Washington et Moscou se «disputent» le partenariat stratégique avec l’Algérie
Par Abdelkader S. – L’Algérie se positionne comme un acteur pivot non plus dans la région nord-africaine et dans le bassin méditerranéen, mais bien au-delà, depuis son élection au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
Désormais, sa voix compte dans l’échiquier mondial, jusqu’à rappeler les glorieuses années 1970 sous le règne de Houari Boumediène lorsqu’Alger était devenue la Mecque des révolutionnaires et que l’Algérie armait et finançait les mouvements de libération et se plaçait en première position dans le soutien actif au Front du refus dans sa guerre contre Israël en 1967 et 1973.
Ce retour remarqué sur la scène internationale a fait de l’Algérie à nouveau un pôle vers lequel convergent les puissances étrangères pour solliciter le renforcement de partenariats déjà existants. C’est ainsi qu’à vingt-quatre heures d’intervalle, deux hauts responsables russe et américain ont atterri à Alger où ils ont été reçus par le président de la République. Si aucune information n’a filtré sur les dossiers traités lors de ces deux visites, hormis les propos purement diplomatiques tenus par le patron de l’Africom et le président de la Douma russe, vantant l’excellence des relations qui lient leurs pays au nôtre et l’importance de renforcer la coopération dans plusieurs domaines, notamment la lutte contre le terrorisme, il va sans dire que des problèmes autrement plus profonds ont été traités.
Les Etats-Unis, dont l’ambassadrice a multiplié les déclarations dithyrambiques à l’égard de l’Algérie dans plusieurs sorties médiatiques et déclarations publiques ces derniers jours, sont conscients qu’en dépit des positions fermes et immuables de notre pays vis-à-vis de questions névralgiques comme la Palestine et le Sahara Occidental, ils doivent composer avec cette puissance régionale qui a su maintenir un équilibre intelligent dans sa politique étrangère. Comme elle a réussi à s’imposer en tant que force de frappe grâce à une armée extrêmement bien formée et équipée. Rien au Sahel ne peut se faire sans passer par Alger. Cela, aussi bien Washington que Paris le savent pertinemment. Moscou et Pékin, qui s’installent dans la région subsaharienne, bousculant les intérêts américains et français, le savent aussi.
Au-delà, la politique du juste milieu adoptée par l’Algérie, qui s’interdit de s’ingérer dans les affaires internes de pays tiers et qui, dans le même temps, interdit de manière ferme à toute puissance étrangère de s’immiscer dans les siennes propres, lui a conféré un statut particulier dans le concert des nations. En effet, sa modération et sa constance dans la défense des causes justes, sans jamais se soumettre à quelque pression d’où qu’elle vienne, ont poussé les dirigeants des pays occidentaux, arabes et africains à se réfugier dans sa sagesse pour essayer sinon de régler des crises du moins d’en atténuer les effets.
A. S.
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