Les mises en garde de l’Algérie aux Emirats ont précédé la réunion du HCS
Par Abdelkader S. – «Vers une sévère crise diplomatique entre l’Algérie et les Emirats arabes unis ?» titrait Algeriepatriotique déjà en juillet 2023. L’Algérie, par la voix du Haut Conseil de sécurité (HCS), a lancé une première mise en garde officielle, ce mercredi 10 janvier, à l’égard d’Abu Dhabi qui multiplie les actes inamicaux. Si le HCS s’est gardé de citer le nom du «pays arabe frère» qui adopte une attitude hostile, il n’en demeure pas moins que c’est la première fois qu’Alger pointe du doigt le régime émirati quasi ouvertement, ce dernier ne pouvant que s’être reconnu. Auparavant, les autorités algériennes avaient choisi de lancer des avertissements par le truchement de médias arabophones, dont les salves portaient l’empreinte indélébile de l’article commandé pour la défense des intérêts du pays.
Ainsi, on apprenait, voici six mois, que les dirigeants des Emirats arabes unis ont commis une série d’actes hostiles envers l’Algérie qu’ils s’emploient à déstabiliser pour le compte du Maroc. Des responsables émiratis ont fourni au Makhzen un système d’espionnage sophistiqué, rapportait le quotidien arabophone El-Khabar. Vraisemblablement fabriqué par Israël, cet équipement vise directement l’Algérie. Le journal ajoutait qu’Abu Dhabi avait pratiqué un chantage sur le président tunisien pour qu’il rompît ses relations avec son voisin de l’Ouest et a exercé des pressions sur la Mauritanie pour rallier la cohorte des normalisateurs et établir des relations avec l’entité sioniste. Enfin, ajoutait El-Khabar, les services émiratis ont tenté d’introduire d’immenses quantités de psychotropes en Algérie par la frontière terrestre libyenne. Une information détenue à coup sûr par les services de renseignement algériens et donc authentique
Cette information rapportée par nos confrères renvoie à l’étrange affaire du «faux» communiqué qui faisait état du renvoi par les autorités algériennes de l’ambassadeur des Emirats arabes unis. Le ministère des Affaires étrangères avait, on s’en souvient, opposé un démenti formel à ce qu’il a qualifié de «fausse information distillée sur les réseaux sociaux et dans certains médias, selon laquelle l’Algérie aurait expulsé l’ambassadeur des Emirats arabes unis à Alger», tout en «réitérant les bonnes relations qui lient les deux pays». L’Algérie avait, dans un premier temps, choisi de garder son sang-froid dans l’espoir que les Emiratis fassent prévaloir la raison.
Les faits révélés par El-Khabar sont gravissimes. Ils annonçaient une grave crise diplomatique entre l’Algérie et les Emirats dont les injonctions dans les affaires internes du pays avaient été dénoncées en leur temps lors du mouvement de protestation populaire de février 2019, les manifestants mettant sur un pied d’égalité la France et cette monarchie du Golfe soupçonnée de s’ingérer dans la crise interne algérienne. En décembre 2019, des sources médiatiques faisaient état d’une réunion qui devait se tenir à Londres et dont le but semblait être une normalisation des relations d’un certain nombre de pays arabes avec l’entité sioniste. Il aurait été question de pousser l’Algérie dans cette direction rejetée par le président Tebboune, qui avait fustigé le zèle manifesté par les pays arabes qui se sont jetés dans les bras de l’Etat criminel d’Israël.
En janvier 2022, un pont aérien entre les Emirats arabes unis et le Maroc, impliquant une dizaine de gros porteurs militaires de type Boeing C-17A Globemaster III, avait été révélé par un site spécialisé israélien. Rien n’a filtré sur cette opération qui suscite à ce jour de sérieuses inquiétudes, tant il serait question d’armements, notamment de drones. S’agit-il des appareils de fabrication israélienne confectionnés aux Emirats ? Possible, indiquaient de nombreuses sources qui excluaient qu’il se soit agi, comme l’avaient rapporté certains médias, de cohortes d’émirs et de leur matériel habitués à la chasse dans les régions reculées du Maroc.
Aucune source officielle n’a communiqué sur ces mouvements suspects qui intervenaient dans un contexte extrêmement tendu entre l’Algérie et le Maroc. Il n’est plus question de brouille diplomatique, mais carrément de menaces sur la sécurité de l’Algérie après que le régime expansionniste de Rabat eut signé une série d’accords militaires avec Israël, portant, entre autres, sur l’implantation de deux usines de montage de drones dans l’est et le sud du royaume, soit au plus près de la frontière avec l’Algérie et les territoires sahraouis libérés.
Le Makhzen a déployé sa gendarmerie royale tout le long de la frontière avec l’Algérie, et les opérations d’espionnage se poursuivent de plus belle grâce à du matériel hypersophistiqué fourni par le Mossad via les Emirats arabes unis. Devant ce casus belli, l’Algérie ne pouvait plus se contenter d’avertissements par médias interposés.
A. S.
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