Les Nations unies : mener l’humanité au paradis ou sauver le monde de l’enfer ?

Gaza Nations unies
L'ONU a échoué à sauver Gaza de l'enfer. D. R.

Une contribution du Dr A. Boumezrag – Dans l’histoire tourmentée du conflit israélo-palestinien, le rôle des Nations unies apparaît comme une scène d’interminables promesses de paix et d’efforts avortés. Alors que la Palestine tente depuis des décennies d’obtenir une reconnaissance pleine et entière, la question de l’inclusion et de l’exclusion des acteurs en jeu ne fait que souligner les contradictions internes de cette organisation censée protéger la paix mondiale. Les mots de l’ancien secrétaire général de l’ONU Dag Hammarskjöld résonnent ici avec force : «Les Nations unies n’ont pas été créées pour mener l’humanité au paradis, mais pour la sauver de l’enfer.»

Pourtant, à voir le blocage perpétuel de l’ONU sur cette question, on pourrait se demander si elle n’a pas simplement échoué à nous éloigner du chaos.

Inclusion ou exclusion : un dilemme kafkaïen

Le débat autour de la Palestine et d’Israël au sein de l’ONU semble figé dans un dilemme kafkaïen : faut-il inclure la Palestine en tant qu’État membre, tout en excluant Israël, ou maintenir les deux dans un équilibre instable ? En 2012, la Palestine obtenait le statut d’État observateur non-membre, une avancée symbolique mais bien insuffisante aux yeux de ses défenseurs. Israël, de son côté, reste un membre à part entière, mais son statut se voit sans cesse remis en cause par des appels à des sanctions et résolutions qui finissent systématiquement au point mort. Cette inclusion «asymétrique» brouille les pistes : l’ONU peut-elle réellement agir en arbitre neutre ou se contente-t-elle de distribuer des rôles dans une impasse politique ?

Entre les illusions du multilatéralisme et les intérêts de l’Occident

Dans ce contexte, la mainmise des grandes puissances occidentales, Etats-Unis en tête, pèse lourdement. Le soutien américain à Israël, matérialisé par le droit de veto au Conseil de sécurité, rend toute tentative de sanction pratiquement impossible. Cette alliance stratégique n’est pas nouvelle, mais elle souligne un double standard criant : d’un côté, l’ONU prône la paix et la justice internationales ; de l’autre, elle est l’otage de ses membres influents.

La montée de puissances émergentes, notamment la Chine et la Russie, met en lumière une contestation du modèle multilatéral actuel, souvent perçu comme un outil au service de l’Occident. Ces acteurs tentent d’offrir des alternatives, ou tout au moins de nuancer l’influence dominante des Etats-Unis. Mais ce glissement progressif de l’équilibre mondial est-il réellement au service de la paix, ou bien aggrave-t-il une polarisation des intérêts, avec pour conséquence une ONU plus divisée que jamais ?

Un nouvel ordre en gestation… ou le symptôme d’une organisation en déclin ?

A l’heure où l’ordre occidental perd de sa prééminence, une nouvelle vision du monde est en gestation. Des coalitions comme les BRICS, qui regroupent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, revendiquent une place plus équitable sur la scène internationale et poussent pour des réformes de gouvernance mondiale. Ces nouvelles voix représentent-elles un espoir de transformation pour l’ONU ? Ou ne sont-elles que des intérêts divergents ajoutant à la cacophonie générale ?

La question israélo-palestinienne cristallise ces contradictions. Face à un conflit emblématique d’une justice internationale toujours en suspens, l’ONU incarne une organisation coincée entre l’idéal et la réalité, entre les aspirations d’un nouvel ordre mondial et la persistance d’un ancien ordre en déclin. La reconnaissance de la Palestine ou l’exclusion d’Israël ne sont pas des décisions anodines : elles engagent l’ONU dans une redéfinition de sa mission, loin du rêve de paix universelle, et peut-être plus proche de la gestion pragmatique d’un monde divisé.

Le dilemme éternel : entre paradis et enfer

Ainsi, l’ONU se trouve à un carrefour. Devrait-elle chercher à «mener l’humanité au paradis» en imposant des idéaux de paix, d’équité et de reconnaissance pour tous ? Ou doit-elle se résigner à son rôle de «sauveuse de l’enfer», acceptant les compromis et les failles d’un ordre multilatéral qui peine à se réinventer ?

Face aux enjeux brûlants et aux attentes déçues, le rôle de l’ONU semble se diluer dans des incantations de paix qui masquent mal les fractures profondes de la géopolitique mondiale. Peut-être est-il temps pour elle de se demander si elle peut encore remplir son mandat sans être instrumentalisée. La question israélo-palestinienne, loin d’être un simple conflit régional, apparaît alors comme un révélateur d’un monde à la recherche de nouvelles règles, entre un ordre ancien en déclin et un nouvel ordre encore à définir.

Dans cette quête, l’ONU devra peut-être admettre que son mandat n’est pas de nous mener au paradis – une vision idéale mais irréaliste – mais bien d’empêcher un enfer global. Un défi qui pourrait définir la survie de cette institution ou sceller son échec historique.

En conclusion, l’ONU se trouve face à une épreuve de vérité : la question israélo-palestinienne est moins un problème isolé qu’un miroir des dilemmes profonds qui traversent l’organisation et le monde. Le choix d’inclure ou d’exclure, de reconnaître ou de refuser, est plus qu’un simple geste politique ; il remet en question les valeurs fondatrices d’une institution censée représenter une communauté internationale unie.

Pour rester pertinente, l’ONU devra trouver un équilibre entre les idéaux de justice qui lui ont donné naissance et les intérêts contradictoires qui la freinent. Sauver l’humanité de l’enfer n’est peut-être pas suffisant, mais c’est un point de départ. Car si elle ne parvient pas à surmonter ce dilemme, elle risque d’être vue non pas comme la gardienne de la paix mondiale, mais comme une spectatrice impuissante de son propre déclin, abandonnant l’humanité aux incertitudes d’un ordre mondial en transition.

«La paix n’est pas l’absence de conflits, mais la capacité à les résoudre par le dialogue.» Cette citation de Nelson Mandela rappelle que la paix ne réside pas dans l’évitement des conflits, mais dans l’engagement actif et sincère pour les résoudre – un message particulièrement pertinent pour l’ONU face au dilemme israélo-palestinien.

A. B.

Comment (2)

    Mohamed El Maadi
    5 novembre 2024 - 6 h 08 min

    L’ONU, cette mascarade diplomatique, s’est révélée être un colosse aux pieds d’argile face à la tragédie palestinienne. Son impuissance chronique et son incapacité flagrante à endiguer le carnage en cours exigent une refonte totale et immédiate. Cette institution, jadis porteuse d’espoir, n’est plus qu’un théâtre d’ombres où se joue une farce macabre aux dépens des plus vulnérables.

    La situation en Palestine est un affront à l’humanité qui appelle une réponse ferme et décisive. Pourtant, le silence assourdissant des nations arabes et musulmanes, gangrenées par la corruption, les rend complices de cette barbarie. Leur inaction est une tache indélébile sur la conscience du monde islamique, un rappel constant de leur déchéance morale et politique.

    L’Algérie doit s’ériger en phare dans cette obscurité. Il est impératif qu’elle accélère ses réformes internes, plaçant le peuple algérien au cœur de sa renaissance. Le monde post-7 octobre a basculé dans une ère où les principes fondamentaux de l’humanité sont piétinés sans vergogne. Face à ces prédateurs mondiaux qui cherchent à imposer leur hégémonie, l’Algérie doit se préparer à une confrontation inévitable et potentiellement violente.

    Pour faire face à ces menaces existentielles, l’Algérie n’a d’autre choix que de renforcer sa puissance militaire et de forger une unité nationale inébranlable. La quête de l’arme nucléaire, par tous les moyens nécessaires, devient un impératif catégorique pour la survie de la nation. L’indépendance alimentaire et technologique est le socle sur lequel bâtir cette nouvelle puissance, capable de résister aux pressions occidentales.

    Avec la bénédiction divine, l’Algérie doit se transformer en une nation redoutable, dotée d’une force de dissuasion nucléaire crédible, prête à défendre son intégrité à tout prix. Seule cette posture fera de nous un acteur incontournable sur l’échiquier mondial, capable de défier l’arrogance occidentale et de protéger nos intérêts vitaux.

    Le temps de la passivité est révolu. L’Algérie doit embrasser son destin de leader régional et de bastion contre l’injustice mondiale. Notre nation a le devoir sacré de se hisser au rang de puissance nucléaire, quitte à bousculer un ordre international déjà moribond. C’est le prix à payer pour garantir notre survie et notre dignité dans un monde où seule la force est respectée.

    Anonyme
    4 novembre 2024 - 22 h 09 min

    Photo fracassante AP , ça me tue au plus profond de moi. C est dure de voir ça j en ai les larmes aux yeux impuissant la rage au fond du cœur. 😞 Qu Allah fait que ce massacre s interrompre et que la paix voit le jour inch Allah. 🤲

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