Ce qu’il faut retenir de l’échange entre le président Tebboune et Ben Zayed à Bari
Par Karim B. – Un bref échange entre le président Tebboune et l’homme fort d’Abu Dhabi, Mohammed Ben Zayed, a polarisé l’attention à Bari, en Italie, où s’est tenu le Sommet du G7. Les commentaires vont bon train depuis la diffusion d’une image montrant le chef de l’Etat assis et discutant avec son homologue émirati, debout et penché pour écouter ce que Tebboune avait à lui dire, en pointant l’index dans sa direction. Un geste anodin mais interprété comme une «mise en garde». Or, il n’en est rien, corrige-t-on.
Cette brève entrevue tout à fait protocolaire entre les dirigeants de deux pays membres de la Ligue arabe, dont les relations sont au plus bas depuis que le régime des Al-Nahyane a multiplié les actes hostiles à l’égard de l’Algérie, pourrait être assimilée à la poignée de mains entre le défunt président Abdelaziz Bouteflika et le Premier ministre israélien Ehud Barak au Maroc, en 1999, à l’occasion des funérailles du roi Hassan II. Beaucoup avaient vu, faussement, dans ce geste de communication les prémices d’un changement de cap par la nouvelle direction politique en Algérie, Bouteflika venait à peine d’arriver au pouvoir. D’aucuns estiment, comparaison faite, que la courte discussion entre son successeur et le président des Emirats arabes unis à Bari, ce vendredi, n’est pas synonyme d’un dégel annoncé entre Alger et Abu Dhabi et que des efforts colossaux devront être consentis par la partie émiratie pour atténuer la colère des dirigeants algériens.
D’autres notent que la rencontre de Bari pourrait, au contraire, préluder l’ouverture de canaux de dialogue pour tenter de recoller les morceaux, d’autant que le génocide commis par l’allié des Emirats en Palestine a mis dans une sérieuse gêne tous les pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec le régime criminel de Tel-Aviv. La révolution – c’est le mot – déclenchée par la diplomatie algérienne au Conseil de sécurité de l’ONU a confirmé le stoïcisme de l’Algérie et sa détermination à aller de l’avant dans son soutien indéfectible et inconditionnel à la cause palestinienne, quitte à croiser le fer avec les puissants Etats-Unis. Sa persévérance – «Nous reviendrons !» a martelé Amar Bendjama à l’adresse de Washington après le veto américain contre le projet de résolution présenté par l’Algérie – a fini par décomplexer l’organisation onusienne, critiquée à maintes reprises, et dans des termes on ne peut plus clairs, par l’Algérie pour sa paralysie.
Les Emirats arabes unis, qui ont fait le mauvais choix de parrainer les basses manœuvres du Makhzen marocain, en représailles à la réaction sans ambages de l’Algérie au lendemain de l’annonce de la normalisation avec l’Etat hébreu sous l’égide des Etats-Unis, devront revoir leur copie. Si Mohammed Ben Zayed veut rectifier le tir et gagner l’amitié de l’Algérie, qui a marqué de son empreinte indélébile son poids diplomatique sur le plan international, il devra revoir sa copie et réviser ses choix. Tant qu’il est encore temps.
K. B.
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