A quoi servent les gesticulations bellicistes et élucubrations guerrières de Macron ?
Une contribution de Khider Mesloub – Retenez-moi ou je fais un malheur ! Telle est, depuis quelques mois, la constante attitude ridiculement belliciste du locataire de l’Elysée. Macron le freluquet se prend pour Napoléon Ier : il veut envoyer des troupes en Russie, plus exactement à ses frontières, en Ukraine, berceau de la Rous’ de Kiev, du monde russe. Pour rappel, la campagne de Russie (ou «guerre patriotique de 1812») est cette expédition militaire menée contre l’Empire russe par l’armée de l’empereur Napoléon Ier, qui s’est soldée par la déroute des troupes françaises, écrasées par les forces russes.
Ces dernières années, présidant pourtant aux destinées d’une France désindustrialisée d’un pays en déclin, Macron œuvre sans relâche à réarmer la France. Non pas au plan économique, mais militaire. Ce lancement de la course aux armements est d’autant plus cynique qu’il intervient en pleine campagne d’austérité budgétaire décrétée par Bercy.
Homme sans vigueur politique mais adepte de la rigueur économique, Macron a décidé d’engager le pays dans une économie de guerre pour affronter la Russie, déclare-t-il. Or, l’économie de guerre implique une profonde transformation du modèle économique afin de pallier les bouleversements d’un conflit armé et ainsi se concentrer essentiellement sur l’effort de guerre. Pourtant, la France, ridiculement militariste, n’a pas les moyens financiers et industriels de ses ambitions guerrières, ses gesticulations impérialistes !
Ce tournant militariste économique profitera néanmoins à quelques capitalistes dont les carnets de commande augmenteront de façon vertigineuse.
Cela étant, sous la mandature de Macron, qui aura rimé avec dictature et décrépitude, la France aura doublé son budget militaire. Ce sont 413 milliards d’euros qui seront dépensés jusqu’en 2030, dans le cadre d’une croissance continue du budget annuel de l’armée, qui va passer de 41milliards d’euros en 2022 à quasiment 70 milliards en 2030.
Depuis l’expulsion de la France de l’Afrique, l’armée française recentre ses efforts de guerre sur l’Europe orientale. Au vrai, ses gesticulations guerrières.
Au sein de l’Europe, accusant ses partenaires européens d’être des lâches et de pactiser avec Poutine, Macron montre ses muscles et se targue d’être le seul à assumer courageusement l’effort de guerre contre la Russie. Cet ennemi imaginé et imaginaire qui sert ses plans politiques machiavéliques intérieurs. Pour prouver sa détermination, Macron le boutefeu a même annoncé qu’il projette de dépêcher des troupes françaises en Ukraine, alors que le gouvernement ukrainien n’a nullement sollicité l’envoi de l’armée française sur son territoire. Quel coup de bluff de la part de cette tête de bœuf !
Comme tout un chacun le sait, non seulement l’armée française n’est pas en mesure de soutenir une guerre de haute intensité, mais toute la population française est opposée à tout conflit militaire contre la Russie. Pire, comme le souligne un haut gradé dans le magazine Marianne : «Il ne faut pas se leurrer, face aux Russes, on est une armée de majorettes !»
Alors, pourquoi Macron se livre-t-il à des gesticulations bellicistes et élucubrations guerrières ? Agite-t-il l’épouvantail de la menace russe et de la nécessité de la neutraliser, alors que l’armée française ne dispose pas de moyens humains et militaires pour mener une offensive militaire contre la Russie, encore moins de la légitimité juridique internationale ?
Dans cette période de crise économique qui frappe cruellement la France, le gouvernement Macron a besoin de créer un climat de guerre ou de peur de la guerre pour exiger des travailleurs de participer au fantasmagorique «effort de guerre», par des sacrifices socioéconomiques supplémentaires. Manière également indirecte d’aider les capitalistes en imposant l’austérité aux salariés. La sobriété économique et sociale au nom du danger imaginaire russe.
La menace de la guerre permet également de justifier et de légitimer le durcissement autoritaire de la gouvernance, les restrictions politiques, les répressions, les arrestations arbitraires, les expulsions. C’est-à-dire d’acter et d’officialiser le tournant fasciste de la France.
Comment entretenir un climat de psychose de guerre pour justifier et légitimer de nouvelles mesures d’austérité économique et de restrictions des libertés, sinon par la fabrication hystérique du péril russe, agrémenté de données militaires alarmistes délibérément amplifiées. Macron fait croire que l’armée russe assiège la France, elle est aux portes de Paris.
Comment prévenir et neutraliser l’exacerbation des tensions sociales généralisées actuelles en France, accélérer et renforcer la militarisation de la société, associée à une stratégie de contrôle social, sinon par une campagne de propagande militariste, appuyée sur un traitement de l’information militariste anxiogène propre à susciter un état de sidération sur fond de psychose collective, propice à la consolidation de l’union nationale ?
Comme le disait Hermann Göring, ministre sous le régime nazi et fondateur de la Gestapo : «Et si vous pouvez trouver quelque chose pour les effrayer, vous pouvez leur faire tout ce que vous voulez.»
Dans cette entreprise de propagande dédiée à l’exaltation de l’union nationale, toutes les forces sont mobilisées pour apporter leur concours, participer à l’opération d’embrigadement idéologique et militariste. Les instances étatiques sont également sollicitées. C’est le cas de la Cour des comptes, qui vient de publier un rapport alarmiste flanqué de préconisations axées sur des économies à opérer dans les finances publiques. Dans ce récent rapport, ces magistrats, serviteurs de l’Etat capitaliste français, estiment que 50 milliards d’économies supplémentaires seraient nécessaires, doublés d’une augmentation des impôts.
Les partis politiques, toutes obédiences confondues, sont également conviés à unir leurs forces, taire leurs divergences, pour resserrer leurs rangs en vue de concourir à l’affermissement de l’union nationale. Telle est la principale raison pour laquelle le gouvernement Macron a convoqué les parlementaires à un simulacre débat pour voter l’«accord» de sécurité cosigné par Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron, mi-février.
Un accord (idéologique) qui sert plus les intérêts de la bourgeoisie française décadente que ceux de l’Ukraine. Le gouvernement ukrainien est conscient qu’il ne peut rien attendre d’une France en déclin, désindustrialisée et surendettée. Cependant, et Macron et Zelensky, ces perdants de l’histoire, ont besoin l’un de l’autre pour tromper leurs peuples respectifs, pérenniser leur domination, assurer leur gouvernance mafieuse, spoliatrice.
Tout se passe comme si la France est en guerre contre la Russie. A croire que c’est la France qui a été envahie. La peur se nourrit de l’imagination. La psychose s’empare de la population lorsque le sentiment de danger imminent n’est plus réel mais imaginaire. Le gouvernement Macron s’active ainsi à répandre une peur obsidionale. Au vrai, le véritable ennemi de la bourgeoisie sénile française n’est pas la Russie mais le prolétariat français. L’ennemi n’est pas campé à l’extérieur mais tapi à l’intérieur.
Faute de moyens militaires pour mener une guerre à l’extérieur, le gouvernement Macron mène une guerre de propagande belliciste à l’intérieur pour ressouder la nation menacée d’éclatement, convaincre le peuple à consentir des sacrifices économiques et sociales, voire politiques, en s’accommodant du durcissement autoritaire, de l’ensevelissement de la démocratie, au nom de la menace imaginaire symbolisée aujourd’hui par la Russie. Et prochainement par un nouveau pays. La Chine ?
En réalité, Poutine est devenu le meilleur allié de Macron : il lui sert de rempart pour mener sa guerre de classes contre le prolétariat français, d’épouvantail pour justifier et légitimer le durcissement autoritaire de la gouvernance. Pour assurer la transition fasciste de la France.
K. M.
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