centre au bout de deux jours.
Par prudence peut-être, mais sûrement aussi par une guerre de mouvement des combattants palestiniens qui firent un carton sur les chars Merkava, en sortant de leurs caches et en utilisant les fameux RPG russes facilement transportables et maniables (2). Les pertes en chars étaient si importantes que l’état-major israélien a adopté la tactique utilisée en Ukraine. Habituellement, les soldats marchent derrière les chars qui nettoient le terrain des mines et pièges. Mais, de nos jours, avec les fameuses roquettes russes antichars, c’est l’infanterie qui «protège» les chars. L’explication est simple et a été donnée par les Ukrainiens : un char moderne fonctionne avec 3 à 4 soldats de haut niveau de formation et l’engin coûte des millions de dollars. Le choix est vite fait entre le pauvre soldat et le char hors de prix.
Avant d’arriver au centre de Gaza, l’armée israélienne a reconnu faire face à de féroces batailles, elle comptabilisait les pertes chaque jour. Par des bribes d’interview de soldats israéliens, on apprend que les Palestiniens les surprenaient en surgissant de nulle part. Traduction, les combattants sont chez eux, ils ont préparé l’accueil de l’ennemi et pratiquent l’art de la guérilla qui a fait fuir Napoléon d’Espagne. En raison de ces données, il est sûr que la pression des pertes israéliennes a pesé lourdement dans la décision de Netanyahou d’accepter une trêve. Netanyahou a donc plus facilement résisté aux pressions diplomatiques qu’à celles de son armée et les services de renseignement qui s’inquiétaient du niveau des pertes humaines et matérielles. Défaite et malaise sur le plan de la propagande, risque de s’embourber militairement avec des conséquences politiques, Israël est entré dans une zone où il ne peut plus agir en enfant gâté ou bien pire, celui de l’adolescent effronté qui peut tout se permettre.
Voyons les conséquences potentielles sur ses relations avec les Etats-Unis. Le concept du rapport maître/esclave étudié par tant de philosophes peut nous aider à esquisser les futures relations Israël/Etats-Unis. Grosso modo, ce concept se résume ainsi : l’esclave est le produit de son maître et l’esclave, grâce à son travail qui facilite la vie de son maître, lui procure une sorte d’ascendant sur lui. Sauf que le maître peut supporter les désagréments d’une petite ascendance, mais jamais il ne peut se soumettre à une dépendance qui supprimerait son statut de maître. C’est exactement l’attitude des Américains avec leurs alliés.
Israël, Etat américain ?
Israël porte-avion américain, Israël bastion avancé de l’Occident. Depuis le 7 octobre, cette image est en train de muter en fait réel, quand le monde a vu deux porte-avions américains arriver en Méditerranée aux secours d’Israël. Car jusqu’ici, Israël se défendait seul et mendiait seulement au grand frère américain quelque quatre milliards de dollars pour se payer une armée nombreuse d’un Etat peu peuplé. Il faut y ajouter une autre information dont la nature révèle la souveraineté limitée d’Israël qui se vante d’avoir de l’influence sur la politique intérieure américaine. Ce qui est vrai car le jeu des lobbys des puissances économiques est chose normale et légale aux Etats-Unis – pétrole, industrie de l’armement, de l’automobile, Wall-Street, finance. Et le lobby de la communauté juive présente dans ces secteurs économiques s’exerce au profit d’Israël. Tant que ces lobbys ne contredisent pas les intérêts économiques et de sécurité nationale, tout va bien. Mais quand la sécurité nationale liée à la stratégie générale des Etats-Unis est menacée, l’Etat profond siffle la fin de la récréation. On a ainsi l’exemple de 1956, quand Israël s’était infiltré dans l’expédition franco-britannique qui a attaqué l’Egypte. L’URSS avait menacé d’intervenir avec les armes nucléaires. Les Etats-Unis avaient alors donné 24 heures aux agresseurs pour déguerpir et Israël sera le premier à s’exécuter.
Nous assistons aujourd’hui au retour du maître américain qui se rend compte qu’Israël ne peut plus être la sentinelle de ses intérêts. Ainsi, on a noté la présence de Biden en personne, accompagné de son secrétaire d’Etat, à la réunion du Cabinet de guerre israélien en plein bombardement de Gaza. Les conseils du président américain de ne pas se laisser emballer par l’émotion et de réfréner ses désirs de vengeance, sonnaient comme des ordres à Netanyahou. On peut y ajouter la présence des forces spéciales américaines et, enfin, le chef de la CIA, accompagné du chef du Mossad, voyageant au Caire, à Doha pour négocier le problème des otages. L’Etat profond américain – Pentagone et CIA – est donc à la manœuvre. Que s’est-il passé pour qu’il sorte de sa «clandestinité» et débarque avec cerveaux, armes et bagages au Moyen-Orient ? Car, jusque-là, les Etats-Unis étaient occupés à préparer leur grand rendez-vous de l’Indopacifique. Ils avaient confié le travail dans le Golfe à «l’invincible» armée d’Israël et aux accords d’Abraham. Et patatras, le 7 octobre, ce château en carton-pâte s’est effondré. L’armée d’Israël et le Mossad ont affiché les trous de leurs raquettes.
Ce retour des Américains au Moyen-Orient est évidemment en lien avec l’incapacité d’Israël de rendre des services à leur protecteur comme jadis. Aujourd’hui, l’Oncle Sam se «méfie» plutôt d’Israël, dont le dessein secret est d’entraîner les Américains dans une attaque contre l’Iran. Quant à Pékin, outre les accords passés avec Téhéran, il s’est investi politiquement dans la région en prenant la défense des Palestiniens et en réclamant l’application de leur droit conformément aux résolutions de l’ONU.
Iran et Chine, deux grandes puissances dans une région si vitale pour les Etats-Unis. Et ce n’est pas Israël qui peut être d’une quelconque aide aux Etats-Unis face à l’Iran et à la Chine. D’autant qu’Israël va être soumis aux travaux d’Hercule sous la pression de cet Occident qui veut ramener la paix, leur paix à travers le plan des deux Etats en Palestine. Comme d’habitude, ils font comme si les acteurs de la région n’existaient pas.
Cet article ne permet pas de s’attarder sur la «paix» au bénéfice d’un système qui veut décider et tout avoir au mépris des droits des victimes.
Pour toutes ces raisons, Israël fait penser à un 51e Etat américain, comme Hawaï, ou à un statut similaire à celui de Porto Rico.
Vu la tournure des événements à Gaza et en Cisjordanie, les Américains tentent d’éteindre le feu en Palestine. Ils ne veulent en aucun que la région s’enflamme. Leurs troupes en Irak et en Syrie sont bombardées, les Yéménites menacent la navigation dans le Golfe. Un élargissement de la guerre au Liban fera entrer la région dans une situation incontrôlable. Ce tableau incite les Américains à réfréner les ardeurs de Netanyahou dans son désir de satisfaire un fantasme, celui de gagner la guerre actuelle pour échapper à sa destitution qui est d’ores et déjà sur la place publique.
Netanyahou est un homme politique qui coute cher à l’Oncle Sam. L’Amérique n’a pas l’habitude de faire des cadeaux quand ses intérêts sont menacés. Zelensky marche sur les œufs en titubant. Une pichenette de Biden et il disparaît de la scène. Netanyahou a des soucis à se faire.
A. A.
(1) «Nous reviendrons en Palestine, disent en chœur les enfants de Palestine, et notre maison sera belle à l’ombre des oliviers».
(2) L’ex-officier du renseignement du Pentagone, Scott Ritter, a écrit un article où il affirme qu’Israël ne gagnera pas la guerre. La qualité de ses informations et l’observation des champs de bataille lui ont permis d’arriver à cette conclusion. Les infos d’un reportage de la chaîne i24 en Israël, où un soldat blessé raconte l’enfer dans lequel est tombé sa compagnie de chars, confirme l’article Scott Ritter.
Ndlr : Le titre est de la rédaction. Titre originel : Les scènes de crime à Gaza et le bal des hypocrites !
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