L’Algérie au Conseil de sécurité : un vent de panique souffle sur le Makhzen
Par Kamel M. – Plus la date du début du mandat de deux ans de l’Algérie au Conseil de sécurité approche, plus l’angoisse grandit à Rabat. C’est que le Makhzen, qui a eu à constater l’impact de l’appel du président Tebboune à une poursuite judiciaire contre Israël à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, sait parfaitement que le forcing que l’Algérie s’apprête à exercer pour faire avancer le dossier sahraoui, qui fait du surplace à cause de l’entêtement marocain à empêcher le référendum pour l’autodétermination, pourrait bien faire mouche.
Ce qui fait trembler le Maroc, c’est que l’Algérie, qui occupera son siège de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU dans un mois, «influence l’approche» de cette instance sur la question du Sahara Occidental. «Cette volonté de changement suscite des interrogations sur les véritables intentions d’Alger», suppute-t-on dans les supports médiatiques de la DGED.
«L’Algérie deviendra bientôt membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour un mandat de deux ans, aux côtés du Mozambique et de la Sierra Leone. Mais le président algérien pousse à une réforme rapide de cette instance. Il espère changer l’attitude du Conseil de sécurité sur le Sahara [Occidental]. L’Algérie soutient les séparatistes du Polisario, qui veulent un Etat indépendant», rumine-t-on à Rabat, où on rappelle que le président Tebboune «s’est exprimé lors d’un sommet du groupe des Dix de l’Union africaine en Guinée équatoriale», où il a justement été question de la réforme du Conseil de sécurité et du rôle de l’Afrique au sein de celui-ci.
Les Marocains interprètent à leur manière le discours du chef de l’Etat, qui a accusé l’ONU d’immobilisme face aux massacres perpétrés par Israël à Gaza. Ils détournent le propos du président algérien pour lui faire dire qu’«il semble être mécontent des dernières résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara [Occidental], qui proposent une solution réaliste basée sur le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007». Pourtant, la critique de l’Algérie, dans le contexte chargé actuel, est strictement liée à la poursuite des crimes de guerre commis impunément par l’entité sioniste, alliée du Maroc, contre les populations civiles en Palestine. Une position honorable qui tranche avec la traitrise du régime marocain décrié par les sujets de Mohammed VI qu’Abdellatif Hammouchi ordonne à sa police de bastonner.
«Il [le président Tebboune] veut maintenant déclencher une révolution au sein du Conseil de sécurité qui, selon lui, ne représente pas correctement les intérêts africains», maugrée-t-on au Maroc, sur un ton qui démontre que ce pays ne manifeste aucun enthousiasme pour un élargissement du Conseil de sécurité à des pays du continent africain, ce qui bousculerait les intérêts de ses mentors israéliens et américains.
«Abdelmadjid Tebboune fait pression pour que les réformes souhaitées se mettent en place de manière immédiate. Il considère ces changements comme une nécessité pour représenter au mieux les intérêts africains et pour contourner l’influence des membres permanents actuels», sont forcés d’admettre nos voisins de l’Ouest, qui se consolent en arguant que «les membres permanents actuels du Conseil de sécurité ne souhaitent pas partager leur pouvoir» et que «les Etats-Unis s’opposent fermement à toute augmentation du nombre de membres permanents».
Voilà qui devrait permettre à Mohammed VI de dormir sur ses deux oreilles, si l’on en croit les prédictions marocaines. Au diable l’Afrique, au diable Gaza et son cortège de morts à cause de l’inertie du Conseil de sécurité qui, dans sa configuration actuelle, lui permet de continuer d’occuper illégalement un territoire – le Sahara Occidental – qui n’est pas le sien.
K. M.
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