Moyen-Orient compliqué
Une contribution du Dr Aziz Ghedia – En général, quand on évoque le Moyen-Orient et ses multiples problèmes existentiels, c’est cette expression qui vient subitement à l’esprit, «le Moyen-Orient-compliqué». Mais, l’on ne se demande presque jamais pourquoi cette partie du monde est si compliqué que ça. L’était-elle depuis la nuit des temps ? Depuis les premières révélations survenues sur le mont Sinaï, qui, géographiquement, n’est pas dans cette région ? Du fait de la coexistence d’une mosaïque d’ethnies et de confessions religieuses dans ce berceau des trois religions monothéistes ? Ou l’était-elle devenue depuis qu’un peuple, les juifs pour ne pas les nommer, ayant subi l’holocauste en Europe (lors de la Seconde Guerre mondiale) et détenant un papier du cadastre anglais (et non de Dieu comme il le prétend dans son délire de persécution) avait décidé d’établir «son foyer juif» sur des terres qu’il croyait sans peuple ?
Toute la genèse de ce «Moyen-Orient compliqué» est là. C’est cette implantation de l’entité sioniste en terre de Palestine qui a rendu les choses si compliquées. Comme en chirurgie plastique, il s’agit d’une hétérogreffe qui ne prendra jamais ; tôt ou tard, ce greffon sera rejeté, et ce malgré les traitements anti-suppresseurs qu’on puisse donner, quelle que soit l’aide militaire, diplomatique, financière et économique que l’Occident apportera à l’entité. A moins d’une confrontation généralisée, d’une guerre nucléaire qui mettra, de toute façon, fin à tout le monde. Là, les éventuels survivants diront que «le chauve n’a plus besoin de se gratter la tête», pour utiliser un dicton de notre terroir.
En fait, la paternité de cette expression revient à l’homme du 18 juin, Charles de Gaulle, qui, en 1941, l’utilisa en ces termes : «Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples.»
Depuis, elle revient souvent dans les discussions, particulièrement lorsqu’on n’a pas envie de triturer ses méninges pour comprendre ce qui se passe dans cette aire géographique. Cette façon d’occulter le problème ne fait, en fait, de notre point de vue, qu’encourager à l’embrasement de toute la région. Et, apparemment, cela ne tardera pas à advenir.
Il y a un peu plus d’une année, j’ai écrit un article sur ce site même et dont l’intitulé était «La troisième guerre mondiale aura-t-elle vraiment lieu ?» Mais, je liais cette question à ce qui se passait en Ukraine, pas très loin du Moyen-Orient, et qui mettait l’un en face de l’autre, les Russes et l’OTAN, par chair à canon ukrainienne interposée. Aujourd’hui, force est de réviser ma conception des choses. Car il s’agit là de l’enfant chéri du monde occidental, Israël en l’occurrence qui, depuis l’entrée en scène des Iraniens, risquerait de se trouver en difficulté. Une pluie de missiles en provenance de l’Iran s’était d’ailleurs abattue, dans la nuit de ce 2 octobre, sur Tel-Aviv entraînant, selon les premières estimations, d’énormes dégâts aux infrastructures militaires de l’entité sioniste.
Sur les réseaux sociaux et notamment X (anciennement Twitter), on somme les gens à choisir : «Soit vous soutenez Israël, soit vous soutenez le terrorisme.» En somme, c’est une répétition de ce slogan «vous êtes avec nous ou contre nous» de G.-W. Bush, en 2001, après les attentats du World Trend Center et qui ne tient plus la route. On pensait alors que derrière chaque musulman se cachait un potentiel terroriste et on ne tarda pas à déclarer la guerre contre un certain nombre de pays musulmans. Quid de l’Irak de Saddam Hussein, accusé à tort de détenir des ADM (Armes de destruction massive) et de l’Afghanistan dont les Taliban au pouvoir étaient perçus comme le Mal personnifié ? Beaucoup d’eau a coulé alors sous le pont. Des Etats souverains de ce «Moyen-Orient compliqué» ont été, pour diverses raisons, anéantis, presque rayés de la carte géographique alors qu’aujourd’hui il s’avère bien que le véritable terrorisme, d’Etat celui-là, qui se trouve effectivement bien au Moyen-Orient, n’est pas celui auquel on pensait.
Nous sommes contre une troisième guerre mondiale. Nous ne suivrons personne dans cette voie qui mène tout droit à l’apocalypse et à l’hiver nucléaire. Telle fut, en substance, ma réponse, sur X, à ce cri d’orfraie.
A. G.
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