L’ancien ambassadeur de France à Alger donneur de leçons jugé pour extorsion
Par Nabil D. – La justice française a ordonné le renvoi devant le tribunal correctionnel de Bernard Bajolet, ancien ambassadeur de France en Algérie, pour complicité de tentative d’extorsion ayant ciblé un homme d’affaires français en 2016. L’homme d’affaires en question accuse le service de renseignement que dirigeait Bernard Bajolet d’avoir fait usage de la contrainte pour lui réclamer de l’argent, indique AFP. «Le parquet a également demandé que Bernard Bajolet soit jugé pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique», ajoute l’agence de presse française.
Celui qui donnait des leçons sur la corruption en Algérie est lui-même un diplomate et un officier du renseignement ripou, donc. En effet, dans un entretien au magazine franco-marocain Jeune Afrique, Bernard Bajolet déclarait, en 2018, à l’occasion de la sortie de son essai Le soleil ne se lève plus à l’Est, qu’en Algérie, «la corruption touche jusqu’au sommet de l’Etat». «Ce que j’écris sur l’Algérie dans mon livre ne relève pas de la diplomatie : j’y appelle un chat un chat. Je ne représente pas le gouvernement français, ni ne parle en son nom. D’ailleurs, l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, a tout à fait raison de dire que je ne m’exprime pas au nom du gouvernement», avait-il argué.
«Je ne suis mandaté par personne, il s’agit d’appréciations personnelles. Désormais libéré de mes obligations au service de l’Etat, j’use de ma liberté de parole», avait encore dit l’ancien patron de la DGSE, un service secret qui a joué un rôle extrêmement néfaste durant la décennie noire en Algérie, apportant son soutien et son expertise aux groupes islamistes armés (GIA), ancêtre d’Al-Qaïda et de Daech. «Il existe un décalage entre cette Algérie jeune et cette technostructure qui n’a pas changé depuis plusieurs décennies», avait-il encore souligné, dans un réquisitoire qui suinte la même haine viscérale que son successeur qu’il cite à l’égard de l’Algérie et des Algériens.
«Le constat sur la corruption qui touche jusqu’au sommet de l’Etat – que j’évoquais dans un télégramme divulgué par WikiLeaks – n’a pas fondamentalement changé», avait persisté ce haut fonctionnaire qui rejoint la cohorte de responsables politiques français qui font la queue chez le juge pour corruption, emplois fictifs, détournement de fonds, conflit d’intérêts, délit d’initié, etc. «Les richesses enfouies dans le sous-sol, qui ne sont pas éternelles, diminuent. J’ai même entendu des hauts responsables algériens affirmer que les exportations pétrolières pourraient cesser à partir de 2030. Cela voudrait dire que les recettes d’exportation vont baisser, tandis que les besoins de la population augmentent», avait-il prédit, dans un constat apocalyptique sciemment amplifié, qui s’est avéré faux et qui, en fait, concerne plutôt son pays, la France, qui coule à vue d’œil.
N. D.
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