Ce que l’ouverture d’un bureau du parti rifain en Algérie a révélé au grand jour
Par Karim B. – Coup double pour les autorités algériennes qui ont pris sur elles d’ouvrir une représentation du Parti national rifain (PNR) à Alger. La réaction du Makhzen a révoqué en doute le scepticisme de scrutateurs de la scène maghrébine, qui avaient exprimé leur crainte de voir cette décision avoir des conséquences néfastes pour l’Algérie. Au contraire, deux faits liés à celle-ci démontrent, on ne peut mieux, le caractère judicieux d’une telle démarche intelligente, même si celle-ci part d’un sentiment de soutien sincère à la cause rifaine, en hommage à son charismatique dirigeant historique Abdelkrim El-Khattabi, que les Algériens assimilent volontiers à leurs martyrs de la Résistance et de la Révolution armées contre le colonialisme français.
En réaction à l’ouverture du bureau des militants rifains à Alger, le Makhzen a foncé tête baissée en faisant campagne pour le MAK de Ferhat Mehenni, qui vient d’annoncer la proclamation imminente de l’«Etat kabyle», dans une mise en scène grotesque réalisée à Paris par les services secrets marocains, qui le prennent en charge et lui payent ses cuites. Les outils de propagande marocains se sont chargés de la promotion de cette déclaration qui provoque un «séisme politique en Algérie» (sic). Les services marocains nous ont habitués à ce genre de cinéma burlesque, en répondant par des actes vaudevillesques aux gestes autrement plus sérieux de l’Algérie, qui compte bien aider les Rifains à s’affranchir du royaume de Marrakech et dont le territoire a été annexé par le maréchal Lyautey dans les années 1920.
Contrairement au MAK et à son ivrogne de chef, le Parti national rifain jouit d’une assise populaire solide chez lui, alors qu’en Kabylie, Ferhat Mehenni ne peut compter que sur le soutien de quelques centaines d’ouailles fanatisées qui partagent avec lui le faible pour la cervoise. Le Makhzen sait que son pantin d’Illoula Oumalou est incapable de réunir plus d’une dizaine de fidèles dans son propre village et que son titre fantasque de «président», dont ce fanfaron rêve depuis qu’il a commencé à gratter les cordes de sa guitare, n’a de sérieux que dans ses causeries très peu suivies malgré tous les moyens mis à sa disposition par les régimes de Rabat et Tel-Aviv, dont la chaîne sioniste i24 News a répercuté l’«événement» en frétillant de la queue.
L’ouverture du bureau du PNR à Alger a eu le mérite de révéler au grand jour l’emprise du Makhzen sur le MAK et de pousser la monarchie marocaine à s’afficher en faisant un pas supplémentaire dans sa complicité avec cette organisation classée terroriste en Algérie. Dans son monologue qui fait office de discours, Ferhat Mehenni n’a pas manqué de se référer à l’aide précieuse que lui offre le Maroc, en s’aplatissant devant le tout aussi farfelu Omar Hilale, l’inamovible représentant de Mohammed VI à New York, qui, en juillet 2021, exhibait à l’ONU une carte de l’Algérie amputée de la Kabylie.
D’une pierre deux coups donc : le Makhzen tombe définitivement le masque et le MAK se tire une balle dans le pied en ne pouvant plus nier son asservissement total au Maroc.
K. B.
Comment (120)