Voici pourquoi l’Algérie n’a pas réagi aux affrontements en cours au Nord-Mali
Par Kamel M. – Au Mali, on s’interroge sur le silence de l’Algérie face à la reprise des affrontements armés entre le pouvoir militaire central de Bamako et le mouvement Azawad. Des affrontements qui ont fait plusieurs morts et qui ne sont pas près de s’arrêter.
Côté algérien, l’armée se contente de renforcer la surveillance de la longue bande frontalière que l’Algérie partage avec ce pays limitrophe du Sahel, tandis que les dirigeants politiques ne comptent pas réagir officiellement à l’instabilité programmée qui règne à ses frontières sud. En effet, avant le déclenchement de ces affrontements, deux cents terroristes s’étaient évadés d’une prison réputée inexpugnable au Niger voisin, ce qui avait suscité moult interrogations sur la facilité avec laquelle ces prisonniers ont pris la poudre d’escampette, passant sous le nez des soldats nigériens.
Il y a dans ces deux faits un lien inexorable et l’Algérie est consciente que des puissances étrangères continuent de jouer avec le feu dans la région qu’elles cherchent à embraser dans une guerre proxy, qui implique des mercenaires russes, auxquels se sont joints des hommes armés ukrainiens, dépêchés par la France en renfort des combattants touareg du MNLA. Cette nouvelle intrusion à nos frontières dénote l’importation de la guerre russo-ukrainienne en Afrique subsaharienne et présage un élargissement du conflit et son prolongement dans cette zone chaotique qui constitue une menace directe pour la sécurité et l’intégrité territoriale de l’Algérie.
On sait depuis longtemps que le chef de file du Mouvement national pour la libération de l’Azawad est l’homme-lige de la France. On sait également que le nouveau régime de Bamako ne possède aucun pouvoir de décision en matière de politique internationale. Cette situation est caractéristique de tout ce que l’Algérie rejette depuis toujours, à savoir l’ingérence étrangère et la multiplication des intervenants dans les conflits qui font rage au Mali et en Libye et qui aggravent les crises internes au Niger, au Tchad et au Burkina Faso, entre autres. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a bien rappelé à son interlocutrice américaine, Stéphanie Khoury, la représentante provisoire de l’ONU en Libye, l’impératif retrait immédiat de toutes les forces étrangères que l’Algérie a inscrit parmi les quatre propositions pour une sortie de crise dans ce pays en proie à une guerre civile depuis onze ans.
Le gouvernement militaire de Bamako, issu du coup d’Etat de 2021, en dénonçant l’Accord de paix d’Alger, a fait perdre au Mali une chance de voir les belligérants se réunir à nouveau autour de la table des négociations pour espérer aboutir à une paix durable au Mali et éviter ainsi au peuple malien l’amer retour aux armes.
Pour autant, le silence de l’Algérie ne signifie pas qu’elle n’est pas préoccupée par ce qu’il se passe à sa frontière sud-ouest. Elle tient à l’œil aussi bien l’agent de la DGSE française Bilal Ag Acherif que le putschiste Assimi Goita.
K. M.
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