La vraie menace ne vient pas du Maroc voisin mais du loin empire occidental
Par Khider Mesloub – Il serait faux de suspecter le Maroc de velléités guerrières contre l’Algérie, la menace ne vient pas de ce côté-là de la frontière. Ce serait, en effet, accorder à cette déliquescente monarchie trop d’honneur en la gratifiant de pouvoir de nuisance infaillible, de capacité de destruction imparable. En effet, le Maroc, pays semi-féodal semi-colonisé, embourbé dans une récession économique et une crise de légitimité institutionnelle, dépourvu d’une armée puissante susceptible de mener une guerre moderne, ne représente en fait aucun danger pour l’Algérie.
Et son alliance avec Israël ne révèle pas d’une politique diplomatique à visées géopolitiques ou géostratégiques. Elle est bassement motivée par des considérations d’ordre intérieur, c’est-à-dire pour tenter de sauver la monarchie chérifienne menacée d’implosion. L’entité sioniste est le dernier rempart du Makhzen. Les sionistes israéliens, réputés pour leurs compétences en matière de maintien de l’ordre et de répressions contre les Palestiniens, ont été recrutés en qualité d’agents de sécurité pour assurer (vainement) la pérennité du royaume chérifien, menacé de l’intérieur par une population marocaine paupérisée de plus en plus frondeuse.
En dépit des rodomontades bellicistes de ses narco-dirigeants et de ses serviles journalistes va-t-en-guerre, le Maroc ne dispose pas de forces armées performantes pour se lancer dans une suicidaire guerre contre l’Algérie. L’Etat marocain est tout juste capable de mener des opérations de maintien de l’ordre contre la population sahraouie déshéritée et désarmée, de faire régner la terreur dans le territoire occupé sahraoui, notamment par sa police haillonneuse et des bandes de civils déguenillés armés.
Au reste, les gesticulations bellicistes de la monarchie anachronique moribonde visent en vérité à occulter la fragilité d’un régime aux abois. Et les récurrentes interventions militaires contre le Sahara Occidental (dernier vestige, avec la Palestine, colonial) ont pour unique dessein de détourner l’attention des masses populaires miséreuses marocaines, mobilisées ces dernières années dans de multiples révoltes sociales contre le royaume chérifien, qui chérit bien ses nouveaux partenaires sionistes, ces garde-corps dragués pour se mettre sous leur virile protection.
Pour éteindre les brasiers incendiaires des revendications sociales du peuple marocain paupérisé, le régime despotique colonial allume fréquemment un feu nationaliste plus festif pour enflammer la fibre patriotique marocaine ternie par la crise économique, la répression policière et la normalisation de ses relations avec Israël.
Ainsi, la population misérable marocaine est-elle appelée régulièrement à communier avec ferveur en faveur des exaltations chauvines et des manœuvres impérialistes chérifiennes dirigées contre le Sahara Occidental. Cette exhibition ostentatoire de la force ressemble, à s’y méprendre, à une farce. Cette fébrilité de la diplomatie marocaine, illustrée par la célébration de ses noces voluptueuses avec l’Etat (l’étalon) sioniste, s’apparente à une danse du ventre, tout juste bonne à exciter la concupiscence des partenaires plénipotentiaires. Activités voluptueuses dans lesquelles excelle la monarchie touristique libidineuse.
Nul doute, dans l’éventualité d’une opération militaire dirigée contre l’Algérie, il est improbable que la population marocaine maintienne sa fidélité et son soutien au régime chérifien, amplement discrédité depuis la normalisation de ses relations avec l’entité sioniste. Le peuple marocain ne cautionnera jamais une telle entreprise militaire dirigée contre ses frères algériens. Non seulement il se désolidarisera du régime chérifien dictatorial par une mobilisation massive contre la guerre, mais il saisira cette opportunité pour abattre définitivement l’anachronique monarchie moyenâgeuse, déjà contestée par d’incessantes manifestations qui s’en prennent non seulement au gouvernement mais également au roi. Régulièrement, à chaque révolte sociale, le Makhzen est directement vilipendé et sa déchéance réclamée.
A focaliser les projecteurs médiatiques alarmistes sur ce pays semi-féodal, on lui prête et une influence politique immotivée et une puissance militaire imméritée.
On peut conjecturer que la survie du régime monarchique est en sursis, sa disparition imminente, sous l’effet conjugué de la crise économique, de la paupérisation généralisée de la population marocaine, de l’insurrection populaire.
De surcroît, le Makhzen se jette dans les bras (sous les draps) de son nouveau partenaire sioniste au moment où celui-ci est impuissant, frappé d’une frigidité institutionnelle insurmontable. Ne pas perdre de vue qu’Israël est également menacé d’implosion. Israël est en sursis. Sa disparition est inéluctable.
Deux régimes anachroniques aux abois réduits à aboyer car l’Histoire s’apprête à les broyer. Leurs aboiements n’illustrent pas la force de deux colosses militaires près à mordre, mais dévoilent les râles de deux cadavres étatiques agonisants.
En réalité, si menace d’invasion de l’Algérie il y a, elle viendrait de l’autre rive de la Méditerranée, plus précisément de la France. En effet, la France, pour d’évidentes motivations géostratégiques primordiales et vitales, avec l’appui de l’OTAN, n’hésitera pas à envahir de nouveau l’Algérie. Cette conquête se fera même avec la complicité d’une certaine élite algérienne établie à l’étranger ou tapie à l’intérieur du pays.
Récession et tensions internationales mondiales obligent, la France belliciste fourbit ses armes pour se lancer dans la prochaine guerre généralisée en préparation. D’autre part, il faut avoir à l’esprit qu’aujourd’hui, en France comme dans nombre de pays atlantistes, c’est la guerre qui dicte le tempo. C’est la guerre qui impose son programme politique meurtrier, son agenda économique militariste, son système de pensée chauviniste et caporaliste.
Cela étant, au plan géostratégique, nul n’ignore l’aggravation des tensions entre la France et l’Algérie. Le dernier différend diplomatique en date est la révélation de la lettre de soutien officiel à l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc apporté par Macron, ayant entraîné la décision du gouvernement algérien du retrait de son ambassadeur auprès de la République française avec effet immédiat.
On se souvient comment le président français avait, en 2021, provoqué le gouvernement algérien par ses déclarations incendiaires. Macron avait accusé «le système politico-militaire algérien d’entretenir une rente mémorielle en servant à son peuple une histoire officielle qui ne s’appuie pas sur des vérités mais sur un discours qui repose sur une haine de la France». Selon le journal Le Monde, Macron avait également affirmé que «la construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question (…)». Traduction : l’Algérie est une création de la France, l’œuvre de la France, donc l’Algérie reviendrait à ses fondateurs, ses légitimes propriétaires, y compris par la force.
En tout cas, les relations entre la France et l’Algérie ne cessent de se dégrader. En particulier depuis le renforcement du partenariat entre l’Algérie et la Russie, pays «paria» menacé de destruction totale par l’OTAN qu’il lui livre une guerre de proxy et d’attrition.
C’est dans ce contexte de tensions internationales marquées par la guerre russo-ukrainienne et la crise énergétique que l’OTAN avait publié, l’année dernière, un rapport «secret». Ce document confidentiel de l’OTAN, révélé par le site d’information américain Business Insider et relayé par l’agence Ecofin, qualifiait, à dessein, l’Algérie de «risque pour la sécurité de l’Europe». La menace d’une intervention contre l’Algérie est implicitement évoquée dans un passage du rapport : «La sécurité énergétique est considérée depuis de nombreuses années comme un facteur important en matière de politique étrangère et de sécurité, au sein de l’OTAN.» L’OTAN craint que l’Algérie, à l’instar de la Russie, «utilise ses livraisons de gaz aux pays d’Europe du Sud comme une arme géopolitique, ce qui représenterait un risque pour la résilience politique et économique de l’Europe et à long terme, menacerait le statut de l’Algérie en tant que fournisseur d’énergie pour l’Europe».
Pis, selon la France, les sous-marins et les missiles de croisière acquis par l’Algérie lui donnent dorénavant un avantage significatif dans le contrôle de l’accès à la Méditerranée. L’Algérie a la possibilité d’interdire l’accès au détroit de Gibraltar.
Pour sa part, l’Union européenne a ouvert délibérément les hostilités contre l’Algérie, en exigeant d’elle l’ouverture de son marché. L’UE a accusé, le 14 juin dernier, l’Algérie d’avoir imposé «des restrictions commerciales visant les acteurs européens, dont un système de licences d’importation, des subventions subordonnées à l’utilisation d’intrants locaux pour les constructeurs automobiles et un plafonnement de la propriété étrangère dans les entreprises importatrices».
L’Algérie est explicitement ciblée par l’OTAN, notamment en raison de ses liens privilégiés avec la Russie et la Chine, de sa coopération technique et militaire avec ces deux pays, dorénavant hissés en puissances ennemies à abattre.
Dans la guerre généralisée en préparation par le bloc occidentalo-sioniste-atlantiste contre le bloc russo-chinois-iranien, l’Algérie est classée parmi les pays à neutraliser pour son appartenance au second bloc (sic). En revanche, le Maroc, pays entièrement sous domination franco-sioniste, est qualifié de pays fiable pour défendre les intérêts du bloc occidentalo-sioniste-atlantiste. Ainsi, si le Maroc n’a pas les moyens militaires de soutenir, seul, une guerre contre l’Algérie, par contre il peut servir de base arrière pour soutenir l’effort de guerre du bloc occidentalo-sioniste-atlantiste. De point d’appui au bloc occidentalo-sioniste-atlantiste pour neutraliser l’Algérie, c’est-à-dire envahir l’Algérie.
Pour assurer ce plan d’assiègement militaire de l’Algérie, le Makhzen a exigé de ses partenaires, notamment la France, des contreparties. Outre la sécularisation et la pérennisation de son régime, la reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental. La France de Macron a accédé aux exigences de Mohammed VI (non pas par faiblesse diplomatique, par l’attachement indéfectible du Maroc ou par esprit revanchard néocolonial, mais pour des raisons de la guerre impérialiste en préparation).
Par sa lettre «confidentielle», rendue publique à dessein, le président Macron apporte son soutien officiel à l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc. Il l’a confirmé dans sa lettre. Macron a dit considérer que «le présent et l’avenir du Sahara Occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine».
La lettre lui a été dictée par Tel-Aviv, Washington et l’OTAN. Car la marche à la guerre mondiale s’accélère. Et la principale cible du bloc occidentalo-sioniste-atlantiste est la Chine.
Tout comme le déclenchement de la guerre de proxy et d’attrition contre Moscou par le bloc occidentalo-sioniste-atlantiste a pour visée de neutraliser, autrement dit de mettre hors état de nuire, le principal allié (militaire) de la Chine, la Russie, et surtout faire main basse sur les précieuses richesses naturelles du pays, en particulier ses matières énergétiques, à la fois en vue de les exploiter pour leurs besoins économiques (pays atlantistes), mais également de les soustraire au régime chinois, le privant ainsi de ces matières indispensables à son industrie, l’assiègement de l’Algérie répondra également aux mêmes visées géostratégiques : priver le bloc russo-chinois du soutien logistique de leur allié algérien. Et, surtout, prévenir toute cessation de livraisons de gaz algérien aux pays d’Europe, ou blocage à l’accès au détroit de Gibraltar par les sous-marins et les missiles de croisière algériens.
Si le Maroc s’apprête à devenir l’«Ukraine de l’Afrique du Nord», la base arrière depuis laquelle le bloc occidentalo-sioniste-atlantiste compte mener ses opérations militaires dans son imminente guerre mondiale, l’Algérie s’expose à devenir la «Russie», pays «paria» contre lequel sera mené une guerre de proxy et d’attrition.
K. M.
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