Netanyahou et la «prophétie d’Isaïe» : le carburant du génocide sioniste à Gaza
Une contribution de Khaled Boulaziz – Benyamin Netanyahou a fait référence à la «prophétie d’Isaïe» lors d’une allocution télévisée, le mercredi 25 octobre, pour justifier la destruction du Hamas. Texte majeur de l’Ancien Testament, le Livre d’Isaïe aborde la déportation du peuple juif à Babylone et son retour, ainsi que la reconstruction du Temple de Jérusalem.
«Nous sommes le peuple de la lumière, eux sont le peuple des ténèbres, et la lumière doit triompher sur les ténèbres (…), nous réaliserons la prophétie d’Isaïe», a lancé Benyamin Netanyahou lors de son allocution télévisée. Ces propos font référence au Livre d’Isaïe, qui a inspiré un courant du judaïsme pendant au moins trois siècles.
Selon la majorité des études bibliques, le Livre d’Isaïe est une œuvre collective dont près de la moitié aurait été écrite par le prophète Isaïe. Constitué de 66 chapitres, le texte aborde notamment la déportation du peuple juif, la fin de son exil, la reconstruction du Temple de Jérusalem et la fin des temps. Il fait partie du mantra religieux judaïque.
Ainsi, le combustible alimentant la guerre génocidaire contre les Palestiniens n’est autre que la Torah elle-même et les mythes qu’elle inclut. En se référant à la prophétie d’Isaïe, la Torah est utilisée comme justification pour mobiliser les soldats de l’occupation et pour dépeindre la violence contre les civils palestiniens comme une lutte religieuse contre les Amalekes (2) du XXIe siècle. Cet usage pernicieux de la religion alimente le conflit et légitime les atrocités commises au nom de la foi.
En effet, les manifestations de protestation contre la coalition au pouvoir dans l’Etat d’occupation se multiplient, révélant une diversité de revendications même au sein d’un même groupe. Certains appellent à accélérer la conclusion d’un accord d’échange avec la résistance palestinienne, tandis que d’autres insistent pour enquêter sur la responsabilité de l’armée d’occupation dans le meurtre de certains otages. D’autres encore exigent une enquête sur l’insuffisance des agences politiques, militaires et de sécurité concernant les événements survenus à Al-Aqsa.
Cependant, malgré ces différences, un point commun demeure : la référence à la Torah comme un élément central dans la perpétuation du conflit. Les responsables israéliens, dont Netanyahou et Gallant, ont utilisé la Torah pour mobiliser les soldats et justifier les actions de l’armée d’occupation. Même les manifestations organisées par les ultra-orthodoxes ont brandi des slogans mettant en avant leur refus de servir dans l’armée, soulignant ainsi l’importance de la Torah dans leurs convictions. Cela souligne l’impact profond de la religion dans le conflit israélo-palestinien et met en lumière la manière dont la Torah est utilisée comme un outil de légitimation de la violence et de l’oppression.
D’autre part, l’histoire complexe d’Israël et de la Palestine a été marquée par une série de politiques et de décisions qui ont exacerbé les tensions et alimenté le conflit. Depuis la création de l’Etat d’Israël, en 1948, les relations entre Israël et les Palestiniens ont été marquées par des guerres, des insurrections, des occupations et des négociations avortées.
La question du service militaire obligatoire en est un exemple frappant. Depuis les premiers accords conclus en 1948 jusqu’à la décision de la Cour suprême israélienne en 2017 déclarant ces accords discriminatoires et illégaux, la question de l’exemption du service militaire pour les élèves des écoles religieuses haredi a été source de controverse et de division au sein de la société israélienne.
Les gouvernements successifs ont tenté de jongler avec cette question délicate, souvent en adoptant des mesures temporaires pour prolonger l’exemption, en dépit des décisions de la Cour suprême. Cette question a pris une nouvelle dimension en raison de l’échéance imminente de la dernière législation en mars, ce qui a ravivé les désaccords au sein du gouvernement israélien.
Les partisans de l’abolition de l’exemption soutiennent que l’Etat a besoin de plus de combattants dans la guerre contre la bande de Gaza et que maintenir cette exemption favorise un groupe religieux spécifique au détriment de l’intérêt général. En revanche, ceux qui défendent le maintien de cette exemption mettent en avant l’importance de respecter les croyances religieuses et les pratiques culturelles de la communauté haredi.
Dans ce contexte, les déclarations de Netanyahou et de Gallant prennent une importance particulière. Tandis que Netanyahou cherche à ménager les deux groupes en donnant un avantage aux partis ultra-orthodoxes, Gallant plaide pour la suspension de l’exemption, arguant que cela relève de la nécessité militaire plutôt que de considérations politiques.
Cependant, ce débat ne se limite pas à une simple question de politique ou de stratégie militaire. Il met en lumière les tensions profondes au sein de la société israélienne entre les principes démocratiques et l’influence croissante des factions religieuses et nationalistes. En fin de compte, il s’agit d’un débat sur l’identité même de l’Etat d’Israël et sur la manière dont il entend concilier ses valeurs démocratiques avec son caractère juif.
Parallèlement à ces débats internes, les manifestations de protestation contre la coalition au pouvoir soulignent les divisions croissantes au sein de la société israélienne. Les revendications variées des manifestants reflètent les préoccupations et les frustrations d’une population confrontée à des défis économiques, politiques et sécuritaires croissants.
Dans ce contexte, la référence à la Torah comme carburant de la guerre contre les Palestiniens résonne comme un avertissement sur les dangers d’une instrumentalisation de la religion à des fins politiques et militaires. Au lieu de favoriser la paix et la réconciliation, cette utilisation de la religion ne fait que renforcer les divisions et perpétuer le cycle de la violence et de l’oppression.
K. B.
P.-S. : Dans le judaïsme, les Amalécites représentent l’ennemi archétypal des juifs. Ainsi, le premier jour de la guerre Israël-Hamas de 2023-2024, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, fait référence aux Amalekes lorsqu’il désigne le Hamas comme le coupable qu’il faut châtier.
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