Yves Bonnet : «La France n’a pas le droit de priver l’Algérie de sa mémoire»
Par Houari A. – «La France doit restituer à l’Algérie ses archives détenues dans un fonds à Aix en Provence», a affirmé l’ancien patron de la DST française [actuellement DGSI], dans un enregistrement vidéo diffusé sur les réseaux sociaux. «Ces documents, que je n’ai d’ailleurs personnellement jamais consultés, représentent, en fait, une bonne partie de la mémoire de l’Algérie et nous n’avons pas le droit de priver l’Algérie de cette mémoire», a-t-il appuyé.
«Comme mes camarades du contingent, lorsque j’étais en Algérie, puis, ensuite, comme haut fonctionnaire français et comme parlementaire, j’ai toujours pensé qu’il fallait rendre à l’Algérie ce qui lui appartenait et contribuer à la réflexion qui s’impose autour d’un certain nombre de faits, parfois douloureux», a renchéri Yves Bonnet. «J’ai connu cette position, des années plus tard, lorsque j’ai présidé le groupe d’amitié France-Algérie de l’Assemblée nationale et j’ai eu l’occasion, là aussi, de m’entretenir avec les autorités françaises», a-t-il fait savoir.
«Il en va de même d’un autre dossier que je connais bien, qui est celui de Baba Merzoug, sur lequel mon attention avait été attirée par le président de l’association des amis de Baba Merzoug et de la Casbah, et je n’ai pas eu à me convaincre – car je l’étais d’avance – de l’intérêt qu’il y avait à rendre à l’Algérie ce canon, qui est une pièce exceptionnelle, puisque construit sur les ordres et les instructions du fameux Barberousse. Il représentait à l’époque une sorte de performance», a encore expliqué l’auteur du Berger de Touggourt. «J’ai donc souhaité que la restitution se fasse et j’ai travaillé en ce sens, en me rapprochant en particulier de la Direction des constructions et armes navales», a-t-il dit.
Le canon en question, appelé La Consulaire par les Français, est installé depuis 1833 dans le port militaire de Brest, dans le nord-ouest de la France.
Dans une interview accordée à notre site en mai dernier, Yves Bonnet s’est interrogé sur la commission mémorielle que les présidents Tebboune et Macron avaient mise sur pied, mais dissoute, depuis. «C’est une bonne idée que de vouloir une réécriture de l’histoire de nos deux pays, mais faut-il une commission pour cela ? Ne vaut-il pas mieux laisser s’exprimer les historiens de tous bords ?» a-t-il interrogé. «J’en parle savamment quand je constate que mon livre sur les moines de Tibhirine, Le Berger de Touggourt, qui présente le contexte politique de l’époque de la grande crise des années 1990, a été purement et simplement interdit – et sournoisement – de publication», a déploré l’ancien député.
H. A.
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