Le «loup» du Loch Ness
Une contribution du Dr Abdelaziz Ghedia – Il y a des lectures qui laissent perplexes. Des lectures qui incitent l’homme à se poser des questions d’ordre socio-anthropologique tellement les sujets abordés paraissent parfois invraisemblables. C’est bien le cas aujourd’hui.
En effet, je viens de lire sur Réseau International un article qui relate un fait qui, de mon point de vue, engendrera beaucoup de commentaires et donnera, à coup sûr, matière à réflexion sur l’époque du «wokisme» que certains pays de l’Occident collectif vivent et prennent pour une «normalité». Il s’agit d’un fait plus que divers. Pourquoi ?
Parce que, primo, ce n’est pas un banal accident de la route, ou même un carambolage où le nombre de blessés et de morts est tel que la presse ne manquerait pas de communiquer avec des mises en garde surlignées pour les usagers de la route. Et secundo, ce n’est pas non plus l’arrestation par les forces de l’ordre d’une bande de voyous qui détroussent, aux coins des rues de Paris ou de Londres, des vieilles mémés isolées. Non, rien de tout cela. C’est plutôt un fait, un truc qui, pour paraphraser les jeunes d’aujourd’hui, vous fait arrêter le cerveau.
Evidemment, la chose se passe dans un pays européen, un pays pour qui la culture du wokisme est en pleine œuvre, en plein essor, pourrais-je peut-être ajouter (selon l’article en question). Un pays connu par ses beaux châteaux de l’époque médiévale et le relief très accentué de ses falaises qui surplombent la mer, dans sa partie nord, où hurle constamment le vent du Nord. Vous l’aurez certainement deviné, il s’agit de l’Ecosse où, par tradition, les hommes portent des jupes et jouent de la cornemuse. Entre nous, je n’ai rien contre le fait que des hommes portent, occasionnellement, des jupes pour honorer leur culture ancestrale.
Bien au contraire, je ne me lasse pas, personnellement, de voir ces scènes riches en couleurs et d’entendre le son si particulier de la cornemuse. C’est un plaisir aussi bien pour les yeux que pour les oreilles et j’en garde un très bon souvenir d’un de mes voyages en Belgique, à Anvers plus exactement. En effet, de retour à Bruxelles, j’ai assisté, dans le train venant d’Amsterdam et allant à la capitale belge, à un spectacle inoubliable. Ce jour-là, l’équipe de foot de l’Ecosse devait affronter les Diables rouges, je ne sais plus pour quelle qualification. Le train était bondé de supporters écossais et un groupe habillé à l’écossaise jouait de la cornemuse. L’ambiance ainsi créée était magnifique et j’aurai voulu que le voyage soit plus long… Autres temps, autres mœurs !
Aujourd’hui, il ne s’agit plus de culture au sens classique du terme mais d’une «cancel culture», une culture de l’annulation qui se répand de façon insidieuse dans la plupart des pays de l’Occident.
Selon Wikipédia, le terme «woke» provient du verbe anglais «wake» (réveiller), pour décrire un état d’«éveil» face à l’injustice. Il est initialement utilisé pour désigner des personnes conscientes des problèmes liés à la justice sociale et à l’égalité raciale.
Mais est-ce le fait de se prendre pour un élément de la racine canine, un chien ou un loup (dans ce cas d’espèce) et de réclamer, en conséquence, qu’on vous reconnaisse cette qualité puisse être considéré comme «un éveil» de la conscience ? C’est ce qui est rapporté dans cet article de Réseau International : un lycéen d’une ville de l’Ecosse se prend pour un loup et ses enseignants n’ont rien trouvé d’anormal dans ce comportement «animalier». C’est vraiment absurde, ridicule. Bien heureusement pour ce jeune lycéen que le ridicule ne tue pas.
Cela dit, je me rappelle d’une histoire similaire, une histoire plutôt fictive, du genre Fables de la Fontaine, en arabe, mais dont j’ai oublié le nom de l’auteur. C’était dans notre livre de lecture à l’école primaire, pour vous dire que cela remonte à bien loin maintenant. C’était l’histoire d’un malade imaginaire qui se prenait pour une vache. Il n’arrêtait pas de beugler et d’implorer les siens de le sacrifier. Ne trouvant pas une oreille attentive parmi son entourage, il alla jusqu’à faire grève de la faim. De ce fait, au bout de quelques jours, il devint chétif, presque la peau sur les os. On appela alors, à son chevet, un médecin des plus réputés de la région. En présence de l’homme-vache qui continuait à beugler, ce médecin, ayant une grande expérience en matière de pathologies psychiatriques a vite cerné le problème. Il comprit vite qu’il s’agissait, en fait, d’une maladie psychiatrique à type d’hallucination (auditive, visuelle et tutti quanti). Il ne lui restait alors qu’à jouer le jeu.
– Donnez-moi, un couteau, dit-il à l’assistance, tout en examinant le patient, je vais sacrifier cette vache.
L’homme-vache, croyant que son heure était arrivée, sourit, tout heureux d’aller servir de repas copieux à tout le village.
– Ah, non, mais cette vache est maigre, elle ne suffira pas à tous les villageois, il faut l’engraisser d’abord pour pouvoir en tirer le maximum de profit, ajouta-t-il, après avoir palpé certaines parties anatomiques de cette «vache».
Avant de reprendre sa trousse médicale et de repartir, il prescrit un traitement et insiste avec «la vache» pour qu’elle s’alimente et reprendre ainsi du poids.
C’est ce qu’elle fit.
Au bout de quelques jours, la «vache» retrouve ses capacités physiques et mentales et… ne beuglera plus.
Toujours est-il que, pour revenir à l’histoire de ce jeune «loup» écossais, nous pensons qu’il souffre d’un mal terrible de la personnalité. Par conséquent, il nécessite un très sérieux suivi en milieu psychiatrique. Se laisser emporter par des sentiments d’origine «woke» et accepter ses désidératas n’est pas de nature à lui rendre service.
A. G.
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