Donald Trump, Kamala Harris et la question palestinienne
Une contribution du Dr Abderrahmane Cherfouh – La campagne électorale pour l’élection présidentielle américaine du 5 novembre tire presque à sa fin. Il ne reste plus que quelques jours aux cinq candidats, Donald Trump, Kamala Harris, Jill Stein, Chase Oliver et Cornel West, et à leurs stratèges pour affûter leurs armes et peaufiner leur stratégie afin de convaincre les électeurs à voter pour eux. Face à Donald Trump et Kamala Harris, les deux principaux favoris pour remporter cette élection, Jill Stein, Chase Oliver et Cornel West ne vont pas faire le poids et ne vont récolter que quelques miettes mais qui peuvent peser dans la balance le jour du décompte final vers Trump ou Harris.
Notons que les électeurs américains ont pour la deuxième fois la possibilité d’élire une femme et pour la première fois la possibilité d’élire un Président pour le sauver des griffes de la justice ou de l’envoyer carrément devant les tribunaux et, cette fois-ci, les juges ne vont pas le rater pour les avoir menacés et pour avoir «recouru à des crimes» pour rester au pouvoir.
Ceci dit, le duel entre Kamala Harris et Donald Trump s’annonce indécis. Selon les derniers sondages, les deux favoris pour briguer le prestigieux poste présidentiel américain sont au coude à coude et n’arrivent pas à se départager.
Par ailleurs de Beijing à Moscou, de Paris à New Delhi, de tous les continents, tous les regards seront tournés vers Washington compte tenu de l’ampleur qu’exerce l’influence américaine sur le reste du monde et afin de saisir toute l’importance, la portée, les mécanismes, les nuances, les conséquences et les impacts potentiels de cette élection pas comme les autres, tous les dirigeants du monde, amis comme ennemis, suivent minutieusement les résultats de cette élection et lui accordent une attention toute particulière. En tout état de cause, le monde est impatient de connaître le dénouement et le nom du futur vainqueur, Américains et autres, qui, tous, retiennent leur souffle et tous espèrent être dans le camp du futur vainqueur.
Et si Kamala Harris l’emporte, elle n’aura probablement ni la personnalité, ni l’étoffe de Margaret Thatcher, ni celle d’Indira Ghandi et encore moins celle d’Angela Merkel. Se voyant propulsée malgré elle sur le devant de la scène grâce à un vrai concours de circonstance dû à son poste de vice-présidente qui lui a permis de remplacer Biden, devenu sénile et complètement déconnecté de la réalité, elle sera vraisemblablement une marionnette auprès des vrais décideurs du camp démocrate. L’autre possibilité de revoir Trump à la tête des Etats-Unis pour quatre ans est effrayante pour le reste du monde, et ce à plus d’un titre.
Pour le moment, rien n’est encore joué, la bataille semble rude et fait rage entre les deux concurrents. Dévoilant d’emblée sa stratégie, Kamala Harris n’est pas allée de main morte à l’encontre de son adversaire, n’hésitant pas à l’attaquer sur son propre terrain de prédilection, utilisant le même langage ordurier qu’affectionne Trump. A chaque meeting, elle lui envoie des salves continues en le qualifiant de tous les noms d’oiseau tels que «fasciste», «de plus en plus dérangé». «Il est profondément troublant et incroyablement dangereux que Donald Trump invoque Adolf Hitler.»
Des mots durs et peu amènes, et ce n’est pas ce genre de discours qui va mettre K.-O. et désarçonner Trump, le champion des médias et de l’invective, habitué qu’il est, et à juste titre d’ailleurs, à être traité de tous les qualificatifs, de tous les sobriquets tels que raciste, sexiste, suprémaciste, xénophobe et tutti quanti.
Trump n’en a cure, il est dans son propre jardin, il excelle dans ce climat de surenchère verbale et il n’en démord pas et réplique à sa façon en rendant coup pour coup. Dans ce match, tout est permis, les attaques personnelles, les humiliations fusent à profusion, pas besoin d’un arbitre, ni de filets. On marque des insultes au lieu de marquer des buts. Pour le moment, le score du match est à 20 insultes partout. Affligeant quand même et ridicule de la part des deux candidats !
Il faut dire que le monde attendait mieux de la part de Trump et de Harris. Ceux qui souhaitaient un débat démocratique à la loyale, riche en idées et basé sur le respect mutuel pourront vite déchanter et resteront sur leur faim, ces deux «respectables» candidats nous ont offert un spectacle pitoyable. Mais que peut-on attendre d’un parano aussi fourbe et ignominieux qui avait traité les Haïtiens de mangeurs de chiens et de chats et les nations africaines de «pays de merde» et d’une dame qui a vécu longtemps sous l’ombre de Biden cet hypocrite qui avait cautionné le génocide palestinien et qui arme l’Ukraine pour poursuivre la guerre ?
N’empêche que ces deux candidats devraient élever leurs propos et être dignes du peuple américain qui mérite mieux que ces deux médiocres candidats, dont leur pays occupe le premier rang mondial avec 411 lauréats de prix Nobel, toutes catégories confondues. Malheureusement pour le monde entier qui les observait et les suivait, ce débat a été un crêpage de chignon entre un ancien Président et une vice-présidente, deux… gentils politiciens bien «civilisés» du plus puissant pays de la planète.
Ceci dit, la question qui mérite d’être posée est la suivante : que peut-on attendre du futur Président américain sur le plan des relations internationales alors que le monde est en ébullition et qu’il y a risque d’un affrontement nucléaire ? Le futur Président va-t-il poursuivre la guerre ou choisir la paix ?
On sait que Trump s’est déjà prononcé en promettant de mettre fin à la guerre en Ukraine. Mais comment va-t-il le faire ? Quant à Kamala Harris, elle va certainement poursuivre la même politique initiée par Biden et ne sera sûrement pas la future tête pensante des démocrates. En tout état de cause, sur le plan international, la doctrine des républicains ressemble à celle des démocrates. Elles ont beaucoup de similitudes et de points communs.
De tout temps, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, la politique étrangère américaine n’a jamais changé d’un iota. Elle met toujours en avant l’utilisation préventive de la puissance américaine dans tous les domaines, que ce soit militaire (guerre), économique (blocus) diplomatique (véto) afin de décourager toute menace visant les Etats-Unis, ses alliés et assimilés. Les Etats-Unis s’octroient eux-mêmes le droit d’intervenir partout à travers le monde sur la gravité de la menace s’ils la jugeaient dangereuse pour leur sécurité. Le droit international, ils s’en tamponnent le coquillard, c’est le dernier de leurs soucis. Ils n’en ont jamais tenu compte et ils le clament haut et fort afin de dissuader quiconque ose leur tenir tête et contester leur hégémonie.
«Il ne faut pas être trop ambitieux, il faut être réaliste et ne pas considérer que le droit international peut, et doit, triompher partout sur la planète, mais d’abord dans les zones où il rejoint l’intérêt des principales puissances» Henry Kissinger.
«Le rapport Wolfowitz qui porte sur les orientations de la politique américaine dans les années à venir» est très clair et explicite «convaincre d’éventuels ennemis rivaux qu’ils n’ont pas besoin d’aspirer à jouer un plus grand rôle», il poursuit : «Ce statut de superpuissance unique soit perpétré par un comportement constructif et une force militaire suffisante pour dissuader n’importe quelle nation ou groupe de nations de défier la suprématie des Etats-Unis» et ceux-ci «doivent tenir compte des intérêts industriels avancés pour les décourager de défier le leadership américain ou de chercher à mettre en cause l’ordre économique établi».
Glaçant !
Les choses sont maintenant claires. Aujourd’hui, les Etats-Unis et leurs vassaux encouragent et arment l’Ukraine au vu et au su de tous, pour continuer la guerre contre la Russie ne tenant pas compte du bilan des victimes des deux côtés qui avoisine le million.
Les Etats-Unis donnent aussi mandat à Netanyahou pour liquider ce qui reste de Gaza. La destruction de Gaza et le génocide des Palestiniens n’ont pas suffi. Trump, possible futur président des Etats-Unis, envisage probablement une autre vision pour le futur de la bande de Gaza. Il avait estimé il y a quelques jours que «la bande de Gaza avait le potentiel d’être encore mieux que Monaco», il a ajouté : «Cela pourrait être le plus bel endroit, avec sa météo, l’eau, tout, le climat pourrait être magnifique.»
Trump dit-il tout haut ce que pensent les autres tout bas ? Ce qui veut tout simplement dire : chasser tous les Palestiniens encore vivants et annexion pure et simple de Gaza pour la transformer en un endroit touristique.
Tout est possible. Son pays étant la puissance militaire absolue et sans rival, qui peut l’empêcher de réaliser ses fantasmes ? Seul l’avenir nous le dira.
A. C.
(Canada)
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