Plainte contre l’Etat nazi d’Israël : Gilles Devers décrypte la réunion d’Alger
Par Houari A. – «Le résultat de la rencontre de quatre jours à Alger est multiple», a affirmé Maître Gilles Devers, qui conduit une équipe de 600 avocats et 150 ONG ayant déposé une plainte contre l’entité sioniste auprès de la Cour pénale internationale (CPI). «Un travail en ateliers nous a permis de faire le point et il est vrai que j’ai une vision un peu avancée, parce que je suis sur cette affaire depuis le premier jour, mais nous avons pu tout partager, tout mettre sur la table avec les magistrats, les avocats et les bâtonniers», a expliqué l’avocat lyonnais. «Dans une procédure comme celle-là, il faut donner un souffle, porter un mouvement, il faut montrer qu’il y a une avancée, parce que la justice internationale n’appartient pas au magistrat, elle appartient aux peuples», a-t-il précisé.
«Ce n’est pas un hasard aujourd’hui si le signal a été donné, ou émané de l’Algérie», a entériné Maître Devers. «Nous avons reçu cela comme une bénédiction juridique, si je puis m’exprimer ainsi, parce qu’évidemment, il y a le poids diplomatique et ce qu’est la place de l’Algérie actuelle, mais surtout, pour moi, l’Algérie, c’est le triomphe du droit à l’autodétermination et ce qui est en cause dans le génocide, c’est la négation du droit à l’autodétermination depuis 1917 – la plainte commence à partir de 1917», a-t-il soutenu.
Gilles Devers, qui s’est exprimé dans une interview accordée à la chaîne de télévision publique algérienne, a qualifié le génocide perpétré par Israël à Gaza de «désarroi le plus absolu». «On parle du nombre de décès qui est considérable. Nous n’avons pas vu une chose pareille dans une opération militaire», a-t-il souligné, estimant qu’il faut poser le problème en tant qu’«attaque généralisée contre un peuple». «S’il y a 2,3 millions d’habitants, il y a 2,3 millions de victimes. C’est pour cela que j’ai voulu que le débat soit porté sur le terme de génocide tel qu’il est prévu par le droit international et par la jurisprudence», a-t-il étayé.
«Quand le peuple palestinien, qu’on accuse de terroriste, dit qu’il veut se soumettre à une Cour internationale pour appliquer le droit international, tout le monde va le féliciter et l’applaudir, mais cela n’a fait que lui poser des problèmes», a fait savoir l’avocat français. «Nos opposants savent très bien que la Cour est très efficace et c’est parce qu’elle est efficace qu’ils empêchent l’autorité palestinienne d’agir», a-t-il développé, en faisant remarquer que «les pressions sont très fortes sur la CPI». «Si la CPI lance un mandat d’arrêt contre les responsables israéliens, il y aura également un mandat d’arrêt contre des responsables du Hamas», a-t-il averti.
«Il y a un risque de lenteur [dans la procédure] mais pas un risque d’oubli, parce que nous sommes vigilants et nous inscrivons notre travail dans la durée», a encore affirmé Maître Devers. «Pour le moment, a-t-il poursuivi, on a une phase d’urgence, vu qu’il y a une possibilité d’obtenir un mandat d’arrêt, après, on se mettra dans un autre mode qui est celui du travail dans la durée et on prendra le temps qu’il faudra».
A la question de savoir s’il ne risquait pas d’être taxé d’antisémite dans son pays, Me Gilles Devers a répondu qu’«en France, le ministre de la Justice a pris des conceptions envahissantes qui n’appartiennent qu’à la France». «On fait avec», a-t-il insisté, en assurant ne pas avoir de problème d’antisémitisme. «Je défends le peuple palestinien, j’applique le droit et je suis tenu par mes écrits. J’ai signé une plainte, reprise par 600 autres avocats, qui est soutenue par des professeurs en droit, on a un véritable comité académique très fort. On critique le principe de la procédure, mais personne n’a dit que mon raisonnement était faux», a démontré l’avocat.
«La violence est complètement disproportionnée. Israël n’a pas le droit à la légitime défense, contrairement à ce que disent les capitales occidentales. On s’organise pour lutter juridiquement contre cette violence et on joue sur la question précédente, c’est-à-dire que, si cette procédure ne reçoit pas l’accueil qu’elle mérite de la part de la CPI, cela voudra dire que, demain, un Etat qui envisage de s’agrandir peut exécuter une opération de bombardement massif et des tueries de populations civiles pour qu’elles partent, puis dire ça y est, le territoire est à moi !», a mis en garde Maître Gilles Devers.
H. A.
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