La Commission de décolonisation de l’ONU a anéanti le brimbalant Makhzen
Par Mohamed K. – Les arguties des outils de propagande marocains sur un prétendu «étau» qui se «resserre sur Alger» prêtent à rire. Le Makhzen n’ayant pas une once de vergogne, il appelle même l’Algérie à «soutenir» son «plan d’autonomie». Plus qu’hilarante, l’exhortation marocaine est symptomatique de l’étourdissement qui s’est emparé du régime de Rabat, suite à la série de torgnoles retentissantes qu’il a reçues à l’ONU et en Europe, où l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne aurait provoqué une colère noire chez le roi Mohammed VI et le vice-roi André Azoulay, au point qu’un vaste mouvement diplomatique serait en cours. On ne sait pas si l’inapte Nasser Bourita y survivra.
Un récapitulatif succinct des faits saillants de la Quatrième Commission de la 79e session de l’Assemblée générale de l’ONU démontre à quel point les échecs du Maroc sont cuisants. En effet, le segment relatif à la décolonisation a vu les sessions consacrées aux pétitionnaires de territoires non-autonomes, qui se sont déroulées du 7 au 11 octobre courant, enregistrer la participation de 157 pays. Les pétitionnaires pro-Sahara Occidental ont été majoritaires et ont prononcé des déclarations pertinentes et variées, abordant divers aspects juridiques, historiques et politiques de la question. Ils ont, à ce titre, exprimé leur soutien au peuple du Sahara Occidental qui vit sous l’occupation marocaine dans des conditions inhumaines depuis 50 ans.
Ces pétitionnaires ont qualifié les actions du Maroc au Sahara Occidental de «colonialisme», en mettant en exergue la violence et l’oppression systématiques contre le peuple sahraoui, appelé l’Espagne et la France à cesser de soutenir le Maroc et applaudi la récente décision de la CJUE, en appelant les pays européens à se conformer à cette dernière, qui constitue un pas supplémentaire vers l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental.
Le soutien massif apporté par les militants, les parlementaires et les représentants de la société civile issus des quatre coins du globe illustre, au-delà de la légitimité juridique, historique et politique de la question du Sahara Occidental, la solidarité grandissante de l’opinion publique internationale avec le peuple sahraoui.
Pour preuve, lors du débat général, un grand nombre de pays ont réaffirmé leur soutien traditionnel au droit à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental, en rappelant que ce territoire, dernière colonie d’Afrique inscrit sur la liste des 17 territoires non-autonomes de l’ONU depuis 1963, demeure sans perspectives concrètes d’un règlement juste et définitif, et ce, depuis plus d’un demi-siècle.
Ces pays ont souligné que la question du Sahara Occidental est une question de décolonisation qui ne souffre aucune ambiguïté et que ce statut a été réaffirmé par les résolutions pertinentes des Nations unies, que ce soit celles de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité, qui ont toutes rappelé le droit légitime du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination. De même, il a été rappelé que l’avis consultatif de 1975 de la Cour internationale de justice (CIJ) a conclu, sans ambages, qu’il n’y avait «aucun lien juridique, de quelque nature que ce soit, entre le Sahara Occidental et le Maroc qui pourrait affecter la mise en œuvre de la résolution 1514 (XV)».
Saluant les arrêts de la CJUE, qui annulent définitivement les accords de pêche et agricole entre l’UE et le Maroc, conclus en violation du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, les pays pétitionnaires ont rappelé que ces arrêts, ainsi que ceux de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, entre autres, ont statué que le territoire du Sahara Occidental est distinct de celui du Maroc. Ils ont affirmé l’illégalité des activités économiques et de l’exploitation des ressources naturelles menées par la puissance occupante au Sahara Occidental, et noté que les négociations directes, «de bonne foi et sans conditions préalables», entre les deux parties au conflit, à savoir le Maroc et le Front Polisario, «sont plus à même de permettre le règlement de ce conflit».
Le débat général a également vu la dénonciation des violations massives par le Maroc des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Il a été souligné que le Maroc a empêché, pour la neuvième année consécutive, les agences onusiennes chargées de la protection des droits de l’Homme, notamment le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, d’effectuer des visites dans ces territoires. En outre, pour la première fois depuis sa création en 2021, le Groupe des amis de la Charte de l’ONU – composé de l’Algérie, de la Biélorussie, de la Bolivie, de la Chine, du Congo, de la Guinée équatoriale, de l’Erythrée, de l’Iran, du Laos, du Nicaragua, de la Palestine, de la Russie, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, de la Syrie, du Venezuela et du Zimbabwe – a fait référence, dans sa déclaration, au droit du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination.
La Hongrie, au nom des Etats membres de l’UE et des pays candidats – Monténégro, Moldova, Bosnie Herzégovine, Macédoine du Nord et Saint-Marin –, a salué l’adoption par consensus de la résolution sur le Sahara Occidental et les efforts du secrétaire général de l’ONU pour parvenir à une solution juste, durable qui garantisse l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental, conformément à la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité. Ces Etats d’Europe ont encouragé le Maroc et le Front Polisario à œuvrer en faveur d’une telle solution dans le cadre de l’ONU.
Appuyant les efforts de Staffan de Mistura pour relancer les négociations afin de parvenir à une solution mutuellement acceptable, ils ont appelé les parties à coopérer pour trouver une solution conformément aux principes de la Charte, à faire montre de volonté politique et à réunir les conditions propices au dialogue, afin de passer à la prochaine étape des négociations, tout en invitant les Etats membres à fournir des contributions volontaires supplémentaires pour soutenir les réfugiés sahraouis.
La déclaration prononcée par la délégation de l’UE a totalement discrédité les récentes positions affichées par la France et l’Espagne sur la question du Sahara Occidental, que le Makhzen brandit comme un trophée. Elle a infligé un nouveau revers au Maroc qui n’a pas eu d’autre choix que de signer la résolution sur le Sahara Occidental, au même titre que l’ensemble des Etats membres des Nations unies, au nombre de 193.
L’adoption, une nouvelle fois, de cette résolution signifie un désaveu cinglant pour le Maroc qui voit la communauté internationale tout entière soutenir le droit du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination, réaffirmant, par là même, le droit inaliénable de tous les peuples à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux principes énoncés dans la Charte des Nations unies et dans sa résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960, qui contient la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.
La résolution réaffirme la responsabilité de l’Organisation des Nations unies à l’égard du peuple du Sahara Occidental, se félicite des efforts déployés par le secrétaire général et son envoyé personnel pour trouver au différend une solution politique qui soit mutuellement acceptable et assure l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental. Elle prie, enfin, le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux de continuer à suivre la situation au Sahara Occidental et de lui présenter un rapport sur la question à sa quatre-vingtième session.
Face à cette victoire évidente et éclatante du peuple sahraoui sur le plan international, que reste-t-il de l’hypothétique plan marocain d’autonomie, sinon un faisceau de brindilles auxquelles s’agrippent désespérément le croulant Mohammed VI et sa branlante cour ?
M. K.
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