Le Maroc drague le nouveau président sénégalais après avoir accusé l’Algérie
Par Abdelkader S. – Le roi du Maroc a dépêché son Premier ministre, Aziz Akhannouch, flanqué de Nasser Bourita, le ministre des Affaires étrangères, au Sénégal pour le représenter à la cérémonie de prestation de serment du nouveau Président, qui a eu lieu ce mardi près de Dakar. C’est que l’enjeu est d’une extrême importance pour le Makhzen qui a perdu en la personne de Macky Sall le complice idéal dans le jeu trouble du régime de Rabat dans la région, notamment dans sa politique inamicale à l’égard de l’Algérie.
C’est une véritable course contre la montre pour Mohammed VI qui cherche à doubler son voisin de l’Est dans son opération de charme à l’égard de la nouvelle direction politique de ce pays de l’Afrique de l’Ouest dont le Président élu, Bassirou Diomaye Faye, laisse entrevoir un détachement brutal de l’ancienne puissance coloniale et de son sous-traitant marocain. Le régime marocain a préparé le terrain avant même la proclamation des résultats de la présidentielle que le candidat à sa propre succession avait tenté de reporter, en vain, au grand dam des Marocains qui manœuvraient pour maintenir leur pion au pouvoir le plus longtemps possible.
Les services secrets marocains avaient mis en branle leur machine de propagande pour accuser l’Algérie d’être derrière les manifestations contre leur protégé déchu. «Les appels à la démission du président sénégalais Macky Sall ont curieusement débuté en France, lors de manifestations de la communauté sénégalaise établie dans le pays. Au-devant des manifestants se trouvaient des affiches portant trois drapeaux : celui de la France, de l’Algérie et du groupe séparatiste Polisario créé par Alger pour diviser le Maroc», rechignait-on à Rabat, où on s’interrogeait sur la relation qui existerait entre ce «complot – [ourdi par l’Algérie] pour déstabiliser le Sénégal – et le Maroc».
«L’infiltration d’Algériens dans ces marches de contestation du pouvoir au Sénégal pouvait donc se voir facilement à travers leur faciès, leur drapeau, ainsi que la présence de slogans pro-Polisario et du drapeau séparatiste, qui sont un autre élément prouvant la présence de la main algérienne dans l’orchestration de ces manifestations contre Macky Sall», insistaient les médias du Makhzen, qui craignait ainsi de voir la marionnette de Mohammed VI et d’Emmanuel Macron quitter le pouvoir au mauvais moment. C’est-à-dire alors que la France perd pied en Afrique où ses troupes ont été expulsées de façon humiliante.
Le régime monarchique de Rabat, qui a lié les manifestations exigeant le départ de Macky Sall à «un agenda de la diplomatie algérienne visant à contrecarrer le Maroc», admet que le Sénégal, sous le Président vaincu, «a toujours été un pays ami du Maroc et un défenseur de la marocanité du Sahara».
A. S.
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