La fierté algérienne se mange-t-elle avec la baguette parisienne ?
Une contribution du Dr A. Boumezrag – En Algérie, pays riche d’une histoire de lutte pour l’indépendance et de fierté nationale, une question persiste : peut-on véritablement clamer sa souveraineté tout en dépendant du blé étranger pour notre pain quotidien ? La baguette française et la galette moscovite deviennent alors des symboles de cette dépendance paradoxale.
Un héritage de dépendance
Depuis l’indépendance en 1962, l’Algérie a fait des progrès significatifs pour se détacher de ses anciennes chaînes coloniales. Pourtant, sur le plan alimentaire, le pays continue d’importer une grande partie de son blé de France, ancienne puissance coloniale, et de Russie, héritière du bloc socialiste. Chaque matin, les Algériens dégustent des baguettes dorées et des croissants beurrés, des délices qui rappellent les saveurs de Paris. Mais chaque bouchée porte le goût amer de la dépendance économique.
La baguette parisienne : une douce amertume
La baguette parisienne, avec sa croûte dorée et son intérieur moelleux, symbolise la relation économique entre l’Algérie et la France. Importer du blé français signifie non seulement profiter de ce délice, mais aussi maintenir des liens économiques avec l’ancienne puissance coloniale. Pour beaucoup, cette dépendance est un rappel constant de la période coloniale, rendant chaque bouchée de baguette un peu plus amère.
La galette moscovite : une alternative paradoxale
D’un autre côté, il y a la galette moscovite, dense et nourrissante, représentant les offres des Soviétiques socialistes. Importer du blé de Russie signifie s’aligner avec une autre idéologie, une autre forme de dépendance. Cette alliance promet une solidarité idéologique, mais apporte également ses propres contraintes et défis. La galette moscovite symbolise une tentative de l’Algérie de se démarquer, d’affirmer une nouvelle identité politique, mais au prix d’une nouvelle forme de dépendance.
Vers l’autosuffisance : un chemin semé d’embûches
Face à ces choix, les dirigeants algériens ont entrepris des réformes ambitieuses pour transformer le paysage agricole du pays. Des programmes de modernisation des infrastructures agricoles, des techniques de culture avancées et une recherche accrue ont été mis en place pour augmenter la production de blé local. Malgré les aléas climatiques et les défis logistiques, le peuple algérien persévère, sachant que chaque sac de blé produit localement est un pas vers l’indépendance économique.
Redécouvrir les traditions locales
Dans cette quête d’autosuffisance, les Algériens redécouvrent également leurs propres traditions culinaires. Le pain traditionnel algérien, fait de blé local et préparé selon des recettes ancestrales, devient un symbole de fierté nationale. Les marchés locaux voient une résurgence des produits locaux, et les agriculteurs diversifient leurs cultures pour renforcer la sécurité alimentaire du pays.
L’importance des alliances stratégiques
Tout en travaillant vers l’autosuffisance, les dirigeants algériens comprennent l’importance des alliances stratégiques. En diversifiant leurs partenaires commerciaux et en négociant des accords équilibrés, ils bénéficient de l’expertise et du soutien de plusieurs nations, sans se lier exclusivement à une seule. C’est un équilibre délicat entre souveraineté et pragmatisme.
Un avenir souverain et autonome
La parabole de la baguette parisienne et de la galette moscovite évolue vers une nouvelle ère. Grâce à des efforts constants et à une détermination inébranlable, l’Algérie réduit progressivement sa dépendance aux importations de blé. Les champs de blé algériens deviennent un symbole de l’indépendance retrouvée, permettant aux Algériens de goûter à une véritable liberté économique.
La fierté algérienne se mange-t-elle avec du pain étranger ? La réponse se trouve dans chaque grain de blé cultivé sur le sol algérien, dans chaque pain traditionnel sorti du four, et dans chaque effort déployé pour construire un avenir où l’Algérie pourra se nourrir de ses propres terres, forgeant ainsi une souveraineté véritable et durable.
La question de savoir si la fierté algérienne peut véritablement se concilier avec une dépendance au blé étranger est au cœur des débats sur la souveraineté et l’autosuffisance alimentaire. La baguette parisienne et la galette moscovite ne sont pas seulement des choix culinaires, mais des symboles de choix économiques et politiques complexes.
L’Algérie, avec son histoire riche et ses aspirations à l’indépendance, cherche à tracer un chemin qui équilibre la réalité des relations internationales et la nécessité de construire une économie agricole robuste et autonome. Les efforts pour moderniser l’agriculture, redécouvrir les traditions locales et diversifier les alliances commerciales sont des pas importants vers cette indépendance.
La véritable souveraineté réside dans la capacité d’un peuple à subvenir à ses propres besoins, à valoriser ses ressources et à forger son propre destin. Chaque sac de blé cultivé localement, chaque pain traditionnel sorti du four, est une victoire sur la dépendance. C’est en nourrissant ses enfants avec le fruit de ses propres terres que l’Algérie pourra véritablement gonfler le torse de la souveraineté, avec une fierté authentique et durable.
Ainsi, la fierté algérienne se nourrit de la terre algérienne, de l’effort collectif et de la résilience d’un peuple déterminé à écrire son propre avenir, loin des chaînes visibles ou invisibles de la dépendance.
«Se nourrir de pain étranger tout en clamant sa souveraineté est une contradiction ; la véritable indépendance se cultive dans les champs de sa propre terre.»
«Malheur à un peuple qui se nourrit de ce qu’il ne produit pas, se vêtit de ce qu’il ne tisse pas, de se soigner avec des médicaments qu’il ne produit pas.»
A. B.
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