Ligue arabe : absence totale d’une stratégie commune face aux agresseurs américano-sionistes
Une contribution du Dr Abderrahmane Cherfouh – Au treizième mois de la plus barbare guerre d’agression enregistrée par l’histoire et contre un peuple frère, la géante coquille vide qu’est la Ligue des Etats arabes, qui ne vit plus qu’à travers des réunions sporadiques et les slogans creux et inadaptés, a enfin daigné se manifester en… Egypte, en interpellant le Conseil de sécurité pour qu’il prenne en considération les revendications du peuple palestinien. Dans cet appel, la Ligue arabe reconnaît que la volonté de l’Etat sioniste, c’est d’écraser le peuple palestinien par tous les moyens : viols, colonies, annexions, etc.
La question qui mérite d’être posée est la suivante : pourquoi cette réaction tardive ? Et pourquoi avoir attendu la fin tragique du peuple palestinien et la destruction totale de Gaza qui est devenue un tombeau à ciel ouvert pour lancer cet appel utopique ?
«La Ligue des Etats arabes a appelé le Conseil de sécurité, la communauté internationale et tous les acteurs à assumer leurs responsabilités, à faire pression sur Israël pour qu’il cesse l’agression israélienne et à l’obliger à introduire toute l’aide humanitaire qui répond aux besoins des habitants de la bande.» «La Déclaration de Balfour reste une blessure inouïe à la conscience humaine, pour ce qu’elle a causé au peuple palestinien», ajoute la Ligue, tout en soulignant que l’occupant sioniste continue de «violer, coloniser, judaïser, annexer, bloquer et détruire les valeurs de la vie du peuple palestinien».
L’appel de la Ligue des pays arabes est venu donc pour tenter de dénoncer la Déclaration de Balfour et de réparer une injustice à l’endroit du peuple palestinien et elle a jugé que l’heure est donc venue de rétablir certaines vérités fondamentales relatives à la Déclaration de Balfour «de reconnaître l’Etat palestinien, conformément à la solution à deux Etats et de faire pression sur Israël, puissance occupante, pour qu’il mette fin à ses crimes et violations continus contre le peuple palestinien, sa terre et son caractère sacré.»
Première erreur : le choix du lieu et de l’auditoire. Car, enfin, ce Conseil de sécurité et la communauté internationale sont depuis longtemps dépassés par les événements et ne jouissent d’aucune crédibilité si ce n’est la fiction savamment entretenue qu’ils sont toujours les dignes représentants du droit international. Or, nous savons tous qu’au sein de l’ONU ce droit international est dicté et défini par cinq Etats dont les représentants siègent en permanence au Conseil de sécurité. Ils bénéficient du droit de veto et tous les autres pays ne sont que de simples figurants, des faire-valoir.
Deuxième erreur : mettre en relief avec trop d’insistance le rôle du Royaume-Uni, principal concepteur de la Déclaration de Balfour pour l’emmener à corriger son erreur et revenir à de meilleurs sentiments, c’est aller vite en besogne oubliant ou feignant d’oublier qu’il est membre permanent de l’ONU et l’un des complices patentés de l’Etat génocidaire d’Israël au même titre que les Etats-Unis et, par conséquent, il ne peut être à la fois juge et partie.
Cette réaction tardive des dirigeants de la ligue des Etats arabes consiste en un immense aveu d’impuissance et en une absence totale d’une stratégie commune claire face aux forces d’agression américano-sioniste qui ne font qu’exécuter un plan étudié et programmé.
Troisième erreur : depuis le 7 octobre 2024, les références au droit international et à la légalité internationale ont été balayées d’un revers de la main par cet Occident dominateur et à leur tête les Etats-Unis et, quand cette Ligue arabe évoque et insiste dans son appel sur le respect du droit international et contre toutes les agressions sauvages visant à exterminer le peuple palestinien, cela signifie soit que la Ligue arabe est myope et naïve, soit qu’elle cherche à se ménager hypocritement une sortie honorable auprès de sa population et d’exprimer sans l’avouer sa volonté de non-confrontation directe avec les forces américano-sionistes par faiblesse et lâcheté. Nageant à contre-courant et prise dans le tourbillon du mensonge et de la mauvaise foi, la tentative mesquine de cette Ligue arabe de redorer son blason terni ne suscite aucun enthousiasme de la part du peuple arabe qui a manifesté massivement dès les premiers instants de l’agression sauvage sioniste sa totale solidarité avec le peuple frère palestinien.
Par ailleurs, vouloir donner l’image de la solidarité arabe et autres artifices est un procédé maintes fois utilisé. Cela devient ridicule et lassant à la longue et ne suscite que les moqueries de la part même des peuples arabes qui ne croient plus aux chimères et aux idées utopiques. Jamais depuis la fin de la guerre d’Octobre 1973 et les accords de Camp David, les divisions arabes n’ont été aussi profondes que lors de cette agression sioniste du 7 octobre 2023 à l’endroit du peuple frère palestinien.
Ceci étant dit, certains pays arabes entretiennent des relations diplomatiques avec l’entité sioniste et, pour eux, la cause palestinienne arrive au second plan, ce qui fait éclater le «mythe de l’Unité arabe» longtemps entretenu par des slogans triomphants qui ont laissé place à une amère désillusion. L’unanimisme de façade d’antan a vécu. Les luttes intestines ont fini par éclater au grand jour. La faiblesse et la vulnérabilité des Etats arabes face aux Etats-Unis sont évidentes et ne souffrent aucune contestation. Ils lui doivent obéissance de peur de subir le sort de l’Irak.
A. C.
(Canada)
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