Jacob Cohen : «Je suis un gêneur dans le paysage médiatique marocain !»
Par Houari A. – Une campagne marocaine enragée vise le penseur Jacob Cohen et Algeriepatriotique. Le penseur antisioniste, qui a réagi dans un entretien à nos confrères d’Algerie54, trouve «surprenant» que l’attaque «directe et sans ambages» qui le cible le dénie en sa qualité de juif et surtout de citoyen marocain. «Cela va à l’encontre de tous les discours officiels depuis Hassan II sur la marocanité perpétuelle des juifs, même résidant à l’étranger et même en Israël», a-t-il dit. «Cette campagne a été renforcée par Mohammed VI après la normalisation avec le régime sioniste, allant jusqu’à réécrire l’histoire du Maroc pour faire du judaïsme un élément constitutif de l’histoire nationale, refonder l’enseignement dans ce sens, rénovant à grands frais tout ce qui restait debout de la présence juive disparue», a ajouté Jacob Cohen.
«Je rappelle que 99,5% des juifs marocains ont quitté volontairement leur pays depuis l’indépendance en 1956. Une donnée que les Marocains préfèrent ne pas connaître ni surtout avoir à expliquer. Permettre à un média [marocain] de me dénier la qualité de citoyen marocain – je rappelle que nous devons une allégeance perpétuelle au régime chérifien – est lourd de sens et n’a pu se faire sans le feu vert des instances supérieures», a soutenu l’écrivain franco-marocain établi en France.
«Je suis devenu un gêneur dans le paysage politico-médiatique marocain, quelqu’un qu’il vaut mieux ne pas citer, car cela risque de provoquer l’ire royale», a poursuivi Jacob Cohen, en expliquant qu’au Maroc, «ce sont des choses qui n’ont pas besoin d’être dites». «On a deviné que Cohen sent le soufre, qu’il déplaît au conseiller du roi André Azoulay, alors les médias en tirent la leçon», a-t-il renchéri. «Depuis quatre ans au moins, aucun média marocain, de gauche ou de droite, francophone ou arabophone, traditionaliste ou moderniste, numérique, audiovisuel ou sur papier, n’a jugé utile ou opportun de solliciter mon avis», a fait constater l’auteur de Dieu ne repasse pas à Bethléem. «Comme une chape de plomb qui est tombée sur le paysage médiatique», a-t-il étayé. «Les médias ont la trouille. Comme ils savent que je n’ai pas ma langue dans la poche, et que je ne comprends pas la nécessité de composer avec les réalités, ils ne veulent pas prendre le risque d’un dérapage, surtout sur un sujet sensible comme la normalisation et l’envahissement sioniste qu’il entraîne», a-t-il indiqué.
Critiquant sévèrement les médias français, Jacob Cohen a affirmé que ceux-ci «ont dépassé la mesure dans la servilité au narratif sioniste». «Ils ont perdu leur crédibilité et leur âme», a-t-il regretté, en estimant qu’il est «pathétique de voir un aussi grand pays comme la France s’abaisser à devenir le complice d’un génocide en temps réel et au grand jour». «Le réveil sera douloureux et amer, mais il arrivera hélas trop tard», a-t-il prédit.
H. A.
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